Payez-vous la numérisation des banques en tant que client ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Les banques jouent à fond la carte du numérique afin de mieux répondre aux besoins des clients. Mais il y a un revers à la médaille. A partir de 2017, beaucoup de banques augmenteront les tarifs de leurs services classiques. “Les clients les plus faibles paieront l’addition”, réagit Test-Achats.

La numérisation est désormais incontournable dans le secteur bancaire. ING et AXA Bank ont notamment annoncé leur engagement massif dans cette voie au cours des prochaines années. Dans ce contexte, les applications mobiles joueront un rôle important. Depuis le 10 octobre, les clients d’AXA peuvent ainsi ouvrir un compte-titres sur leur smartphone ou sur leur tablette ou y vérifier la situation de leurs investissements. ING investit 800 millions d’euros dans la poursuite de la transition vers la banque en ligne.

Les autres banques ont également sauté dans le train du numérique. Keytrade Bank, Hello Bank et KBC désirent profiter de la révolution digitale pour fournir des crédits logement en ligne. KBC a récemment fait savoir que mille clients ont déjà souscrit un crédit par cette voie. Keytrade Bank commencera le nouveau projet dans le courant de l’année prochaine. Et cela fait déjà plus longtemps qu’Hello Bank s’y est lancé.

Services plus chers

“Alors que les banques désirent mieux répondre aux besoins de leur clientèle, les clients qui ne prendront pas le train de la numérisation paieront l’addition”, prévoit Simon November de Test-Achats. La plupart des banques ont annoncé qu’elles augmenteront les prix des services classiques à partir de l’année prochaine. AXA Bank comptera ainsi des frais de port à leurs clients qui désirent continuer à recevoir leurs extraits de compte par la poste à partir du 1er janvier 2017. Jusqu’à présent, les clients d’AXA avaient accès à ce service gratuitement.

Les clients de Keytrade Bank devront également payer plus cher à partir de l’an prochain s’ils désirent recevoir leurs extraits de compte par la poste. La banque facturera alors 1,50 euro par envoi et par compte. Actuellement, les clients paient 0,20 euro pour un extrait de compte de leur compte courant. Les extraits de compte de leurs comptes d’épargne sont encore gratuits.

“Nous jouons résolument la carte du numérique. Les services offline, comme l’envoi d’un extrait de compte, continueront à exister, mais ils seront plus chers. En tant que client, vous pouvez les consulter tous les jours gratuitement sur notre plateforme”, explique Steven De Backer, responsable communication auprès de la banque.

ING augmentera à nouveau les prix des virements papier. Les personnes qui voudront faire des virements via la méthode classique devront payer 9,68 euros par an à partir de l’an prochain, au lieu de 6,05 euros. Les clients business seront facturés 8 euros par an par la banque. Aujourd’hui, ce tarif est encore de 5 euros.

La nouvelle réalité

Selon Simon November, les banques veulent inciter leurs clients à utiliser les services en ligne en rendant ces services classiques plus chers. “La numérisation va en réalité de pair avec une diminution des frais pour les banques”, dit November.

Il reconnaît que nous ne pouvons plus contourner la réalité numérique, mais il appelle les banques à tenir compte de toutes les couches de la population. “Le prix doit rester en proportion avec les services prestés. Dans le cas contraire, les personnes plus faibles, comme les séniors, seront doublement exclues. Elles ne pourront en effet pas faire appel aux services numériques moins chers et elles devront payer davantage pour les services classiques. Le prix des services en ligne retombera ainsi sur leurs épaules.”

Marges bénéficiaires sous pression

Les banques prétendent ne pas avoir d’autres choix que d’augmenter les tarifs. Elles craignent que 2017 pèse lourdement sur les marges bénéficiaires, du fait de l’impact significatif des effets de la politique d’assouplissement monétaire de la Banque Centrale européenne (BCE).

Diminuer davantage les taux d’intérêt sur les livrets d’épargne n’est plus possible pour de nombreuses banques. La plupart d’entre elles ont déjà amené ces taux au minimum légal de 0,11%. C’est pourquoi elles modifient le prix des services bancaires. Keytrade Bank souligne qu’il s’agit surtout de petites adaptations. “Les augmentations de tarifs dans les autres banques ont surtout pour but d’augmenter le flux de revenus provenant des services de base. Chez Keytrade Bank, ce n’est pas ainsi. Pour chaque service offline ou presque, il y a une alternative en ligne gratuite”, explique De Backer.

La concurrence sur le marché de l’épargne détermine également la politique des prix. L’histoire nous apprend que lorsqu’une banque augmente (ou diminue) ses prix, la concurrence suit en général. Wim Pauwels, le porte-parole d’AXA, fait ainsi savoir qu’AXA Bank a augmenté les tarifs des comptes courants comfort2bank par exemple, pour rester en ligne avec les autres tarifs du marché. “L’an dernier, nous ne l’avons pas fait. En outre, comfort2bank reste gratuit jusqu’à 25 ans”, ressort-il.

Selon Test-Achats, les banques se saisissent trop rapidement d’arguments comme la numérisation et les taux bas pour justifier des augmentations de prix. “Il est indéniable qu’elles veillent aux intérêts des actionnaires. Nous sommes conscients que les investisseurs s’attendent à un certain rendement pour les risques qu’ils prennent. Mais la contrepartie est qu’il doivent aussi accepter de se contenter de moins si les banques enregistrent de moins bons résultats. Les banques n’ont pas le droit de transférer l’addition à leurs clients”, conclut November.

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