La BCE renchérit le crédit et menace les banques locales

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Au travers de taux de dépôt (de plus en plus) négatifs, la Banque centrale européenne pousse les banques à … augmenter le taux de crédits selon Richard Werner. Le prochain assouplissement monétaire attendu ce 10 mars pourrait ainsi devenir un coup dur pour les ménages et entreprises de la zone euro.

Pas d’impact favorable sur l’économie

Richard Werner est catégorique : les exemples de la Suisse et du Danemark prouvent que les taux négatifs ne soutiennent pas la conjoncture. Le Professeur à l’Université de Southampton explique qu’en baissant le taux de dépôts (appliqués aux banques qui placent leurs réserves à la banque centrale) sous zéro, la Banque centrale européenne (entre autres) incite les banques à augmenter les taux de leurs crédits plutôt qu’à prêter leurs réserves.

Réserves inutilisables

L’économiste allemand précise tout d’abord que le volume global des réserves est déterminé par les banques centrales. Une banque individuelle peut certes puiser dans ses réserves pour octroyer un crédit mais cela ne fera que gonfler les réserves d’un autre établissement. Schématiquement, la banque A octroie un crédit à Monsieur X qui s’acquitte de la facture sur le compte du vendeur à la banque B. Actuellement, les réserves globales augmentent rapidement en zone euro à la suite des rachats d’actifs financiers (obligations souveraines) dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE , un concept que Ricard Werner a inventé il y a 2 décennies mais qui a été complétement dévoyé selon l’économiste.

Augmenter les taux des crédits

Face à cette pression des taux de dépôts négatifs, les banques peuvent évidemment réduire le rendement des comptes d’épargne. Il est toutefois déjà très faible et passer sous zéro apparait délicat étant donné que cela inciterait les épargnants à retirer les capitaux sous forme de cash notamment. Richard Werner épingle ainsi qu’en Suisse, les banques ont décidé de compenser le coût des taux de dépôt négatifs en relevant les taux des crédits (pour augmenter leurs revenus). En abaissant à nouveau son taux de dépôt le 10 mars prochain à -0,4% ou -0,5%, la BCE risquerait donc de durcir les conditions de crédit pour les ménages et entreprises, l’inverse de l’objectif recherché.

Disparition des petites banques

Richard Werner souligne également que la pression des taux sur la rentabilité des banques et la masse de régulation en provenance de Bruxelles (et validée par la BCE) menacent les plus petites banques européennes, notamment des milliers d’établissements communautaires/locaux qui agissent uniquement comme caisses et de dépôts et de prêts.

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