La Fed pas si indécise que cela

Les Bourses mondiales ont fortement réagi à la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine, plusieurs participants s’étant montrés favorables à une réduction des rachats d’actifs par la Fed dès cet été. Leur influence demeure toutefois minime cette année.

Les faucons (hawk en anglais) et les colombes (dove en anglais) se sont de nouveau affrontés lors de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) les 30 avril et 1er mai derniers. Les premiers sont partisans d’une réduction, voire d’un arrêt, à court terme du QE3, le troisième plan d’assouplissement monétaire de la Fed mis en place l’année dernière pour une durée illimitée et prévoyant des rachats de Bons du trésor américains et de titres liés à des crédits hypothécaires à concurrence 85 milliards de dollars par mois afin de soutenir l’économie US.

Selon les faucons, l’objectif en termes d’emplois est déjà atteint étant donné que le taux de chômage a reculé de 8,1% à 7,5% depuis le lancement effectif du QE3 en septembre dernier et les risques (inflation, bulle financière) liés à la poursuite de ce programme deviennent conséquents.

Les colombes, plus laxistes sur le plan monétaire, examinent le marché de l’emploi dans une perspective historique. À 7,5%, le taux de chômage demeure sensiblement supérieur à sa moyenne historique de moins de 6% aux États-Unis et le nombre de chômeurs de longue durée reste deux fois plus élevé que le pic atteint en 2003 lors de la récession du début du 21e siècle.

Bien que plusieurs participants (votants ou non) à la réunion de la Fed ont émis l’idée de réduire les rachats de la Fed dès cet été, un seul membre votant du Comité monétaire -sans aucun doute Esther George, Président de la Fed de Kansas City- peut être rangé parmi les faucons alors que 10 (sur 12) sont à classer dans la catégorie des colombes, dont Ben Bernanke qui a déclaré hier devant le Congrès que la Fed devrait poursuivre sa politique monétaire accommodante sans réduire ses rachats d’actifs à court terme. À noter que James Bullard, Président de la Fed de Saint-Louis et considéré comme neutre sur l’échelle de l’orthodoxie monétaire, a soutenu le QE3 lors d’un discours mardi.

La Fed votera donc sûrement le maintien de sa politique lors de ses prochaines réunions à la mi-juin et à la fin juillet. Cela ne signifie toutefois pas qu’elle poursuivra sur cette voie pendant des années, les inquiétudes concernant les risques liés au QE3 pouvant s’amplifier au fur et à mesure que le bilan de la Réserve fédérale américaine gonfle. Par ailleurs, le Comité monétaire connaîtra d’importants changements l’année prochaine avec la fin du mandat de Ben Bernanke en janvier et l’intégration, en raison de la tournante au sein des présidents des bureaux régionaux de la Fed, de Charles Plosser et Richard Fischer, deux faucons patentés.

Tous les observateurs s’accordant sur le fait que la politique de la Fed a eu un impact plus ou moins grand sur l’évolution des Bourses, les décisions de son Comité monétaire deviennent évidemment cruciales pour les investisseurs.

Cédric Boitte

www.accioz.be

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