Des lunettes à 46 milliards

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Rassembler les montures et les verres, Leonardo del Vecchio réalise son rêve. La fusion entre Luxottica et Essilor pourrait toutefois virer au cauchemar pour l’ensemble du secteur de l’optique. C’est également une mauvaise nouvelle pour les consommateurs.

Seul le timing a finalement surpris, une fusion entre Essilor et Luxottica étant régulièrement évoquée depuis de nombreuses années. Ensemble, les leaders mondiaux des verres optiques et des montures de lunettes (avec des marques comme Ray-Ban ou Oakley) pèseront près de 50 milliards en Bourse. Le chiffre d’affaires cumulé atteindra 15 milliards, représentant une part de marché mondiale de près de 17% sur un marché évalué à 90 milliards.

Un secteur bouleversé

Comme souvent, la fusion sera synonyme d’économies de coûts évaluées à moyen terme à entre 400 et 600 millions. Le principal objectif n’est toutefois pas de sabrer dans les 140 000 employés mais bien de réécrire les codes du secteur. Ensemble, les deux groupes seront à même d’offrir les lunettes complètes et visent à atteindre directement le consommateur via la vente en ligne, une très mauvaise nouvelle pour les boutiques et les chaînes spécialisées comme le Néerlandais GrandVision (Pearle, GrandOptical, Apollo-Optik…). Ces derniers se retrouvent en effet à la fois clients et concurrents d’EssilorLuxottica.

Moins de choix et de concurrence pour le consommateur

En théorie, cette percée dans la vente directe devrait permettre au consommateur de payer ses lunettes moins chères. En pratique, le rapprochement entre Essilor et Luxottica est synonyme de réduction du choix et de la concurrence. Les deux groupes avaient en effet commencé à empiéter sur leurs platebandes respectives, laissant augurer d’une concurrence entre géants. Cela ne sera pas le cas, le futur leader incontesté de l’optique pouvant se concentrer sur l’extension de sa part de marché face à des concurrents beaucoup plus petits.

Des actionnaires à l’affût

Sur les marchés boursiers, la fusion entre Essilor et Luxottica est très bien accueillie. Les investisseurs espèrent évidemment recueillir les fruits d’un marché des lunettes en croissance constante et toujours extrêmement prometteur. Selon les estimations, 1,9 milliard de personnes dans le monde portent des lunettes, des lentilles ou ont subi une opération mais 2,5 milliards pâtissent de problèmes de vue non traités. Pour en profiter, les actionnaires devront toutefois compter sur un management au niveau. Le groupe fusionné sera codirigé par Hubert Sagnières et Leonardo del Vecchio. Le fondateur de Luxottica a repris les rênes du groupe italien l’année dernière après le départ d’un 3e patron en 17 mois. Enrico Cavatorta, qui n’a occupé le poste que pendant 6 semaines, n’avait pas caché les problèmes relationnels avec l’octogénaire.

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