Obligations: “Les investisseurs les plus prudents vont probablement subir de fortes pertes”

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Pascal Paepen, professeur en ‘Investissements’ au Hoger Instituut voor de Kempen, est d’avis que de fortes pertes menacent même les investisseurs les plus prudents.

Il a fait cette déclaration au cours d’un débat avec Jean-Paul Servais, président du FSMA, l’autorité des services et marchés financiers, diffusé sur Canal Z.

Les banquiers conseillers en placement sont inquiets. Et pour cause, les investisseurs les plus défensifs vont, dans un avenir proche, probablement subir de fortes pertes, selon leurs prédictions. La réglementation européenne MIFID, censée protéger le consommateur, pousse en effet ces investisseurs prudents vers des portefeuilles constitués de beaucoup d’obligations. Et ces actifs sont précisément très risqués aujourd’hui.

Récemment, les taux d’intérêt à long terme ont commencé à grimper et l’on prévoit que ceux-ci pourraient continuer à augmenter. “Les gens pensent souvent que c’est avantageux si le taux d’intérêt de leurs obligations augmente. Le contraire est vrai. Cela signifie une perte. Le récent sursaut du taux d’intérêt n’est encore qu’un avant-goût de ce que nous allons encore voir. Car ce faible taux d’intérêt est la plus grande bulle que nous ayons jamais vue”, dit Pascal Paepen à ce sujet.

Jean-Paul Servais n’est pas d’accord avec l’analyse selon laquelle les règles MIFID auraient actuellement des manquements. Et il les applique également strictement, nous explique-t-il. Il a ainsi conclu des accords avec les banquiers, en 2011 déjà, pour ne plus proposer des produits avec des dérivés complexes aux clients. “Au total, nous avons examiné 3.000 produits et nous avons clairement précisé lesquels n’étaient plus autorisés; nous avons été très proactifs en cette matière”, explique Servais.

Pascal Paepen n’est tout de même pas rassuré. “Les produits complexes restent beaucoup trop compliqués. Le monde financier n’est également absolument pas devenu plus prudent dans ce domaine.”

Selon la Banque des Règlements Internationaux, l’exposition internationale aux dérivés s’élève actuellement à 550.000 milliards de dollars, ce qui est 7,5 fois le PIB international.

“Je pense que des erreurs vont se produire. Les banquiers d’affaires ne sont pas toujours aussi intelligents. En soi, il n’y a rien de mal, avec les dérivés. Cela a permis à l’époque aux fermiers de pouvoir convenir un prix à l’avance. Mais ils ont évolué trop loin. Nous sommes réellement sur la mauvaise voie.”

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