L’Espagne va-t-elle faire flancher l’Europe ?

Les difficultés financières de Bankia risquent de faire basculer l’économie espagnole fragilisée par une crise immobilière sans précédent.

De tous les pays d’Europe, l’Espagne et l’Irlande furent les pays européens les plus touchés par la crise du secteur immobilier qui trouve ses origine en 2008 lors du dégonflement de la bulle qui s’était formée sur ce secteur. L’Irlande a rapidement fait aveu de faiblesse et s’est fait aider par le fonds de soutien européen. Jusqu’à présent l’Espagne n’en a rien fait Elle espère pouvoir redresser la barre seule. La situation s’est toutefois singulièrement compliquée ces derniers mois. Le taux de chômage y est proche des 25%, les consommateurs sont aux abonnés absents avec des ventes au détail en baisse de 9,8% sur un an en avril après déjà 22 mois de reculs successifs. Et, cerise sur le gâteau le secteur bancaire, fragilisé par des mannes de créances douteuses, crie au secours.

Ce lundi, BFA (Banco Financiero y de Ahorros), maison mère de Bankia, l’établissement au coeur des difficultés du système bancaire espagnol, a annoncé avoir finalement perdu 3,3 milliards d’euros en 2011 et non pas dégagé un bénéfice de 41 millions. Dans un avis transmis au régulateur boursier espagnol, BFA précise que ce nouveau chiffre, obtenu après un réexamen de ses comptes de l’an dernier, reflétait un passage en revue aussi bien de son portefeuille de crédits que de ses besoins en capitaux.

Bankia, la quatrième banque d’Espagne, avait déjà demandé vendredi à l’Etat de lui fournir 19 milliards d’euros pour l’aider à surmonter ses difficultés ; c’est plus de deux fois le montant minimum estimé par le gouvernement. Mais ce montant sera-t-il suffisant ? Les investisseurs sont en droit de se le demander. Cette demande d’aide de 19 milliards d’euros vient se rajouter à une précédente injection de 4,5 milliards d’euros de soutien public.

Ces dernières péripéties bancaires ont cristallisé les inquiétudes des investisseurs au sujet de l’Espagne, dont le rendement des obligations souveraines à 10 ans s’approche du niveau qui a déclenché l’aide internationale pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Sa prime de risque (surcoût qu’elle doit payer pour emprunter à dix ans par rapport à l’Allemagne, considérée comme référence du marché) a grimpé à un nouveau record historique, à 514 points de base. Ce niveau de taux est tout simplement intenable pour l’Espagne.

Les tensions extrêmes autour de l’Espagne ont poussé Mariano Rajoy à s’exprimer lors d’une conférence de presse, un événement rare pour le dirigeant espagnol conservateur.

” Avec une prime de risque à 500 points, il est très difficile de se financer “, a-t-il admis, se voulant rassurant: ” il ne va y avoir aucun sauvetage ” extérieur du secteur bancaire, tandis que l’injection de fonds dans Bankia ” suppose un exercice de transparence ” et doit être salué comme tel.

Notre conseil

Evitez pour l’heure les obligations de l’Etat espagnol dont les capacités à faire face seul aux déboires de ses banques semble peu crédibles.

Les obligations d’Etats européens sont d’après nous soit trop risquées (Espagne, Italie,…), soit trop peu rentable (Allemagne, Belgique,…). Nous leur préférons les obligations d’entreprises. Dans la liste ci-dessous vous retrouvez une sélection de titres d’entreprises qui nous semblent attractifs.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content