Une équation à plus de 10 000 milliards €

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Dix ans après l’éclatement de la crise des subprimes, la Réserve fédérale américaine s’apprête à entamer le démantèlement de son programme de soutien. La BRI craint que l’économie mondiale, devenue encore plus dépendante aux dettes, ne soit pas prête à subir le choc.

Après avoir préparé le terrain ces derniers mois, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer ce mercredi qu’elle entame la réduction de son bilan. Ce dernier a gonflé à près de 4500 milliards $ à la suite des plans d’assouplissements quantitatifs réalisés dans le sillage de la crise. Elle a ainsi racheté pour 3700 milliards $ de Bons du Trésor américain et de titres adossés à des crédits hypothécaires américains afin de relancer la première économie mondiale. Estimant son objectif de plein emploi quasiment atteint, elle a mis fin à ses rachats en novembre 2014 mais a toutefois continué à réinvestir les titres arrivant à échéance.

Le levier des taux longs

La Fed devrait se montrer extrêmement prudente étant la première à entamer le démantèlement de son programme quantitatif, copié par bien d’autres banques centrales pour un total de plus de 10 000 milliards € au niveau mondial. Selon Robin McDonald de Schroders, elle tiendra tant les taux d’intérêt que les marchés boursiers et l’économie à l’oeil. Le baromètre le plus sensible devrait être celui des taux. L’assouplissement quantitatif a en effet eu comme principal bienfait de réduire les taux d’intérêt à long terme, ce qui a permis aux États d’alléger le coût de leurs dettes, aux ménages et entreprises de s’endetter à bon compte, et aux Bourses de profiter d’un afflux de capitaux à la recherche d’un meilleur rendement.

Investissements insuffisants

Les taux bas n’ont toutefois pas que des bons côtés. Robin McDonald souligne que le crédit bon marché “a favorisé la modélisation financière par rapport aux investissements en capital (des entreprises), ce qui a freiné la croissance future de la productivité, tandis que la destruction créatrice a été neutralisée étant donné que des entreprises faibles ont été aidées à survivre”.

“Piège de la dette”

Claudio Borio, chef du Département monétaire et économique de la BRI -la banque centrale des banques centrales-, soulignait en début de semaine que les taux bas ont eu pour effet que “le désendettement n’a pas vraiment eu lieu” exposant l’économie mondiale au “piège de la dette”. Claudio Borio s’inquiète ainsi de la hausse des dettes publiques, de la progression du taux d’endettement des pays émergents ou de “l’augmentation du pourcentage d’entreprises dont les bénéfices ne peuvent couvrir le service de la dette (ndlr: les entreprises dites “zombies”)”.

Récession imminente ?

Traditionnellement, l’inflation permet d’alléger le poids des dettes mais la hausse des prix demeure extrêmement faible au niveau mondial, sans que personne n’en connaisse véritablement la raison selon Claudio Borio. Cela a forcé les banques centrales à conserver une politique laxiste, leur offrant peu de marge de manoeuvre en cas de nouvelle récession, qui ne saurait pourtant tarder. L’économie américaine est en effet en croissance puis près de 100 mois, soit le 3e plus longue cycle d’expansion derrière les périodes 1961-1969 et 1991-2001 (120 mois).

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