Trois leçons tirées de la crise financière

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Ce jeudi 14 septembre, cela fait exactement dix ans que les Britanniques ont fait la file aux guichets de la Northern Rock. La banque britannique venait de solliciter un crédit d’urgence auprès de la Bank of England et les épargnants craignaient de ne pas pouvoir récupérer leur épargne. Quelles leçons en avons-nous tirées dix ans plus tard ?

Environ un an après les retraits massifs à la Northern Rock, la banque d’affaires américaine Lehman Brothers faisait faillite. Ce n’était qu’un des dominos qui allaient tomber dans le système financier mondial. La crise financière a mis certaines choses en lumière, que nous ne pouvons plus jamais perdre de vue.

1. Une banque peut faire faillite

En Belgique, cette rude leçon, nous ne l’avons apprise que le week-end du 27 et 28 septembre 2008, lorsque la plus grande banque du pays a dû être sauvée par les pouvoirs publics. Fortis fut découpée en morceaux et nationalisée. Ensuite, Fortis Belgique a été vendue à la banque française BNP Paribas et suite aux protestations des actionnaires, seul Fortis Bank a été rattaché à BNP Paribas et les activités d’assurance ont abouti dans le holding qui s’appelle à présent Ageas.

Les investisseurs qui détenaient des actions de Dexia, il y a dix ans, ont aujourd’hui perdu 99,99% de leur investissement, pour ne pas dire tout. La valorisation des actions d’Ageas est inférieure de plus de 80% à celle des actions de Fortis, mais l’assureur peut encore créer de la valeur pour les actionnaires et les actionnaires ont aussi la perspective d’une petite indemnisation pour les pertes subies, dont les détails précis doivent encore être élaborés. Les actionnaires de KBC sont les plus proches du seuil de rentabilité, bien que là aussi, plus d’un quart de la valeur des actionnaires de l’époque est toujours détruite.

Avant la crise bancaire, beaucoup d’investisseurs belges mettaient plus d’argent que de raison dans un seul secteur, notamment le secteur financier. Les banques offraient un rendement élevé en dividendes et certains investisseurs se sont laissés aveugler par la hauteur de ces dividendes. S’il devait exister quelque chose comme les actions pour le bon père de famille, il est à présent prouvé qu’il ne s’agit pas des banques.

Les investisseurs doivent à tout moment être conscients qu’avec des actions, ils peuvent perdre leur argent. Un événement qui fait trembler tout un secteur peut toujours survenir. La diversification au sein d’un portefeuille d’investissement n’est dès lors pas un luxe superflu.

2. L’épargne est protégée, mais pas de manière illimitée

Dans le sillage de l’effondrement de Fortis, la protection de l’épargne a été augmentée de 20.000 à 100.000 euros afin de rétablir la confiance des épargnants dans les banques. En Belgique, la garantie de dépôts a également été étendue aux assurances vie de la branche 21. Si une institution financière fait faillite, le fonds de garantie des dépôts vous garantit un remboursement de votre perte jusqu’à 100.000 euros par client et par banque. Toutes les banques et tous les assureurs cotisent aussi auprès du Fonds de garantie pour alimenter ce fonds.

Le Fonds de garantie a déjà dû intervenir deux fois ces dernières années, lorsque le petit assureur Apra Vie et la banque Optima ont été déclarés en faillite. Lorsqu’il s’agit d’argent sur des comptes, le fonds vous rembourse normalement endéans un délai de vingt jours ouvrables. S’il s’agit d’assurances vie de la branche 21, il y a un délai de remboursement de trois mois. Après la débâcle d’Optima, l’Etat a décidé, dans des cas exceptionnels, de relever la garantie de dépôts à 500.000 euros. De plus grandes sommes d’argent peuvent être protégées, par exemple s’il s’agit de la vente de votre maison ou du versement d’un capital pour votre pension complémentaire ou d’une indemnisation d’une assurance.

La principale leçon pour les épargnants est probablement la nécessité de répartir leur argent dans plusieurs institutions financières ou celle d’investir partiellement dans des produits qui tombent en dehors du bilan de l’institution financière. Les actions, les obligations et les titres de participation dans des fonds sur un compte titres restent par exemple votre propriété et ne rentrent pas dans la faillite de la banque. Votre épargne est protégée par l’Etat, tant qu’elle ne dépasse pas le seuil de 100.000 euros par banque et par client.

Cela a peu de sens d’exagérer avec cette répartition, car les différentes banques facturent également des frais. Lors d’un décès par exemple, certaines banques comptent plus de 100 euros pour l’administration que cela engendre. Celui qui est client auprès de dix banques accable ainsi ses héritiers de 1000 euros de frais pour le dossier de succession.

3. Diversifiez vos risques, répartissez votre argent

Pas mal de Belges ont réagi à la crise financière en accumulant leurs économies sur des livrets d’épargne. Au total, 259 milliards d’euros se trouvent sur les comptes d’épargne belges. La plupart des banques n’offrent aujourd’hui plus que la rémunération minimum légale de 0,01 de taux de base et 0,1% de prime de fidélité. La vie devient plus rapidement plus chère que ce que votre épargne vous rapporte. Avec une inflation attendue de 2,1%, il en résulte une perte massive de pouvoir d’achat.

Si vous désirez que votre argent génère davantage de rendement, vous devez prendre plus de risque. Cela peut se faire en investissant dans des fonds d’investissement, dans des actions, dans des assurances de la branche 23, dans l’immobilier, etc. Si une catégorie d’investissement a de bonnes performances, d’autres catégories en auront probablement de moins bonnes. Les actions, vous pouvez par exemple aussi facilement les répartir sur les continents via des multinationales. Vous pouvez faire une diversification au niveau des secteurs via des fonds d’investissement, via des holdings ou des entreprises de portefeuille comme Sofina, Gimv ou GBL. Des obligations dans une devise étrangère peuvent vous générer un rendement supplémentaire ainsi qu’une exposition à la santé économique et politique d’une autre région.

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