PIMCO: des arguments pour le rendement

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Sur le long terme, la capacité d’un portefeuille à dégager du rendement reste cruciale pour l’accumulation de capital.

Le départ de Bill Gross en 2014 (vers Janus Capital) avait provoqué une onde de choc chez PIMCO (Pacific Investment Management Company) et provoqué des sorties de capitaux importantes. En tout, ce sont plus de 250 milliards de dollars qui sont sortis des produits du gestionnaire durant quelques mois, et notamment du produit vedette PIMCO GIS – Income Fund. La gestion de cette stratégie avait été reprise par Dan Ivascyn et par Alfred Murata suite au départ de Bill Gross.

Depuis la fin 2014, les actifs sous gestion de ce produit très défensif sont repartis à la hausse, et atteignent désormais près de 60 milliards d’euros pour le produit européen après un doublement de la taille durant l’année 2017, notamment grâce à la capacité des gestionnaires à dégager un revenu appréciable (distribué mensuellement) qui s’est historiquement accompagné d’une appréciation du capital avec une volatilité extrêmement maîtrisée, en plus d’un rating Morningstar qui est resté stable autour de quatre ou cinq étoiles. Plus de 300 gestionnaires et analystes travaillent sur la gestion de ce fonds gigantesque qui totalise plus de 200 milliards de dollars en actifs sous gestion.

Depuis 2016, Alfred Murata a également été nommé dans l’équipe de gestion de tous les fonds Income proposés par le gestionnaire américain sur le territoire belge ( voir tableau), un ensemble qui reprend quatre fonds obligataires ainsi qu’un fonds mixte.

Deux poches

PIMCO GIS – Income Fund a dégagé un rendement supérieur à 4,2 % sur les 12 derniers mois, avec une appréciation du capital qui a dépassé en moyenne 3 % durant les cinq dernières années. Alfred Murata souligne que cette performance est à mettre au crédit d’une approche ” multi- secteur, indépendante des indices de référence, et qui va utiliser toutes les ressources à notre disposition pour trouver les meilleures idées génératrices de rendement régulier sur l’ensemble des marchés obligataires au niveau global “.

Ces dernières années, nous avons investi de manière significative sur le marché australien.” Alfred Murata

Afin de réaliser cet objectif, les actifs sous gestion sont typiquement séparés en deux poches : une poche avec des actifs dégageant des rendements plus élevés, qui devraient bénéficier d’un contexte économique plus robuste, et une poche d’actifs de qualité qui doivent, au contraire, réaliser une bonne performance lorsque la croissance économique est plus faible. ” Combiner ces deux approches permet de réaliser nos objectifs de gestion quel que soit le contexte économique global, indique encore Alfred Murata. Il faut aussi savoir rester patient. Nous consacrons souvent beaucoup de temps à préparer un dossier afin de prendre une position sur un émetteur mais cela ne signifie pas que le retour vers notre valorisation va se faire rapidement. ”

Le risque des taux

La perspective d’une hausse des taux obligataires constitue un défi de taille pour un fonds comme celui de PIMCO. ” Pour un gestionnaire actif, il existe toutefois de nombreux moyens de naviguer dans un environnement de hausse des taux, souligne Alfred Murata. Comme la possibilité d’ajuster la sensibilité du portefeuille par rapport à une hausse des taux en fonction du scénario macroéconomique fixé au niveau du groupe “, par exemple en diminuant la duration du portefeuille lorsque les taux sont bas et que les risques d’une correction sont importants, ou inversement, en allongeant les maturités lorsque les taux grimpent et que les rendements deviennent attractifs.

” Une autre manière de gérer le risque d’une hausse des taux est de regarder au niveau global, et de profiter du contexte obligataire sur d’autres marchés que les grands marchés occidentaux, et diversifier ainsi notre exposition sur le risque de taux. Ces dernières années, nous avons, par exemple, investi de manière significative sur le marché australien, un marché développé de haute qualité, où les taux d’intérêt ont été orientés à la baisse en raison d’un contexte économique déprimé. ”

Et Alfred Murata de souligner également qu’il existe également des produits obligataires dont la performance va être plus forte dans un contexte de plus forte croissance économique (par exemple des titres adossés à des créances hypothécaires aux Etats-Unis, ou mortgage backed securities), ce qui permet également de tempérer ce risque au niveau du portefeuille.

PIMCO: des arguments pour le rendement

L’accent sur le marché américain

En vue de profiter d’un contexte favorable au niveau économique, la stratégie actuelle va privilégier les pays de haute qualité qui dégagent des rendements relativement plus élevés et donc, notamment, le marché américain. ” Les taux obligataires ont été orientés à la hausse ces 12 derniers mois et nous avons donc profité de la hausse des rendements pour ajouter des flux de revenus de qualité dans le portefeuille. Ceci permet également de renforcer la protection du portefeuille en jouant sur le statut de valeur refuge du marché américain si une période de forte volatilité survenait. ” Il est toutefois resté à l’écart des plus longues maturités, qui seraient particulièrement vulnérables en cas d’apparition soudaine de fortes pressions inflationnistes.

A l’inverse, PIMCO GIS – Income Fund est positionné à la baisse sur le marché japonais (en vue donc de bénéficier d’une hausse des taux). ” Cette position est asymétrique, avec peu de risque baissier. Nous pensons que si les taux obligataires continuent de grimper au niveau global, la banque centrale japonaise sera progressivement mise sous pression pour modifier sa politique de contrôle sur la courbe des taux, ce qui ouvrira la porte à une hausse des taux nippons. ”

La taille du fonds

La taille atteinte par le portefeuille (environ 200 milliards de dollars au niveau global) n’est pas spécialement de nature à inquiéter Alfred Murata. ” Elle est importante, mais reste encore très modeste par rapport à la taille des marchés financiers globaux (environ 170.000 milliards de dollars). Nous avons également une longue expérience dans la gestion d’un portefeuille d’une telle taille, en nous appuyant sur une très large équipe de gestionnaires et d’analystes au niveau global “.

Le point de vue de Morningstar

Dans sa dernière analyse consacrée au fonds géant de PIMCO, l’analyste de Morningstar a accordé un rating Argent au produit géré par Dan Ivascyn et Alfred Murata en raison des nombreuses qualités découlant de son processus de sélection, de son allocation entre les différentes classes d’actifs, accompagné d’une volatilité très maîtrisée et d’un revenu attractif. ” Cette stratégie a montré une bonne capacité de résistance, notamment en 2011 et 2013, et n’avait concédé qu’un léger recul en 2008. ”

Il souligne que PIMCO GIS – Income Fund s’est fortement appuyé ces dernières années sur les dettes hypothécaires titrisées sur le marché américain, en se concentrant sur les meilleures tranches. ” Les gestionnaires soulignent que ce type d’actifs offre toujours un profil très attractif, similaire à la dette à haut rendement avec moins de risques. ” La diminution de la taille de ce marché suite à la crise de 2008 a toutefois contraint une évolution vers les marchés internationaux.

” Les gestionnaires estiment que la taille atteinte par le portefeuille n’est pas un inconvénient et qu’ils seront en mesure de maintenir ses objectifs en termes de performance et de rendement dans le futur. Pour notre part, nous préférerions voir la firme prendre des mesures pour protéger l’allocation d’actifs d’une trop grande dilution. “

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