Investir dans l’art: chacun son Picasso!

Chaque investisseur se doit de diversifier son portefeuille. Les oeuvres d’art peuvent-elles être utiles dans cette optique ?

Diversifier son portefeuille implique d’investir dans différentes catégories d’actifs. Et force est de constater que les chefs-d’oeuvre des plus grands peintres (ex. Van Gogh, Gauguin, les maîtres anciens comme Rembrandt ou Vermeer) constituent une des classes d’actifs les plus solides et plus rentables. Ces objets atteignent des prix records, notamment en raison de la demande en provenance des pays BRIC. Ainsi, un tableau de Paul Cézanne (postimpressionniste français qui a vécu de 1839 à 1906) a récemment été vendu pour le montant vertigineux de 250 millions de dollars – même si une telle somme reste naturellement (du moins pour l’instant) exceptionnelle.

Pourquoi dès lors ne pas tous investir dans des chefs-d’oeuvre de la peinture ! Mais comment ? L’investisseur est en effet rapidement confronté à plusieurs objections pratiques. Acheter une oeuvre d’art nécessite certaines précautions. N’est-ce pas un faux ? Est-ce vraiment une valeur sûre, prisée du marché ? Sans compter la question de l’argent. Qui peut se payer un chef-d’oeuvre ? Un tableau de Claude Monet vient d’être adjugé pour 2,8 millions d’euros.

Les chefs-d’oeuvre de la peinture sont incontestablement un bon investissement, mais ils restent malheureusement hors de portée de l’investisseur ordinaire. Quoique ? Sur le marché des fonds, on trouve plusieurs produits spécialisés dans l’art. Mais les fonds ne brillent pas toujours par leur transparence, notamment en termes de frais. Et c’est particulièrement le cas des fonds actifs dans le petit monde de l’art. Un univers où il est d’ailleurs difficile d’établir une distinction entre les faits et la fiction, entre ce qui a réellement de la valeur et ce qui ne vaut rien. Les frais de transaction et les commissions sont également très importants. Un champ de mines pour un bon père de famille désireux d’investir, donc. Un fonds est une bonne solution, mais prudence et vision à long terme sont impératives. Sinon, la fiscalité d’un tel fonds ne diffère guère du régime normal applicable aux sicav.

Mais une oeuvre d’art cotée en Bourse. Si cela pouvait exister… Concrètement, cela signifierait qu’un chef-d’oeuvre, comme “Le Cri” d’Edvard Munch, soit introduit en Bourse. L’oeuvre d’art est ainsi traduite en une série de certificats qui sont placés à un prix donné. Ensuite, c’est la Bourse qui détermine la valeur des certificats, selon les lois de l’offre et la demande. Ceci n’est encore possible nulle part de manière suffisamment fiable. Mais le Luxembourg a récemment mis le nez à la fenêtre, dans le cadre d’une initiative baptisée “SplitArt”. L’idée consiste à créer au Grand-Duché une Bourse (marché secondaire) où il serait possible de négocier des certificats d’oeuvres d’art dans des conditions de liquidité suffisantes. Pour l’investisseur qui croit dans une oeuvre donnée, l’idée peut être intéressante. L’oeuvre d’art devient accessible et suffisamment liquide (ou devrait l’être). De plus, un contrôle scrupuleux serait mis en place. D’un point de vue fiscal aussi, l’idée est intéressante. Les plus-values réalisées sur les certificats devraient en effet être totalement exonérées pour l’investisseur belge. Bien entendu, il est impossible de prédire si l’investissement engendrera effectivement une plus-value. Mais il est un fait qu’un nombre croissant d’investisseurs cherchent à diversifier leur portefeuille. En abaissant le seuil d’accès à cette catégorie d’actif, on accroît le nombre d’acheteurs potentiels et peut-être la demande. Et une augmentation de la demande a généralement un effet positif sur le prix. Mais ne croyez jamais un avocat sur parole lorsqu’il parle d’investissements. Ça aussi, c’est un important dicton boursier.

Anton van Zantbeek, avocat chez Rivus

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