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“Il est temps que nous osions parler de notre argent”

Selon Marjon Meijer, une des organisatrices de Fairfin, l’argent doit de manière urgente ne plus être un sujet tabou. “Ce n’est qu’alors que davantage de personnes deviendront conscientes de la puissance de l’argent et de leur propres possibilités d’en faire quelque chose de positif”.

L’argent intervient dans notre vie tout au long de la journée, mais il est rare que nous en parlions. Savez-vous combien gagnent vos collègues ? Ou combien d’argent se trouve sur le compte d’épargne de vos meilleurs amis ? Probablement pas. Et cela doit changer. Tant que nous ne parlerons pas de l’argent, notre argent restera où il se trouve: sur un livret d’épargne auprès d’une banque non éthique, dans la plupart des cas.

Dans mes premières années au sein du service communication de Fairfin, j’ai proposé le slogan de campagne “J’aime l’argent”. C’était tabou. Qui mettrait une telle affiche à sa fenêtre ? Ce serait aussi provoquant qu’un poster avec “j’aime le sexe” dessus. Etrange, tout de même, que ces besoins de base soient en même temps aussi tabous.

Nous ne parlons pas d’argent, mais l’argent fait faire d’étranges choses aux gens. Surtout aux personnes qui en ont déjà suffisamment, celles qui désirent plus d’argent, beaucoup d’argent. Pensez aux traders fébriles, aux candidats aux programmes de télévision qui insultent la dignité humaine et aux stars de série B qui figurent en cachette dans des publicités désastreuses en Chine. L’argent fait bouger les gens. Mais les gens font-ils également bouger leur argent ?

Trop peu, si nous devons en croire le gouvernement, les banquiers et de nombreux économistes. Les gens restent assis sur leur argent, alors que l’argent devrait circuler. Maintenant, les banques peuvent aussi bien utiliser l’argent de l’épargne pour des activités économiques, mais cela reste un fait que le Belge moyen gère son argent de manière plutôt conservatrice.

Tant que nous ne parlerons pas de l’argent, notre argent restera où il se trouve: sur un livret d’épargne auprès d’une banque non éthique, dans la plupart des cas.

La première fois que FairFin a organisé une semaine Move Your Money en 2015, pour inciter les gens à investir leur argent dans le durable, j’ai surtout entendu beaucoup de raisons de ne pas déplacer son argent. Pratiques (“je suis obligé de rester à ma banque à cause de mon emprunt hypothécaire”), cyniques (“toutes les banques sont les mêmes”), mais aussi émotionnelles: les gens se sentent liés à leur banque. Du fait qu’ils sont depuis toujours dans cette banque, parce que toute la famille y a son argent, ou parce qu’ils y ont toujours été bien aidés et qu’ils ne désirent pas annoncer une mauvaise nouvelle à ‘leur’ employé de banque.

Les gens transfèrent difficilement leur argent, bien qu’il y ait des raisons très rationnelles de le faire. Investir dans des initiatives durables a un effet fondamentalement positif sur l’être humain et sur l’environnement et cause moins de ‘peine’ à la plupart des gens que laisser leur voiture ou manger végétarien, surtout à l’heure où les taux sont si bas sur les livrets d’épargne.

Cependant, les changements durables comme le végétarisme ou la voiture partagée n’entreront dans les moeurs que s’ils sont visibles. Si nous voyons que d’autres personnes le font, le pas à faire nous apparaît soudain moins grand. Cela vaut aussi pour les affaires d’argent.

La nourriture et la voiture, on en parle très souvent lors d’une fête d’anniversaire. Le sujet de l’argent, on ne l’aborde pas. Cela doit changer. Ce n’est que lorsque l’argent sortira de sa zone taboue, que davantage de personnes seront conscientes de sa puissance et de leurs propres possibilités d’en faire quelque chose de positif, quel qu’en soit le montant sur leur livret d’épargne.

Il est grand temps que nous osions parler de notre argent, ce bien autour duquel notre monde tourne, et que nous l’investissions de manière durable.

Marjon Meijer

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