La Bourse chinoise chute, la bulle explose ?

En un an, l’indice CSI 300 des Bourses de Shanghai et Shenzhen a bondi de 135% malgré le net ralentissement de la 2e économie mondiale. Une hausse brusquement interrompue ce jeudi par un plongeon de 6,7% sur fond de limitation de la spéculation et d’enquête sur l’ex Chinois le plus riche.

Exubérance irrationnelle

La hausse des Bourses chinoises a plusieurs explications, les principales étant la politique des banques centrales mondiales, y compris l’assouplissement de la Banque populaire de Chine, ainsi que la chute de l’immobilier en Chine qui a fait affluer les capitaux vers la Bourse. Plus récemment, les investisseurs ont également spéculé sur la possible inclusion des actions chinoises domestiques (actions A) dans le prestigieux indice MSCI World, référence mondiale. La hausse des Bourses a bien évidemment renforcé la spéculation, avec à la clé des valorisations extrêmement tendues. Hors banques, sollicitées au chevet des pouvoirs locaux lourdement affectés par le ralentissement de l’immobilier, les actions chinoises A affichent des ratios cours/bénéfices de plus de 60 alors que les profits n’ont jamais autant déçu depuis 2009.

Ruiné en une Assemblée générale

La comptabilité de certaines entreprises demeure de plus douteuse. Hanergy THin Films, devenu de loin la première capitalisation boursière mondiale dans le solaire, a ainsi perdu la moitié de sa valeur en quelques dizaines la semaine dernière. Seule explication, le Président et principal actionnaire Li Hejun était absent à l’Assemblée générale. Depuis, le titre est resté suspendu et les cadavres sont ressortis des placards, notamment le fait que la société réalise 61% de son chiffre d’affaires auprès de sa société-mère … qui ne paie que très peu de factures. Li Hejun est ainsi passé du statut de Chinois le plus riche à celui de cible d’une enquête du régulateur hongkongais.

Investissements à crédit

Autre anecdote croustillante de la bulle des actions chinoises, la société Beijing Baofeng Technology s’est introduite en Bourse le 23 mars et a progressé quasiment chaque jour de limite maximale de 10% jusqu’au 20 mai, multipliant le cours par 42. Son fondateur est ainsi passé en 2 mois de Président d’une start-up à milliardaire (en dollars). Depuis une semaine, le titre baisse toutefois et la correction a viré au plongeon ce jeudi (-9,4%) alors que plusieurs courtiers chinois ont averti qu’ils exigeraient davantage de dépôts pour les investissements à la marge. Ces derniers permettent d’investir plusieurs fois (jusqu’à 10, voire 100 sur certains marchés) le montant de ses dépôts, en faisant un outil de spéculation important et un révélateur de la confiance des investisseurs. Force est de constater que le climat avait viré à l’euphorie en Chine, ces investissements à la marge représentant 9,2% de la valeur des actions cotées en Chine contre des pics à environ 3% en 2000 et 2008 pour la Bourse de New-York.

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