Ne misez pas sur Donald Trump … ni sur ArcelorMittal

Autoroutes du New Jersey sous la pluie, 26 novembre 2014 © Reuters

Les analystes de Barclays estiment que le vaste plan d’investissement dans les infrastructures promis par Donald Trump n’aura que peu d’impact sur la consommation de métaux. Cette prévision remet en cause la hausse de prix des derniers mois.

À l’été dernier, il était encore question de prix exceptionnellement bas pour les métaux sur fond de demande léthargique et d’offre abondante. Depuis la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles, les cours se sont toutefois affolés. La livre de cuivre a bondi de 22% à 2,65 dollars. La tonne de minerai de fer s’est appréciée de 41% à près de 80 dollars, au plus haut depuis l’automne 2014. Le cours de la tonne de zinc s’est même emballé, frôlant les 3000 dollars fin 2016 -près du double de janvier- pour la première fois depuis 2007 quand il était encore question de pénurie de matières premières. Cela a évidemment directement profité aux producteurs de ces métaux, à savoir les groupes miniers et sidérurgiques, ArcelorMittal cumulant les deux casquettes.

Investissement dans les infrastructures

L’une des principales explications de cette hausse du prix des métaux est la politique d’investissement dans les infrastructures promise par Donald Trump. Au total, le 45e Président des États-Unis compte rassembler une enveloppe de 1000 milliards de dollars. Pour quel impact ? Les analystes de Barclays ont examiné l’impact du plan de relance de Barack Obama lancé en 2009. Au total, il a été doté de 837 milliards de dollars dont 105 milliards de dollars ont directement été investis dans les infrastructures. Selon l’analyse de Barclays, l’effet sur la demande de cuivre a été limité, la consommation de cuivre aux États-Unis ayant surtout été influencée par le sauvetage et la reprise du secteur automobile à partir de 2009. “Le plan de relance n’est également pas parvenu à augmenter la production d’acier au-delà de sa tendance normale”.

Un impact extrêmement limité

En chiffres, Dane David estime “qu’une hausse de 100 milliards de dollars des dépenses de construction aux États-Unis augmente la consommation de 73 000 tonnes de cuivre, 4,7 millions de tonnes d’acier et 7,5 millions de tonnes de minerai de fer”. Un impact limité selon l’analyste de Barclays. Même multiplié par 10 pour atteindre les 1000 milliards de dollars promis par Donald Trump, cela représente en effet à peine 3% de la consommation annuelle mondiale de cuivre et de minerai de fer. Un effet à lisser évidemment sur toute la durée du plan d’investissement. Cela ne sera donc vraisemblablement pas suffisant pour rééquilibrer ces marchés en situation de suroffre.

Spéculation chinoise

Wei Yao, Économiste chez Société Générale, a d’ailleurs une toute autre explication à la récente envolée du prix des matières premières : l’argent fou en Chine. Confrontés à l’encéphalogramme plat des actions chinoises depuis l’explosion de la bulle en 2015, au renforcement des mesures visant à réduire la spéculation sur l’immobilier et aux contrôles des capitaux de plus en plus stricts, les spéculateurs chinois se sont à nouveau rabattus sur les matières premières. Ils ont ainsi dopé le prix de l’acier, du verre, du cuivre, du charbon ou même de la gousse d’ail… Des envolées de cours n’ayant pas de réels fondements. Les stocks de minerais de fer atteignent par exemple des records dans les ports chinois, la hausse des prix n’étant pas justifiée par l’évolution de la demande.

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