Le coût d’un Grexit estimé à 300 Milliards Euro

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Si la Grèce venait à sortir de la zone euro son inflation grimperait à 25%, son taux de chômage à 30% et sa devise perdrait rapidement 50% de sa valeur, d’après Axa Investment Managers.

Dans son billet hebdomadaire faisant le point sur les marchés financiers et leurs perspectives, le moins qu’on puisse dire est qu’AXA Investment Managers, Research & Investment Strategy, est franchement pessimiste pour les mois qui viennent.

Le degré de noirceur du scénario envisagé par les stratèges du groupe d’assurance dépend en grande partie de l’issue des élections grecques de ce weekend.

Deux scénarios après les élections grecques

La probabilité que la Grèce se retire de la zone euro (Grexit) a crû spectaculairement depuis les élections du 6 mai. Axa entrevoit deux scénarios possibles.

Scénario optimiste : reprise du financement

Selon leur scénario optimiste, le nouveau gouvernement tente de renégocier sans remettre en question les termes du plan de sauvetage. Il se rend vite compte que cela est infaisable et que le mieux qu’il puisse obtenir est une extension d’un an de la date limite de consolidation budgétaire définie dans le cadre du deuxième plan de sauvetage (2014). Il convient alors avec la troïka de nouvelles mesures budgétaires de 11 mds € entre 2013 et 2014. Puis il parvient à un accord avec les banques grecques sur les conditions de leur recapitalisation tardive. Le financement externe de la Grèce reprend finalement.

Scénario pessimiste : sortie de la Grèce

Dans le scénario pessimiste, le gouvernement revient sur les promesses faites à la troïka, annule l’assainissement budgétaire réalisé à ce jour et refuse de faire du remboursement de la dette publique la priorité numéro un. La troïka des bailleurs de fonds internationaux gèlent alors le financement de la Grèce, y compris les fonds affectés à la recapitalisation de son système bancaire. En conséquence, la Banque centrale européenne (BCE) refuse de fournir des liquidités aux banques grecques et ne permet pas à la Banque de Grèce de d’assurer la liquidité. Les banques grecques sont incapables de trouver des liquidités et d’arrêter les retraits massifs de dépôts. La Grèce se résout à quitter la zone euro et à imprimer sa propre monnaie, la Nouvelle Drachme Grecque (NGRD), pour financer son système bancaire. Emise à parité avec l’euro, la NGRD se déprécie immédiatement, perdant en 12 mois environ 50% de sa valeur.

Evaluation des coûts du Grexit

Axa estime le coût direct d’un Grexit à 300 milliards € pour le secteur public non grec seul, sur l’hypothèse d’une dévaluation de 50% de la Drachme par rapport à l’euro et d’un taux de recouvrement de 25%. Le coût indirect résulte, lui, de l’impact négatif sur les valorisations de marché, des effets de contagion transfrontalière et des dommages à l’économie réelle, y compris les fuites de liquidités.

En extrapolant le défaut souverain de l’Argentine en 2002, nous prévoyons que le PIB réel de la Grèce se contracterait de 15%, tandis que l’inflation augmenterait à 25% et le chômage de 30%. Un malaise social grandissant et de violentes protestations ne feraient qu’ajouter à la détresse économique, avec des citoyens faisant la queue pour des rations de marchandises importées. Étant donné que la Grèce resterait dans l’UE suite au Grexit, elle aurait accès à des fonds limités du budget de l’UE pour contenir la détresse sociale, complétés par des fonds du FMI.

K.H

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