La taxe sur la spéculation, un coup dans l’eau ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

La taxe sur la spéculation semble s’avérer une mesure pour rien. C’est surtout le commerce des petites actions qui pâtit de l’impôt. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement.

La taxe sur la spéculation a été instaurée le 1er janvier 2016. Toute personne qui revend ses actions dans les six mois suivant l’achat doit désormais payer 33% d’impôt sur la plus-value. Les moins-values ne peuvent pas être déduites.

Moins d’intérêt pour les petites actions

Ce sont surtout des investisseurs au profil plus spéculatif qui investissent dans une introduction en bourse d’une entreprise de biotechnologie. Auparavant, ce type d’introduction en bourse se déroulait bien, plus maintenant

Le gouvernement compte sur un revenu de 34 millions d’euros, mais il semble que le ministre des Finances Johan Van Overtveldt doive revoir ce pronostic. Des chiffres d’Euronext, que De Tijd a pu consulter, il ressort que le commerce des petites actions s’est presque réduit de moitié (-48%) à la bourse de Bruxelles cette année par rapport à la même période l’an dernier.

Selon Sven Sterckx, le président de la Fédération Flamande des Investisseurs, le climat de marché a certainement contribué à la diminution du nombre de transactions boursières. “Mais la taxe sur la spéculation pèse plus lourd”, déclare-t-il.

De ce fait, les sociétés de biotechnologie, notamment, ont des difficultés à obtenir de l’argent. Sterckx cite l’exemple d’Asit Biotech. Lors de l’introduction en bourse, les investisseurs belges ont à peine été intéressés par les actions de la société de biotechnologie. 90% des 372.000 actions vendues ont atterri dans des mains françaises. “Ce sont surtout des investisseurs au profil plus spéculatif qui investissent dans une introduction boursière d’une entreprise de biotechnologie. Auparavant, ce type d’introduction en bourse se déroulait bien, maintenant plus”, explique Gorik Nelissen, le responsable des marchés financiers chez Keytrade.

Moins de revenus pour le gouvernement

La diminution d’appétit chez les plus petits investisseurs est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Ce dernier retirera non seulement moins d’argent via la taxe sur la spéculation, mais il voit aussi les revenus de la taxe boursière se rétrécir considérablement depuis le début de l’année. A l’achat et à la vente d’actions, les investisseurs doivent payer 0,27% de taxes. Pour le commerce des fonds de capitalisation, ils payent 1,32% et pour les obligations 0,09%. Dans une interview pour MoneyTalk, les courtiers en bourse mettaient déjà en garde récemment par rapport aux effets pervers de la taxe sur la spéculation.

Keytrade fait notamment savoir dans De Tijd que, au cours des quatre derniers mois, ils ont perçu 55% de taxe boursière en moins. La taxe sur la spéculation ne compense pas cette diminution. Les revenus de la taxe boursière et de la taxe sur la spéculation réunis ont chuté de 29%.

La maison de bourse Leleux a aussi signalé une baisse des revenus des taxes. La taxe boursière a généré 1,1 million de moins, la taxe sur la spéculation a rapporté quelque 471.000 euros.

Pour finir, les chiffres d’Euronext nous apprennent que le commerce des actions de taille moyenne subit moins la taxe sur la spéculation. Ce commerce a seulement chuté de 2,4% au cours des quatre derniers mois. (NS)

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