La fin de la carte bancaire semble proche

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Nous utilisons toujours davantage notre carte bancaire pour payer. Mais la tendance numérique dans le secteur bancaire pourrait bien amener un revirement. ” Nous pensons que les solutions de paiement électroniques se feront à l’avenir de plus en plus via des applis sur smartphones équipés de la technologie NFC “, ressort-il chez BNP Paribas Fortis.

Les chiffres de Keyware, le numéro deux du secteur des paiements électroniques dans notre pays, nous apprennent que le nombre de transactions électroniques par terminal a augmenté de 31 % au cours des quatre dernières années. Le chiffre d’affaires par terminal a grimpé de 23 %. “En Belgique, nous n’avons pourtant pas encore atteint l’apogée des paiements électroniques”, explique Stéphane Vandervelde, le CEO de Keyware. “Nous avons encore un long chemin à parcourir. Dans les pays scandinaves, 90 % des paiements se font de manière électronique en moyenne, même pour des petits achats à la boulangerie ou au kiosque à journaux.”

La question aujourd’hui est de savoir combien de temps le Belge utilisera encore sa carte bancaire, alors que la tendance numérique est bel et bien lancée. Les banques saisissent cette évolution pour trouver des alternatives à la carte bancaire. Le fait d’armes le plus récent vient de Belfius. La grande banque a annoncé mercredi que 5.000 utilisateurs d’Android pourront payer avec leur smartphone à partir du mois d’avril, en maintenant leur appareil contre un terminal. L’application devrait être disponible pour tous les clients avec un appareil Android d’ici juin. Le système de Belfius autorise les paiements jusqu’à 20 euros sans introduction du code pin.

Le système dit ‘tap&pay’ utilise la technologie NFC (near field communication), qui permet la communication des appareils entre eux lorsqu’ils sont tenus à moins de 10 cm l’un de l’autre. Depuis cet été, Bancontact utilise la même technologie pour son application.

La concurrence vient de partout

Les propriétaires d’appareils Apple sont toutefois exclus. Apple ne désire pas divulguer sa technologie NFC parce que la marque à la pomme travaille elle-même à une solution de paiement: Apple Pay. Les utilisateurs belges d’Apple doivent attendre le prochain déploiement de cette technologie. Jusqu’à présent, Apple Pay est disponible dans treize pays, dont la France, l’Espagne et le Royaume-Uni.

Le fait qu’Apple expérimente aussi des moyens de paiement alternatifs démontre que les banques reçoivent de la concurrence de toutes parts. “Et ce n’est pas une mauvaise chose”, réagit Frederik Meheus, expert chez BlackRock, le plus important gestionnaire de patrimoine au monde, dans une interview pour MoneyTalk.”Les starters pensent out of the box et elles sont souvent beaucoup plus réactives qu’une grande banque qui fonctionne souvent avec une technologie dépassée ou avec plusieurs systèmes qui ne communiquent pas entre eux.” Meheus déclare qu’il y a beaucoup de chances que l’une ou l’autre banque fassent l’acquisition des acteurs fintechs les plus prometteurs.” Nous voyons naître une sorte de symbiose sur ce plan.”

Payer sans terminal

Payconiq reste un système ouvert. Nous parlons avec des parties financières et des parties non financières

La ruée sur le marché du paiement mobile est en route depuis un petit temps déjà. Les paiements au moyen du code QR est ainsi déjà monnaie courante dans notre pays. Les quatre grandes banques, KBC, Belfius, ING et BNP Paribas Fortis, ont intégré la technologie dans leur application. KBC, ING et depuis peu aussi Belfius sont déjà une étape plus loin. Ils travaillent conjointement avec Payconiq à un système de paiement qui fonctionne sans terminal. “Payconiq reste un système ouvert, malgré cette collaboration. Nous parlons avec des parties financières et des parties non financières”, expliquait Joeri Lieten lorsque Belfius avait intégré Payconiq.

L’application est déjà disponible dans plus de 12.000 magasins. Les personnes qui désirent l’utiliser doivent enregistrer leur nom, adresse, numéro de téléphone et compte bancaire. L’utilisateur sécurise son compte au moyen d’un code à quatre chiffres.

ING n’exclut en outre pas avoir, cette année encore, des applications mobiles dans les projets. “Les paiements mobiles font partie d’une roadmap globale en vue de l’amélioration de l’expérience du client. Nous espérons pouvoir communiquer davantage à ce sujet dans un avenir proche”, nous confie Tiziana Rizzo, porte-parole chez ING.

Le leader du marché BNP Paribas Fortis nous informe ne pas avoir de grands projets imminents en la matière. “Nous suivons tous les nouveaux développements sur le plan des moyens de paiement de très près, mais nous n’avons en ce moment rien de concret à annoncer”, fait savoir Hilde Junius, porte-parole chez BNP Paribas Fortis.

Mastercard expérimente toutefois une méthode de paiement alternative: le Selfie Pay. L’objectif est de pouvoir réaliser un paiement en ligne au moyen d’un ‘selfie’ sans l’utilisation de code pin. Le déploiement commercial est planifié pour la fin de cette année.

Et qu’en est-il de la carte bancaire ?

Seule la grande banque KBC semble encore avoir l’intention d’offrir une deuxième vie à la carte bancaire. Depuis l’an dernier, les clients de la banque peuvent utiliser leur carte pour effectuer des paiements sans contact. ING utilise aussi cette technologie aux Pays-Bas, mais pour l’instant pas dans notre pays.

Chez BNP Paribas Fortis, il n’est possible de payer sans contact qu’avec une carte prépayée. “Nous n’avons pour l’instant pas de projets pour équiper nos cartes de débit ou nos cartes de crédit normales de la fonction sans contact. Certaines initiatives à l’étranger démontrent que la pénétration se déroule de manière très difficile. Cela exige de grands investissements dans les terminaux avec la technologie NFC et l’utilisation effective par les consommateurs reste en deçà des attentes”, précise Junius.

Malgré l’augmentation du succès de la carte bancaire, ce moyen de paiement connaîtra sans nul doute des difficultés au cours des prochaines années. La préférence des banques va vers les solutions de paiement mobiles, et elles ne semblent plus être enclines à encore beaucoup développer la carte bancaire. Cette tendance est en outre renforcée par l’arrivée des acteurs fintechs, qui exigent leur part du gâteau.

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