Prix bas du pétrole garantis pour l’OPEP

Représentants des pays de l'OPEP réunis à Dubaï, le 13 novembre 2014 © Belga Image

L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s’est félicitée dans son dernier rapport d’une hausse de la demande mondiale de brut et d’un ralentissement de l’offre de ses concurrents. Une victoire à la Pyrrhus, la puissante organisation admettant également qu’elle ne peut désormais envisager d’obtenir un prix de plus de 50$ à 55 $ par baril pour son or noir.

En début de semaine, le Fonds monétaire international relevait ses prévisions pour l’économie mondiale. Cette accélération de la conjoncture se traduit par une plus forte consommation de brut. L’OPEP a ainsi de nouveau relevé ses prévisions de demande pour 2017 à 96,8 millions de barils par jour (mb/j) et pour 2018, à 98,2 mb/j.

Baisse des stocks, hausse des cours

L’OPEP souligne également un certain essoufflement de la production de pétrole de ses concurrents, notamment les États-Unis. Combiné à l’accord de réduction de la production conclu entre l’organisation et la Russie notamment, cela permet de rééquilibrer le marché pétrolier mondial. Selon l’OPEP, les stocks de brut dans les pays de l’OCDE sont repassés sous 3 milliards de barils en août, une évolution ayant soutenu les prix. Le prix moyen de référence l’OPEP a ainsi progressé à 53,44 dollars par bail en septembre, au plus haut depuis juillet 2015.

Le pétrole de schiste fixe les prix

Face à ce bilan positif dans le chef de l’organisation, l’OPEP admet pourtant avoir perdu les commandes du cours du pétrole. “Quand le prix du baril WTI se maintient durablement sous 50$, la croissance de la production des États-Unis ralentit sur fond de baisse du nombre de forages. Les prix plus bas commencent à peser sur l’exploitation du pétrole de schiste. … Le prix du baril de pétrole devrait demeurer dans une fourchette de 50$ à 55$ l’année prochaine. Une hausse au-delà de ces niveaux inciterait les producteurs américains à étendre leurs activités de forage.”

Le parapétrolier en première ligne

En résumé, l’OPEP se satisfait des prix actuels, moitié moindre qu’entre 2011 et 2014, car c’est le maximum qu’elle peut obtenir en maintenant sa production à un niveau correct. Ce prix bas durable est avant tout une mauvaise nouvelle pour le secteur parapétrolier. Le segment le plus touché est l’exploration en mer, particulièrement coûteuse et peu attractive au cours actuel du brut. L’ex leader mondial des plateformes de forage en mer, Seadrill, a ainsi été contraint au dépôt de bilan.

Baisse des investissements et des perspectives

Les compagnies pétrolières comme Total, Royal Dutch Shell ou Exxon mobil se sont adaptées au baril à 50 $ grâce à la déflation des prix de leurs fournisseurs, aux économies de coûts et aux baisses d’investissements. Le principal risque pour les majors ne semble ainsi pas être le prix du brut actuellement mais plutôt la voiture électrique. Ben van Beurden, CEO de Royal Dutch Shell, a ainsi déclaré être certain que la consommation de pétrole atteindra prochainement un pic, peut-être dès le début de la décennie 2020. Une fin de la croissance continue de consommation d’or noir à l’impact potentiellement considérable tant cela déséquilibrerait le rapport classique entre l’offre et la demande. Les mesures pour y faire face se font toutefois attendre. Total s’était montré ambitieux avec le rachat de la majorité du producteur de panneaux solaires SunPower, l’acquisition du spécialiste des batteries Saft ou la reprise de Lampiris chez nous. Depuis, les projets semblent toutefois avoir été rangés au placard sur l’autel de la baisse des investissements. La stratégie financière est axée sur la maximalisation de la génération de cash par les actifs dans le but de continuer à financer les dividendes

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