Avec Macron, les investisseurs n’ont plus peur de rien

Emmanuel Macron © REUTERS

En apparence, la victoire d’Emmanuel Macron au second tour des présidentielles a eu l’effet d’un pétard mouillé. Derrière le calme des indices boursiers, les marchés financiers viennent pourtant de connaître un début de semaine historique.

Pour bien mesurer l’impact sur les marchés financiers de la victoire du fondateur du mouvement En Marche aux élections françaises de de dimanche dernier, il faut traverser l’Atlantique. Aux États-Unis, le souvenir de la victoire surprise de Donald Trump continuait de faire douter une partie des investisseurs, malgré la large avance du trentenaire dans les sondages. La confirmation de la victoire d’Emmanuel Macron les a soulagés. Cela a suffi faire chuter l’indice Vix mesurant la volatilité de la Bourse américaine sous 10, un niveau qui n’a été atteint en clôture que durant 11 jours depuis la création du Vix en 1990.

Trump, le Brexit, la Chine : même pas peur

Il faut remonter à décembre 1993 pour trouver trace de niveaux aussi bas pour “l’indice de la peur”, qualifié de la sorte car il dépend notamment des achats d’options put par les investisseurs, un instrument financier permettant de se prémunir d’une baisse du marché concerné. À l’époque, les investisseurs avaient de quoi être rassurés, la Guerre du Golfe était finie, la dislocation de l’URSS marquait la fin de la guerre froide, les États-Unis avaient résolu la crise des “savings and loan” qui avait emporté plus de 1000 caisses d’épargne, l’Union européenne était née, l’acte de naissance de l’Organisation mondiale du commerce était adopté et le décollage économique de la Chine s’amorçait. Sans basculer dans le pessimisme, nous vivons une époque un peu plus chahutée. Le Brexit a jeté un doute sur l’Union européenne, la politique de Donald Trump , La Corée du Nord se montre de plus en plus belliqueuse et la Chine, devenue deuxième économie mondiale, jongle depuis quelques années avec une dette devenant de plus en plus encombrante.

Les banques centrales et les réseaux sociaux

Pourtant, tous les investisseurs semblent faire preuve de la même confiance que Wall Street. Reuters souligne ainsi que les indices de volatilité sont aussi au plus bas sur quantité d’autres marchés financiers : actions européennes, matières premières, devises, taux. Pour expliquer cette confiance, l’agence évoque l’amélioration attendue de l’économie mondiale (une légère accélération de la croissance étant attendue en 2017), les résultats d’entreprises solides ou le soutien durable des banques centrales. Mark Mobius, gourou de Templeton, pointe pour sa part l’impact des réseaux sociaux… Ces derniers ont conditionné tout un chacun, dont les investisseurs, à accorder moins d’importance à chaque nouvelle, y consacrant à la fois peu de temps et doutant systématiquement de leur véracité dans un contexte de “fake news”. Mark Mobius épingle notamment que l’annonce du limogeage du patron du FBI par Donald Trump a à peine fait sourciller les marchés l’espace de quelques heures.

Hausse à court terme mais…

La baisse de la volatilité est censée soutenir les placements plus risqués comme les actions ou les obligations d’entreprises (plus fragiles), les écarts de prix réduits incitent en effet les investisseurs à se montrer moins frileux. Le recul de la volatilité pourrait ainsi se poursuivre selon Giovanni Paci de Barclays, qui souligne l’absence de risque majeur à court terme. L’indice Vix est toutefois également utilisé comme contre-indicateur. George Goncalves, stratégiste chez Nomura, s’inquiète ainsi d’un excès de complaisance, estimant que les marchés ignorent les risques comme en 2005-2006 quand le marché immobilier américain présentait les signes avant-coureurs de la crise des subprimes.

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