Nyrstar acculé … jusqu’à la fin ?

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Après de piètres résultats annuels, Nyrstar replonge en Bourse ce jeudi alors que les groupes miniers visent à fortement raboter la rémunération des fondeurs de zinc. Pour une société ayant déjà subi 5 pertes annuelles consécutives, cela pourrait être le coup de grâce.

Ce mercredi, Nyrstar annonçait une nouvelle perte nette, une chute de 28% de son excédent brut d’exploitation et une hausse de 11% de sa dette nette à 865 millions. Le tout combiné a sensiblement dégradé sa structure financière. Dès ce mercredi, les marchés craignaient ainsi une nouvelle augmentation de capital destinée à renflouer le groupe. Avant même que la revue spécialisée Metal Bulletin évoque des négociations désastreuses entre groupes miniers et fondeurs (comme Nyrstar ou Korea Zinc) concernant les frais de traitement (du minerai en métal) du zinc pour 2017.

Tarifs rabotés au strict minimum

Les groupes miniers auraient proposé 100 dollars par tonne en éliminant les cliquets (liant les frais de traitement avec le prix du zinc) et en relavant de 85% à 95 % la part du zinc due – les fondeurs jouissent actuellement d’un quota de “métal gratuit”, Nyrstar récupérant 96,5% du zinc contenu dans les minerais mais n’en payant que 85%. Cette proposition retirerait donc aux fondeurs quasiment l’ensemble des revenus obtenus du “métal gratuit” (31% des revenus des fonderies de Nyrstar en 2016). Concernant les frais de traitement (44% des revenus), les fondeurs profitent actuellement d’un tarif total de 272 dollars par tonne sur la base des accords 2016 selon Metal Bulletin. Lors de leur conseil d’achat début février, les analystes de Goldman Sachs tablaient encore sur tarif de référence de 187 dollars.

Les groupes miniers en position de force

Évidemment, les négociations devraient permettre aux fondeurs de limiter la casse mais les exigences des groupes miniers illustrent leur position de force. À l’image de Glencore, ils ont volontairement réduit leur production depuis l’année derrière, créant une pénurie de minerais. Cela a dopé le prix du zinc (+85% depuis début 2016) mais a également généré un excès de capacité du côté des fonderies. Sur les marchés chinois, les frais de traitement ont même plongé jusqu’à une trentaine de dollars par tonne. Désormais, les groupes miniers entendent clairement profité de leur position de force et sont d’autant plus enclins à le faire que les fondeurs leur avaient mené la vie dure quand le prix du zinc était au plus bas.

Une solvabilité en question

Nyrstar, habitué aux changements de managers ces dernières années, semble ainsi à nouveau se situer à contre-courant, ayant déjà bien entamé sa stratégie de vente de ses activités minières pour investir dans ses fonderies. Dans un contexte de rebond du coût de l’énergie, la perte d’un tiers du “métal gratuit” et des frais de traitement par rapport à 2016 (211 dollars en moyenne par tonne) rendrait tout simplement ce coeur de métier déficitaire sur une base opérationnelle, sans même tenir compte du coût des installations (amortissements) et des charges financières. Avec encore d’importants investissements à consentir sur son site australien de Port Pirie (notamment pour se conformer aux normes environnementales) et deux prêts à rembourser pour un total de 470 millions en 2018-2019, le futur de l’entreprise apparait extrêmement chaotique.

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