Faut-il investir dans les CFDs ? Mais au fait, c’est quoi ?

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Dans le cadre du Concours Investisseur, qui a démarré le 15 février et qui se terminera le vendredi 13 mai, nous présentons régulièrement un produit de trading. Aujourd’hui: les CFDs

CFD est l’acronyme de contract for difference. Le produit est né dans les années nonante en Grande-Bretagne, pour éviter une taxe. Il s’agit d’un contrat entre deux parties: un investisseur et une personne qui émet une offre, le courtier en bourse. Les deux parties s’engagent dans une spéculation sur la direction que le cours d’une valeur sous-jacente va prendre. Vous pouvez souscrire un contrat avec une position longue (le cours va augmenter) ou une position courte (le cours va baisser). La valeur sous-jacente peut être une action, mais aussi une monnaie, un indice boursier, une matière première ou un taux d’intérêt.

Un CFD est un produit dérivé parce que la valeur est dérivée de la valeur d’un autre actif. Le terme difference représente la différence en valeur que l’actif a entre le moment où vous démarrez le pari et le moment où vous l’arrêtez. Si vous gagnez le pari du fait que le cours a évolué dans la bonne direction, le courtier doit vous payer le gain. Si vous avez échoué, vous devez dans ce cas payer la perte à votre courtier et vous voyez le solde de votre compte diminuer.

Parier avec un effet levier

La principale caractéristique d’un CFD est son effet levier. Vous pouvez, avec une mise limitée, remporter la hausse ou la baisse totale de la valeur. Imaginons que vous prévoyez une hausse du cours de l’action de Bekaert. Votre courtier en CFD affiche 27,10 et 27,15 euros comme cours à la vente et cours à l’achat, soit le prix auquel il désire conclure un contrat avec une position courte et une position longue. Vu que vous visez une hausse, vous adoptez une position longue. Vous placez un pari sur 1000 actions. Vous pouvez déterminer cette quantité librement. Si vous achetiez les actions en bourse, cela vous coûterait 1000 x 27,15 euros = 27.150 euros (hors frais). Si vous souscrivez un contrat CFD avec une position longue, vous travaillez dans ce cas avec une marge de position et vous ne devez réserver qu’une fraction de ce montant pour votre pari.

Le type de levier avec lequel vous pouvez travailler dépend du courtier. Certains permettent une marge de 5%, d’autres – comme Lynx – permettent 12,5%. Si la marge minimum est de 5%, vous pouvez souscrire cet ordre en misant 5% de 27.150 euros, soit 1.357,5 euros. Ce montant est bloqué sur votre compte. C’est également le montant maximum que vous pouvez perdre. Dès que le cours baisse de 5%, vous perdez votre mise. Si l’action augmente de 10%, vous gagnez dans ce cas 2.715 euros, ce qui représente un gain de 200%.

Risque élevé

Le grand avantage de ce produit dérivé est que vous pouvez adopter des positions significatives sur le marché avec des moyens limités. Vous pouvez très facilement spéculer sur un mouvement à la baisse d’un actif, ce qui, en bourse, est presque exclusivement à la portée des investisseurs institutionnels. Les CFDs offrent aussi la possibilité de jouer très court sur la balle. Comme vous pouvez adopter des positions sur presque toutes les valeurs sous-jacentes, le monde financier dans son ensemble devient votre terrain de jeu. Vous pouvez goûter au monde des professionnels.

Mais il y a aussi beaucoup de désavantages liés aux CFDs, qui sont des produits très risqués. Si les cours varient fortement, vous pouvez très rapidement perdre l’entièreté de votre mise. Vous êtes obligé de suivre presque constamment les positions ouvertes, certainement celles avec un important effet levier . Il y a aussi un risque de contrepartie. Le courtier peut exagérer sa main et de ce fait ne plus être à même de satisfaire à ses obligations de paiement.

Ce n’est pas une sinécure d’être bénéficiaire à long terme avec des CFDs. Seul un trader sur dix y réussirait. Il est très difficile de constamment battre le marché à court terme. Au plus les marges sont étroites – et au moins vous misez votre propre argent – au plus cela devient difficile. Vu le risque élevé, les CFDs ne sont pas à la portée de l’investisseur ‘bon père de famille’. La probabilité est grande que vous perdiez votre argent.

Actions liquides

En Grande-Bretagne, le berceau des CFDs, il y a des dizaines de brokers. Chaque market maker y détermine son offre et ses conditions comme bon lui semble, tout comme l’effet levier et les frais. En Grande-Bretagne, ces produits se focalisent surtout sur les actions britanniques et américaines, ainsi que sur les grandes valeurs européennes. Pour un investisseur belge, ce n’est pas si intéressant. Il doit en outre faire un virement d’argent vers un numéro de compte britannique.

Dans notre pays, il n’y a que Lynx et Keytrade Pro (la plateforme de Keytrade Bank uniquement accessible aux investisseurs spécialisés) qui offrent des CFDs, ainsi que le moins connu WH Selfinvest, et encore, uniquement sur les actions belges les plus liquides. Le courtier hollandais DeGiro travaille déjà depuis un certain temps à une offre de CFDs sur les actions belges, comme alternative aux actions cotées sur Euronext Bruxelles. L’objectif est de fabriquer des CFDs sur lesquelles il n’y a pas d’effet levier. Si vous désirez acheter 1000 actions de Bekaert, vous devriez dans ce cas avoir le total du montant sur votre compte. Mais le développement dure plus longtemps que prévu. Il ne semble pas si simple de tout mettre en place.

Frais et fiscalité

Souscrire un contrat CFD n’est pas gratuit. Le courtier facture une commission par transaction, qui peut atteindre jusqu’à 0,10 ou 0,20%. Sur un CFD, il n’y a pas de taxe boursière ni de taxe sur la spéculation, parce que le produit n’est pas coté en bourse. Le broker affiche les cours et souscrit les paris. Il n’y aucun autre intermédiaire impliqué.

L’instauration de la taxe sur la spéculation a considérablement favorisé la popularité des CFDs. Mais troquer des actions pour des CFDs dans le but d’éviter cette taxe n’est pas une bonne idée. Ce sont deux produits totalement différents.

Francis Muyshondt

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