L’emprunt populaire est-il une bonne idée?

L’emprunt populaire suscite de nombreuses réactions. Est-ce une bonne idée ? La réponse est nuancée. Certes, un avantage fiscal est associé au rendement. Le 1er janvier 2013, le précompte mobilier a été relevé à 25 % pour tous les intérêts. Les intérêts liés à l’emprunt populaire ne seraient soumis qu’à un taux de 15 %.

L’emprunt populaire est une bonne idée pour la simple raison que toute tentative de réorienter l’épargne vers l’économie réelle est une bonne idée. En fait, c’est le rôle des banques. Mais elles ne le jouent pas suffisamment. Les banques sont très performantes lorsqu’il s’agit d’attirer l’argent des épargnants (plus de 240 milliards), beaucoup moins pour réinjecter ensuite cette épargne dans l’économie à des conditions intéressantes. Les banques le nient, naturellement. Mais il faut bien constater que les initiatives visant à se passer des banques dans le financement d’activités économiques se multiplient. Pensez au crowd funding, aux prêts gagnant-gagnant, aux placements privés d’emprunts obligataires, et même aux émissions publiques d’obligations effectuées par des entreprises qui éprouveraient sinon des difficultés à faire appel à l’épargne des citoyens (voir les émissions de Deme, Kinepolis, Studio 100, Vandemoortele, Omega Pharma, Etex et Roularta.). L’emprunt populaire s’inscrit en fait dans cette série d’initiatives.

Mais l’idée est également critiquable. Tout d’abord parce qu’elle est présentée comme une alternative au compte d’épargne classique. Or ce n’est vraiment pas le cas. Le compte épargne ne combine pas seulement la sécurité de la garantie d’État (jusqu’à 100.000 EUR) à un régime fiscal attrayant (exonération à concurrence de 1.880 EUR et taux de 15 %) et un rendement relativement élevé. Il se caractérise également par une grande liquidité. L’argent est immédiatement exigible, et vous récupérez toujours le montant nominal de votre investissement. Ce n’est pas le cas de l’emprunt populaire. Celui-ci est assorti d’une échéance de 5 à 10 ans. Et on ne sait pas encore s’il sera possible de récupérer son argent avant l’échéance, ni à quelles conditions. Enfin, nous savons tous que la valeur d’une émission diminue lorsque le taux augmente.

Il est également étrange de voir à l’État belge revenir subitement aux bons de caisse. Car fondamentalement, l’emprunt populaire n’est rien d’autre qu’un bon de caisse dédié. L’argent récolté sera utilisé pour un but socio-économique défini : construire une école, une maison de retraite, etc. Or l’État belge ne croit pas dans les bons de caisse pour son propre financement, un domaine dans lequel il préfère notamment les OLO. Cette année, ces obligations doivent par exemple lui rapporter 37 milliards EUR, alors que l’objectif ne dépasse pas 0,5 milliard pour les bons de caisse. On peut dès lors se demander pourquoi l’État n’émet pas simplement un bon de caisse à des conditions attrayantes (comme le bon Leterme de fin 2011). Il serait alors inutile d’adopter une nouvelle législation (complexe).

Donc : oui, l’emprunt populaire est une bonne initiative, car il répond à la nécessité d’activer l’épargne en faveur de l’économie réelle. S’il y parvient, tant mieux. Mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Il aurait suffi de répéter l’initiative de Leterme. Un bon de caisse sûr, associé à un rendement attrayant, et un régime fiscal intéressant en guise de cerise sur le gâteau.

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Anton van Zantbeek

Rivus Advocaten

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