Belle année 2017 pour les fonds flexibles prudents

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Les pondérations en actions sont actuellement dans le haut de la fourchette.

Les fonds mixtes flexibles constituent une gamme très populaire chez les particuliers. Selon les derniers chiffres publiés par la BEAMA (l’association belge des gestionnaires d’actifs), les fonds mixtes ont été la classe qui a enregistré la plus forte progression des encours depuis le début 2017, avec des encours commercialisés qui ont grimpé de plus de 13 milliards d’euros sur les trois premiers trimestres de l’année. Avec près de 90 milliards d’euros en actifs sous gestion, ils représentent désormais plus de 47 % de l’encours en fonds de placement détenus sur le marché belge, contre 21 % en 2008.

La capacité des gestionnaires à pouvoir faire varier leur exposition sur les marchés en fonction des pics de volatilité a constitué un argument de poids pour les particuliers. Ils peuvent ainsi déléguer l’ensemble de la gestion de leur patrimoine à des spécialistes expérimentés, qui ont démontré sur le long terme leur capacité à réaliser des performances attractives tout en limitant fortement les reculs.

Il existe une gamme très diversifiée de fonds mixtes flexibles. Parmi les plus populaires, nous trouvons certainement ceux dont la volatilité reste limitée (autour de 5 ou 6 %), soit au niveau d’un fonds investi en obligations internationales. Les six fonds repris dans notre échantillon ont vu leurs actifs sous gestion grimper de plus de 6,5 milliards d’euros sur l’ensemble de l’exercice 2017.

Forte croissance

Sur une période de cinq ans, c’est assez nettement le fonds Keren Patrimoine qui se détache. Avec une performance annualisée proche de 7 % et cinq étoiles chez Morningstar, les actifs sous gestion ont plus que doublé sur l’exercice 2017. En outre, cette performance a été réalisée en dépit d’une poche investie sur les actions européennes qui ne peut pas dépasser 35 % des actifs sous gestion.

Comme les autres fonds mixtes flexibles, la gestion part d’une analyse macroéconomique dont va découler un positionnement sur les différentes classes d’actifs. Raphaël Elmaleh, le gestionnaire du fonds, soulignait récemment que les voyants économiques restent actuellement dans le vert sur les grands ensemble économiques. ” Le contexte de reprise a permis d’absorber les mauvaises nouvelles et les chocs géopolitiques “, avec des fondamentaux qui restent globalement positifs en Europe, et une banque centrale dont la politique restera favorable aux marchés financiers durant les prochains trimestres.

Raphaël Elmaleh souligne également que le marché obligataire lui semble aujourd’hui assez cher. ” Nous conservons une duration très courte sur notre portefeuille. Le piège serait de s’exposer sur des maturités longues en recherchant des rendements plus élevés, avec le risque de s’exposer à des pertes en capital d’ici quelques trimestres. ” Dès lors, la surperformance se construit en grande partie sur la dette d’entreprise à haut rendement et sur la poche actions, avec un portefeuille reposant sur des moyennes capitalisations et sur des actions fortement décotées. Keren Patrimoine est actuellement exposé à 30 % sur les marchés boursiers, en raison notamment de la difficulté de trouver des opportunités valorisées de manière attractive.

Belle année 2017 pour les fonds flexibles prudents

Pentification obligataire

Cette prudence relative se retrouve également chez Echiquier Arty, où Guillaume Jourdan, cogestionnaire du fonds, pondère actuellement les actions à 25 % des actifs sous gestion. ” Notre exposition se base sur les meilleures idées de nos gérants actions, avec un positionnement qui privilégie actuellement des groupes automobiles comme Volkswagen (pour le potentiel de rattrapage après le dieselgate) ou Renault (pour le potentiel de croissance sur les marchés émergents). ”

L’autre tendance sur le portefeuille vise les actions à dividende dont le rendmenent devrait être soutenable durant les prochaines années. ” Dans ce domaine, nous apprécions, par exemple, un groupe comme Royal Dutch, avec un rendement de 6 % soutenable, qui devrait être soutenu par l’intégration de British Gas et la baisse des coûts opérationnels exprimé par tonne de brut produit “, explique Guillaume Jourdan. Dans le même ordre d’idée, Allianz dispose actuellement d’une marge importante pour augmenter les versements futurs aux actionnaires, que ce soit sous forme de dividendes ou de rachats d’actions propres. ” Nous estimons que c’est ainsi 15 % de la capitalisation boursière qui devrait être ainsi reversée aux actionnaires à l’horizon 2020. “

Sur le portefeuille obligataire, Guillaume Jourdan souligne que ” la hausse des taux est assez certaine en Europe, avec une reprise économique qui est désormais palpable sur le Vieux Continent. Les taux longs ont déjà réalisé quelques tentatives de redressement en 2017, et nous pensons que cette tendance devrait se concrétiser en 2018. Une partie de notre stratégie vise aujourd’hui à nous prémunir contre un tel mouvement “. La stratégie sur le portefeuille obligataire visera ici également la dette d’entreprise mais en se focalisant exclusivement sur la dette de meilleure qualité (investment grade). ” Le risque lié au haut rendement est trop comparable au risque sur les marchés d’actions. “

Pentification obligataire

Talib Sheikh gère, lui, le fonds JP Morgan Global Balanced, qui a réalisé la meilleure performance de la catégorie durant les 12 derniers mois, après avoir traversé quelques exercices plus décevants, notamment en 2016. Le poids des actions atteint désormais 50 % des actifs à la fin novembre. “Dans un contexte de croissance globale qui se renforce, nous sommes devenus plus optimistes sur les actions, avec une préférence pour les marchés développés par rapport aux émergents” , affirme-t-il.

Flexible émergent

Chez Schroders, Aymeric Forest, responsable de la gestion mixte pour l’Europe, souligne pour sa part que la prochaine vague pourrait viser les fonds flexibles sur les marchés émergents : ” C’est une classe qui reste encore assez confidentielle dans les portefeuilles, et qui devrait monter en puissance durant les prochaines années “. Et de souligner que la logique, derrière une exposition sur le multi-actifs émergent, reste solide : ” Ce sont des marchés qui devraient profiter de l’accélération de la croissance au niveau global et l’exposition flexible permet de faire baisser la volatilité du portefeuille par le biais d’une exposition sur les marchés obligataires, sur lesquels il est en outre possible de trouver des rendements attractifs. En nous couvrant contre l’impact des devises, il est possible d’obtenir un profil de risque beaucoup stable, qui nous permet de viser un rendement annuel tournant entre 4 et 6 % pour les investisseurs “.

Il souligne également que l’exposition sur ces marchés par le biais de fonds indiciels ou d’ETF peut s’avérer dangereuse. ” Les indices de référence sur les marchés émergents restent concentrés sur les marchés asiatiques et plus particulièrement sur la Chine, avec une composante important d’entreprise étatiques. ” Le portefeuille qu’il gère (Schroders ISF Emerging Multi-Asset Income) est actuellement exposé à 60 % sur les marchés boursiers, et il s’attend à une participation beaucoup plus large de l’ensemble des secteurs en 2018, après un exercice 2017 qui aura été largement dominé par les valeurs technologiques. De même, l’exposition géographique du fonds a vu une baisse du poids des actions chinoises au profit du Brésil, de la Pologne ou de la Russie.

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