‘Une taxe sur la viande n’est plus taboue’

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Une taxe sur la viande n’est plus un tabou, concluent le think tank international Chatham House et l’université écossaise Glasgow University sur base d’une enquête dans douze pays.

“Une taxe sur la viande ne s’attaque pas seulement aux problèmes de santé, mais peut aussi aider contre le réchauffement climatique”, écrit The Guardian suite à l’enquête. La production de viande est responsable pour 15% des gaz à effet de serre. C’est plus que ce que tous les moyens de transport (voitures, bateaux, avions et trains) produisent. Si les décideurs politiques désirent vraiment s’attaquer au réchauffement climatique, l’impôt sur la viande est une étape dans la bonne direction, apparaît-il.

Intérêt général

Nous devons faire comprendre aux gens que la viande ne nuit pas seulement à leur santé, mais aussi à leur environnement

Selon l’enquête, les gens sont prêts à accepter des limitations si elles servent l’intérêt général, comme les accises sur les cigarettes par exemple. “Il est incompréhensible que les gouvernements nient cela. C’est une situation win-win”, dit Laura Wellesly, une collaboratrice chez Chatham House. “Il est erroné de penser que de telles mesures politiques sont trop sensibles ou trop difficiles à mettre en oeuvre. Il ressort de notre enquête que les gens attendent justement que nos politiciens prennent des mesures audacieuses.”

Ceux qui mangent trop de viande sont plus enclins à l’insuffisance cardiaque et au cancer. Les Américains devraient manger jusqu’à deux tiers moins de viande pour être en bonne santé. Au Royaume-Uni, c’est la moitié et en Chine un tiers. Selon le journal britannique, l’émission de CO2 peut diminuer fortement si tout un chacun ne mangeait pas plus de 70 grammes de viande par jour. “Nous devons faire comprendre aux gens que la viande ne nuit pas seulement à leur santé, mais aussi à leur environnement”, dit Greg Philo, professeur à la Glasgow University.

“Nous ne désirons pas encourager les consommateurs à devenir végétariens”, poursuit Wellesly. “On ne peut simplement pas nier que manger moins de viande a des effets positifs importants.”

Moins de subsides

L’enquête montre que les consommateurs préfèrent que le gouvernement coupe dans les subsides dont bénéficient les éleveurs de porcs et les autres producteurs de viande. “Ils sont convaincus que des impôts supplémentaires et la diminution des subsides sont des mesures efficaces. Bien que cette deuxième mesure soit plus populaire que la première”, dit Catherine Happer de la Glasgow University. Les personnes interrogées s’opposent cependant aux mesures qui touchent la population plus pauvre.

“À mon grand étonnement, je suis arrivée à la conclusion que beaucoup de gens ne savaient pas que les producteurs de viande recevaient des subsides”, continue Happer. “En 2013, les éleveurs ont reçu 53 milliards d’euros de subsides dans les 34 pays de l’OCDE. Soit 190 dollars par vache.”

Les gouvernements ne peuvent plus utiliser la résistance du consommateur comme excuse.

Concernant la conférence sur le climat de Paris, Clare Oxborrow, une militante auprès des Amis de la Terre, souligne que la consommation de viande ne peut pas être niée dans le débat sur le climat. “Les gouvernements ne peuvent plus utiliser la résistance du consommateur comme excuse.”

Selon les chercheurs, les mesures ne feront pas de tort à l’industrie de la viande. “La population mondiale continue à croître, la demande en viande continuera donc à augmenter. Mais nous espérons que nous parviendrons quelque peu à limiter la croissance de l’industrie de la viande.” De plus, elle plaide pour une verdurisation de la production de viande. “En rendant l’industrie moins polluante, nous pouvons réduire l’émission de CO2 de 33%. Bien que cela soit quasiment impossible à cause de la demande croissante en viande”, conclut-elle.

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