Peugeot au centre de rumeurs et objet politique

L’agence Reuters a relayé le week-end dernier des rumeurs d’augmentation de capital de Peugeot devant permettre au groupe Chinois Dongfeng et à l’État français de devenir les actionnaires de contrôle du deuxième constructeur automobile européen.

Cela fait désormais plusieurs mois que les marchés sont envahis de rumeurs d’alliance entre Peugeot et Dongfeng, qui est déjà le principal partenaire du groupe Chine où Peugeot devrait vendre davantage de voiture qu’en France dès l’année prochaine. Ce partenariat renforcé ferait suite à l’échec de l’alliance avec General Motors qui n’a visiblement pas voulu aller au-delà de l’accord signé en 2012 et prévoyant essentiellement la mise en commun des achats et du développement de certains modèles en Europe afin de réduire les coûts. Le géant de Détroit freinerait par contre notamment le développement en commun en Amérique latine ou en Inde, certains observateurs épinglant le rôle joué par SAIC, partenaire de General Motors en Chine où son principal concurrent n’est autre que Dongfeng.

L’accord prévoirait une injection de 1,5 milliard du groupe chinois qui deviendrait ainsi le premier actionnaire de Peugeot avec 20% à 30% du capital. Comme de coutume lorsqu’il s’agit d’un grand groupe national, l’État français verrait d’un mauvais oeil cette prise de contrôle et prendrait une participation similaire. Au total, l’augmentation de capital atteindrait donc 3 milliards, colossal par rapport à la capitalisation boursière actuelle de 4 milliards. Fondamentalement, on est en droit de s’interroger si ces fonds sont réellement nécessaires, Peugeot ayant vu sa situation et ses perspectives nettement s’améliorer depuis le début de l’année avec une forte réduction de la consommation de trésorerie (de 3 milliards en 2012 à moins de 1,5 milliard en 2013) et un début de stabilisation du marché automobile européen, son principal handicap ces dernières années. À la fin juin, le groupe pouvait de plus compter sur une trésorerie brute de 7,7 milliards.

Fondamentalement, les marchés craignent également qu’en devenant un actionnaire de référence, l’État français freine la restructuration nécessaire de Peugeot qui a déjà planifié la fermeture d’un site près de Paris et la réduction de la voilure de son usine de Rennes. Mais d’autres mesures pourraient être nécessaires à l’avenir, Peugeot privilégiant logiquement ses sites espagnols plus compétitifs en Europe, une direction que le gouvernement français risque évidemment de ne pas partager.

Cédric Boitte

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