Faut-il croire au rebond des valeurs bancaires européennes ?

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Particulièrement malmenées en Bourse au premier semestre, les banques européennes opèrent un spectaculaire redressement depuis. Est-ce le moment de revenir sur un secteur qui n’a toujours pas pansé ses plaies de 2008 ?

D’un point de vue historique, le secteur bancaire européen présente indiscutablement le plus haut potentiel de redressement, affichant toujours une chute de 72% depuis son plus haut du printemps 2007. Beaucoup ne sont évidemment pas sorties indemnes de la crise, certaines ayant même disparu de la Bourse à l’image de Dexia. Cela n’explique toutefois que partiellement le timide redressement connu par les banques européennes. Le secteur a également été la principale victime des tensions sur les dettes souveraines de pays de la zone euro entre 2010 et 2012.

Méfiance des marchés

Quatre ans plus tard, les banques européennes n’inspirent toujours pas confiance comme en témoigne l’extrême décote du secteur. Selon DJ Stoxx, il cote 11 fois les bénéfices prévu et 0,6 fois sa valeur comptable contre des ratios de respectivement 16 et 1,7 pour l’indice élargi Stoxx 600 dans son ensemble. Cette décote illustre la méfiance des investisseurs envers un secteur qui fait face à des perspectives difficiles comme l’épinglait récemment Bruno Colmant, Économiste et Directeur de la recherche chez Degroof Petercam.

Chute des taux

La principale explication réside dans la faiblesse des taux qui pèse sur la marge nette d’intérêt, soit la différence entre les revenus d’intérêts sur les crédits octroyés (et placements) et les coûts de ses financements (liquidités, dépôts d’épargne, etc.). Évidemment, la chute des taux n’est pas récente mais les banques sont touchées progressivement. Dans un premier temps, la part des crédits à faible taux dans le portefeuille total restait limitée et les banques bénéficiaient d’indemnités de rachat. Au fil des années, le rendement moyen du portefeuille de crédits diminue toutefois de plus en plus et finit par éclipser la baisse des coûts de financement (à un niveau plancher depuis l’année dernière).

Pas de solution miracle

La solution est évidemment un durcissement de la politique des banques centrales et un relèvement des taux. Dans un premier temps, les banques verraient surtout leurs coûts diminuer … la Banque centrale européenne “taxant” actuellement leurs dépôts suivant un taux de 0,4%. En termes de revenus, l’amélioration serait par contre beaucoup plus lente, le temps de “faire tourner” leur portefeuille de crédits (et de placements). D’autant plus lente qu’il ne serait évidemment plus question de refinancement. Parallèlement, une hausse des taux risquerait fort de compliquer les financements des entreprises et ménages les plus fragiles, avec la menace d’un net rebond des crédits défaillants et des pertes sur crédits, actuellement à un faible niveau.

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