Dual income tax: “Les revenus de la fortune seraient imposés de manière uniforme”

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L’économiste en chef d’Econopolis, Bart Van Craeynest, est favorable à l’idée d’une ‘dual income tax’: “Les décisions concernant la fortune sont souvent motivées par des considérations fiscales, ce qui n’est pas optimal. Mais les possibilités de recettes supplémentaires via des impôts plus élevés sur la fortune sont limitées.”

Le vice-Premier ministre Kris Peeters (CD&V) semble à nouveau vouloir mettre une ‘dual income tax’ sur la table des négociations budgétaires, un système avec une taxe progressive sur le travail et un taux fixe pour tous les revenus de la fortune. Est-ce une bonne idée ou de meilleures réformes des impôts sont-elles à envisager ?

C’est une illusion de penser que le gouvernement pourrait facilement financer tous les défis actuels via des impôts plus élevés sur la fortune

Bart Van Craeynest: “Aujourd’hui, les recettes totales issues des impôts sur la fortune en Belgique sont déjà parmi les plus élevées d’Europe, mais ces impôts sont assez inéquitables. Certaines formes de fortune sont lourdement imposées, d’autres le sont peu ou pas. De ce fait, les décisions concernant la fortune sont souvent motivées par des considérations fiscales, ce qui n’est pas optimal. En ce sens, un tax shift au sein des impôts sur la fortune est à l’ordre du jour, beaucoup plus qu’une hausse des impôts sur la fortune.

C’est d’ailleurs une illusion de penser que le gouvernement pourrait facilement financer tous les défis actuels via des impôts plus élevés sur la fortune. Les possibilités de recettes supplémentaires par ce biais sont de toute façon limitées. Une ‘dual income tax’, par laquelle tous les revenus issus de la fortune seraient imposés de manière uniforme, est une bonne idée car les décisions concernant la fortune ne seront alors plus déterminées sur base de considérations fiscales. Ensuite, il y a aussi la possibilité d’un nouveau tax shift des charges sur le travail vers des impôts indirects et des taxes environnementales.”

La Grèce et ses créanciers ont conclu un accord la semaine dernière concernant une nouvelle tranche d’aide et Athènes a reçu une perspective d’allègement de la dette en 2018. Avec cela, on a surtout acheté du temps, mais à quoi pourrait ressembler une solution définitive ?

Van Craeynest: “Le nouvel accord n’est en effet pas beaucoup plus qu’un gain de temps supplémentaire, sans vraie solution. La dette publique de la Grèce dépasse cette année les 180% du produit intérieur brut (PIB). Depuis la crise, l’économie grecque a reculé de plus d’un quart, et elle continue pour l’instant à se détériorer. Dans ce contexte, il n’est absolument pas réaliste de penser que les autorités grecques pourront un jour rembourser leurs dettes. La seule manière de maintenir cette dette supportable, c’est via les conditions de financement favorables que l’Europe et le FMI offrent à la Grèce. Si ce régime de faveur s’éteint à terme, la dette grecque sera à nouveau immédiatement intenable.

Selon les estimations du FMI, dans un tel scénario, la dette grecque augmenterait rapidement à 250% du PIB. A terme, une vaste restructuration de la dette (lisez annulation de la dette) reste la seule issue réaliste dans la situation actuelle. Une telle restructuration de la dette pourrait être mise en place en échange d’avancements concrets sur le plan des réformes.”

Dans quelques semaines, les vacances d’été commenceront pour les responsables politiques. Suivra ensuite la dernière année politique avant les élections communales. Quels sont les points critiques que la classe politique devrait encore rapidement traiter avant que la fièvre électorale ne soit trop élevée ?

Le vrai travail budgétaire doit encore commencer

Van Craeynest: “Le travail le plus pénible au cours des prochains mois sera indubitablement le budget. Le gouvernement vise toujours un équilibre en 2018. Pour atteindre cet objectif, cela exige un effort structurel de 9 milliards d’euros. Pendant le contrôle budgétaire, des options faciles ont encore été choisies, le vrai travail budgétaire doit encore commencer. Et cet été sera probablement la dernière occasion de prendre les difficiles décisions nécessaires.

Ensuite, il y a bien sûr encore des défis en suffisance. Quelques-uns méritent la priorité dans le climat actuel: la mise en oeuvre d’un programme d’investissements (après des décennies de sous-investissements), des efforts structurels pour intégrer les personnes peu qualifiées (y inclus les migrants) sur le marché du travail et une vraie approche de la problématique de la mobilité via une combinaison de développement des infrastructures et d’une tarification routière intelligente.”

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