Occasion manquée

Nous espérons que vous avez bien profité de votre week-end de Pâques. La météo n’était pas très clémente, dans le prolongement d’un hiver “rude” pour ce XXIe siècle. Mieux encore, peut-être êtes-vous toujours sur vos skis dans les Alpes ou au soleil quelque part dans le Sud au moment où nous écrivons ces lignes et vous ne nous lirez que plus tard. Cette année, le week-end de Pâques coïncide avec le début du deuxième trimestre.


Pour les marchés financiers, le premier trimestre 2010 n’a pas été vraiment paisible. Ce sont surtout les péripéties en Grèce qui nous ont tenus en haleine. L’absence de cohésion dans la zone euro et donc d’action énergique a aggravé la situation plus qu’il ne fallait. L’Europe s’est distinguée par la désunion plutôt que par une pensée “unie”. Et ce comportement a porté atteinte à l’image de la monnaie unique européenne. En sommes-nous quittes à présent ? Sûrement pas ! Et pas seulement parce que la solution trouvée est en demi-teinte. Celle-ci s’est révélée (pour le moment ?) tout juste suffisante pour éviter la poursuite de la spéculation sur l’euro et les obligations d’Etat grecques. Et les taux grecs à long terme n’ont pas non plus véritablement chuté.
Inutile de se leurrer, la problématique de l’endettement de la plupart des pays industrialisés (des Etats-Unis au Japon en passant par l’Europe occidentale) nous occupera encore des années. S’il est facile de faire des trous, il est plus ardu de les reboucher par la suite. Il suffit de regarder l’état du réseau routier belge pour s’en convaincre. La prise de conscience que la Grèce & Co devront sérieusement se serrer la ceinture dans les années à venir a également pesé sur les prestations des marchés d’actions. Et ce malgré les résultats 2009 qui se sont avérés plutôt positifs dans l’ensemble. La plupart des Bourses européennes (mais pas toutes) ont enregistré un bénéfice pour ce premier trimestre, mais il est généralement (très) modeste.

Les trois premiers mois de cette année n’étaient donc pas éblouissants sur les Bourses. En revanche, ce fut le cas pour la période allant de mars 2009 à mars 2010. Malheureusement, tous les investisseurs n’en ont pas bénéficié, seulement une petite minorité ! Nous avons trouvé de beaux chiffres pour illustrer nos dires et analyser la situation. Une récente enquête aux Etats-Unis dévoile que 73% des Américains (particuliers) actifs déjà depuis quelques temps sur Wall Street avouaient avoir totalement ou en grande partie manqué la croissance spectaculaire de ces douze derniers mois. 54%, soit un peu plus de la moitié, confessent même n’avoir passé aucun ordre de vente durant cette année écoulée, alors qu’ils le faisaient régulièrement avant. Quand on les interroge sur leurs motivations à ne pas acheter, c’est la peur qui revient le plus souvent. Cependant, beaucoup concèdent la nécessité de conserver suffisamment de liquidités disponibles au vu des perspectives économiques incertaines et des problèmes d’emploi.

Ce dernier point est un phénomène typiquement américain, mais la première explication vaut sans aucun doute, voire davantage pour les investisseurs européens. La culture des actions est beaucoup moins bien ancrée ici qu’outre-Atlantique. Les Européens ont donc tendance à plus vite se détourner des actions et ils y reviennent plus difficilement. C’est ce qui s’est passé chez nous. Nous avons l’intime conviction que durant la grave crise boursière de l’automne 2007 au printemps 2009, les actionnaires ont tout vendu et juré de ne plus jamais revenir sur les Bourses. Mais ces douze derniers mois, il a été tout aussi difficile d’inciter les actionnaires à revoir leurs positions en actions à la hausse. Nous parlons ici d’expérience, sur la base de nombreuses soirées d’investissement organisées l’année écoulée. En dépit d’une foule d’arguments plaidant en faveur des actions, la peur, subjective, prenait et prend encore le dessus.

Les rendements enregistrés l’année dernière illustrent bien cette occasion manquée. La théorie selon laquelle il faut “acheter bas et vendre haut” paraît simple, mais chaque fois, elle n’est mise en pratique que par une petite minorité. Progressivement, les investisseurs reviennent aujourd’hui vers les actions. Seulement maintenant que le consensus dominant au sein du secteur financier estime également qu’il n’y a pas d’alternative aux actions. Manifestement, une telle unanimité est nécessaire pour provoquer un afflux massif vers les Bourses. Cette phase doit encore venir. Généralement, ce mouvement va de pair avec la dernière partie de l’ascension. Le moment où les “acheteurs à bas prix” peuvent compter leurs gains et deviennent des “vendeurs à prix élevés”.

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