Les fonds en action ont encore du potentiel sur le Vieux continent

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L’année a été faste pour les fonds en actions européennes et ce n’est (probablement) pas fini.

Les fonds en actions européennes ont connu un excellent début d’année, aidés par un apaisement des tensions politiques et par une accélération économique globalisée qui a favorablement influencé les résultats d’entreprise. Et les gestionnaires que nous avons rencontrés semblent convaincus qu’il reste encore du potentiel pour les prochains mois.

Petites capitalisations

Ce sont surtout les petites capitalisations européennes qui se sont particulièrement bien comportées depuis le début de l’année, et trustent les meilleures performances avec des progressions qui ont dépassé les 20 % pour les meilleurs élèves. En tête du peloton, nous trouvons le fonds Objectif Small Cap Euro (Lazard Frères Gestion), un fonds concentré sur une cinquantaine de positions qui a dégagé une performance annualisée supérieure à 20 % sur les cinq derniers exercices.

Les gestionnaires apprécient plus particulièrement les sociétés rentables qui dégagent des cash-flows élevés, et ils ont donc historiquement évité la biotech, les valeurs pétrolières ou les financières pour se concentrer sur les industrielles. Le fonds est également largement surpondéré sur les small caps françaises, ce qui a également joué en faveur de sa bonne performance depuis le début de l’année.

“Value”

Pour les fonds exposés sur les grandes capitalisations, ce sont les produits exposés sur les valeurs de croissance ou les stratégies mixtes qui ont dégagé les meilleures performances, tandis que les stratégies value (visant des secteurs fortement sous-évalués par rapport au reste du marché ou par rapport à leurs niveaux historiques) sont restées à la traîne, après avoir connu une bonne passe durant le deuxième semestre 2016. Plusieurs gestionnaires estiment toutefois que ces stratégies value pourraient refaire leur retour durant les prochains mois.

Pour Jeffrey Taylor (head of equities chez Invesco et gestionnaire du fonds Invesco Euro Equity Fund), les stratégies value sont appelées à revenir sur le devant de la scène. ” Sur le long terme, il y a un lien étroit entre la performance d’un portefeuille et le prix payé. Il faut acheter de bonnes sociétés lorsque le prix est attractif “. Et après avoir connu un passage à vide depuis le début de l’année, il estime qu’il ” est rationnel de s’attendre à un retour des stratégies value, d’autant que les écarts de valorisation entre les secteurs ont rarement été aussi importants “.

Michael Clements (gestionnaire du fonds Oyster European Opportunities) adopte également une approche value dans la gestion de son fonds. Dans cette optique, sa stratégie consiste à attendre une correction pour trouver des valeurs de qualité à des cours très attractifs. Il a ainsi récemment acheté le groupe néerlandais Flow Traders afin de s’exposer à un retour de la volatilité sur les marchés financiers. ” Le redressement de la volatilité ne fait aucun doute sur le long terme. ”

Les fonds en action ont encore du potentiel sur le Vieux continent

Résultats

” Nous sommes désormais plus confiants quant à la croissance des résultats pour les entreprises européennes “, souligne Jonathan Ingram (JP Morgan Asset Management). ” A l’exception de quelques secteurs, comme celui des banques d’investissements, nous ne voyons aucune raison qui devrait empêcher les autres secteurs européens de remonter au-dessus de leurs niveaux de rentabilité d’avant la crise de 2008. ”

Jeffrey Taylor (Invesco) indique que la hausse du dollar n’est pas encore un problème pour l’économie européenne. ” Le niveau actuel reste compatible avec une croissance des résultats à deux chiffres, avec un important potentiel de redressement par rapport au S&P500. Cette croissance des résultats devrait soutenir une performance positive si le rapport cours/bénéfice du marché reste stable. Il y a selon nous de moins en moins de raisons pour ne pas être investi sur les marchés européens. ”

Rajesh Tanna (JP Morgan Asset Management) souligne également que la remontée du dollar ne devrait pas constituer un problème. ” A 1,17 dollar, il se trouve plus ou moins au même niveau que l’année dernière à la même époque. En outre, l’amélioration de la conjoncture internationale a un effet nettement plus positif que l’impact de la hausse du billet vert. ”

Secteurs

Dans un contexte d’accélération de la croissance économique et d’un impact faible du dollar et de l’inflation, Jeffrey Taylor s’attend à ce que ce soient les valeurs domestiques qui réalisent les meilleures performances durant les prochains mois : ” Avec une demande intérieure qui reste bien orientée, ces valeurs sont actuellement le meilleur choix pour s’exposer sur les marchés “. A l’heure actuelle, il surpondère des secteurs qui affichent des décotes importantes comme les valeurs financières, les pétrolières ou les télécoms. ” C’est dans ces secteurs que se trouvent les meilleures opportunités actuelles, de même que sur certains titres italiens ou espagnols. ” Pour les valeurs bancaires, il indique notamment que le redressement des marges d’intérêt et le retour de comportements plus rationnels sur le marché devraient permettre une progression des résultats plus visible. A l’inverse, il reste largement à l’écart des producteurs de biens de consommation ou des producteurs d’électricité. ” Leur comportement est calqué sur celui des obligations souveraines, et nous préférons rester à l’écart dans le climat actuel “, conclut-il.

La technologie européenne

Si le segment des fonds investis en actions technologiques est traditionnellement dominé par les stratégies fortement exposées sur les géants américains, le fonds JP Morgan Europe Dynamic Technologies a dégagé une performance qui le place parmi les meilleurs fonds européens, mais également parmi les meilleurs fonds technologiques globaux. “L’Europe ne dispose pas de grandes locomotives commerciales comme Amazon ou Facebook, mais elle propose plusieurs sociétés qui sont à des endroits stratégiques dans la création de valeur sur le secteur, notamment dans le domaine des semi-conducteurs ou des senseurs”, souligne Jonathan Ingram (gestionnaire du fonds).

Il souligne que l’informatisation des lieux de vie représente une opportunité fantastique pour ces groupes, de même que le développement d’usines totalement automatisées. “C’est dans ces domaines que nous nous attendons à voir la plus forte croissance, et les sociétés européennes sont très bien placées”, avec notamment un groupe comme ASML. Toujours dans le domaine des équipements, il souligne que le passage de la 4G vers la 5G devrait être plus rapide que prévu, et nécessitera une mise à niveau des infrastructures télécoms qui profitera notamment à un groupe comme Nokia, qui est resté un acteur très bien positionné dans ce domaine.

S’il est moins enthousiaste sur les perspectives dans les logiciels, Jonathan Ingram souligne néanmoins qu’il apprécie les groupes actifs dans les paris en ligne, ou les éditeurs de jeux électroniques qui parviennent à monétiser leurs plateformes.

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