Les épargnants belges ne doivent pas avoir peur d’un non italien.

Banca Monte dei Paschi di Siena © REUTERS
Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Une crise bancaire se profile si les Italiens se prononcent contre leur Premier ministre Matteo Renzi. Mais “les épargnants belges ne doivent pas se faire de soucis”, dit Isabelle Marchand de Febelfin.

Dimanche, les Italiens iront voter pour s’exprimer concernant les plans de réforme de Renzi. Un référendum auquel le Premier ministre a lié son sort. Mais le sort des banques italiennes aussi dépend de ce référendum. Le journal anglais Financial Times met en garde contre une crise bancaire si la population italienne jette les plans de réforme à la poubelle, et donc le Premier ministre italien aussi. Les derniers sondages nous apprennent que le camp du non a actuellement la préférence.

Le plus grand souci est la Banca Monte dei Paschi di Siena, la plus ancienne banque du monde. Celle-ci a connu un sérieux revers sur les marchés financiers lundi lorsqu’elle a révélé ses plans d’augmentation de capital dans un prospectus. La banque italienne veut faire une augmentation de capital de 5 milliards d’euros, six fois sa valeur de marché, en convertissant des obligations en actions. Mauvaise nouvelle pour les investisseurs qui voient de ce fait leur participation dans Banca Monte dei Paschi diminuer. Entretemps, le cours de la banque s’est rétabli. Toutefois, un non italien dimanche est suffisant pour faire dégringoler à nouveau les cours.

Le Premier ministre italien a, un peu à la légère, lié son sort au référendum.
Le Premier ministre italien a, un peu à la légère, lié son sort au référendum.© REUTERS

Un ‘no’

Un ‘no’ ne signifierait pas seulement que les propositions de réforme ne se feront pas, mais aussi que Renzi pourra ranger ses plans de relance. Ce serait une mauvaise nouvelle pour les huit banques italiennes qui ont été sauvées l’an dernier avec l’argent de l’Etat. En dehors de Banca Monte dei Paschi di Siena, Popolare di Vicenza, Veneto Banca, Banca Carige, Banca Etruria, CariChieti, Banca delle Marche et CariFerrara connaissent aussi des difficultés.

“Il y a pourtant peu de raisons de se réjouir si les Italiens devaient se prononcer en faveur d’une réforme”, explique Paul Diggle, économiste chez Aberdeen Asset Management. “Même avec un nouveau gouvernement stable, les problèmes ne seront pas résolus. Car même alors, l’Italie restera en proie à une faible croissance, aux banques à la traîne et à la menace de populisme après le 4 décembre. “En outre Renzi ne peut pas accorder brusquement de l’argent d’Etat aux banques. Selon les nouvelles règles européennes, les banques doivent d’abord s’adresser aux détenteurs de dépôts, d’obligations et d’actions.”

Peu de soucis pour les épargnants belges

“Quelle que soit la direction du vent en Italie, les épargnants belges ne doivent pas se faire de soucis dans l’immédiat”, réagit Isabelle Marchand de Febelfin. “Depuis la crise financière, les banques belges ont solidement réduit leurs créances en souffrance en Italie. Le montant dû a diminué jusqu’à environ 18 milliards d’euros. Une large moitié étant des dettes publiques (voir graphique 2). L’autre moitié concerne des créances dans le secteur privé, mais l’exposition aux banques italiennes a quasiment complètement été supprimée.”

La France est le pays le plus exposé à l’Italie. Cela n’exclut pas que les banques belges connaissent des problèmes si des pays comme la France et les Pays-Bas sont contaminés. Des pays où les banques belges ont beaucoup plus de créances en cours, comme nous l’apprennent les chiffres de la Banque Nationale ci-dessous.

Les épargnants belges ne doivent pas avoir peur d'un non italien.
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Pas complètement hors de portée

Ce n’est que pour la banque résiduelle d’Etat belge Dexia qu’un ‘no’ pourrait avoir des conséquences particulièrement pénibles. En conséquence de la situation précaire en Italie, les taux d’intérêt à long terme sont sérieusement à la hausse. Mauvaise nouvelle pour un pays qui doit constamment refinancer sa dette. Et mauvaise nouvelle pour Dexia qui supporte encore un risque de crédit italien de 27,3 milliards d’euros. Ce portefeuille italien est encore un héritage de Dexia Crediop, le financier italien des collectivités locales que la banque résiduelle a essayé de vendre pendant des années. Sans résultat. Si Dexia prend la tasse, le contribuable devra certes payer pour cela.

Les clients de Banca Monte Paschi Belgio ne doivent également pas s’en faire. “Banca Monte Paschi Belgio est une banque de droit belge. Elle est donc contrôlée en tant qu’entité séparée par l’autorité de surveillance belge”, explique-t-elle. “Et le groupe bancaire italien est sous la surveillance directe de la BCE.” Cela signifie notamment que les épargnants auprès de la filiale belge de la banque italienne sont garantis par le système de garantie des dépôts belge. “De ce point de vue, les clients de la filiale en Belgique ne doivent donc pas directement se faire de soucis”, selon Marchand.

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