Devez-vous, oui ou non, augmenter votre épargne pension ?

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

A partir de l’année prochaine, le gouvernement donnera la possibilité aux épargnants de mettre plus de côté pour leurs vieux jours. Petit aperçu des modalités.

Cette année, les personnes qui constituent une épargne pension peuvent verser maximum 940 euros dont ils récupéreront 30 % l’an prochain par le biais de la réduction d’impôt. A partir de 2018, les épargnants pourront mettre jusqu’à 1.200 euros de côté en prévision de leur retraite mais la réduction d’impôt pour ces versements plus conséquents sera moins importante dès la barre des 940 euros franchie. Ainsi en a décidé le gouvernement cet été.

Il vous faudra chaque année choisir entre un des deux systèmes, dixit le cabinet des Finances. Vous pourrez donc verser 1.200 euros une année et 940 euros l’année suivante, en fonction de votre situation financière.

Si vous décidez de verser plus de 940 euros, vous devez informer la banque que vous n’avez plus droit à la réduction d’impôt de 30 %. Autrement dit, vous devez autoriser explicitement la banque à majorer les prélèvements. ” Le consommateur est ainsi protégé “, dit-on du côté du cabinet. Reste cette question pour les épargnants : est-il intéressant de verser plus de 940 euros ?

1. Plus ou moins de taxes ?

Quel impact aura votre choix ? Illustration par un exemple extrême. Supposons que vous versiez 940 euros l’an prochain. Vous récupérerez 282 euros l’année suivante par le biais de l’impôt sur les revenus. Si vous versez ne fût-ce qu’un euro de plus, disons 941 euros, la réduction d’impôt sera limitée à 235,25 euros, soit 46,75 euros de moins.

L’épargnant qui verse plus de 940 euros par an mais moins de 1.128 euros, devra donc payer un peu plus de taxe que lorsqu’il versait 940 euros. Pour bénéficier d’une réduction d’impôt similaire voire supérieure, en termes absolus, vous devez donc verser au moins 1.128 euros dans votre épargne-pension, dans le système de réduction d’impôt de 25 %.

Pour la plupart des Belges, la réduction d’impôt constitue l’atout majeur de l’épargne-pension. Celui qui commence à épargner à 25 ans, bénéficie annuellement de la réduction d’impôt pendant 40 ans. S’il limite ses versements à 940 euros par an, il peut bénéficier d’un avantage fiscal total de 11.280 euros sur un investissement de 37.600 euros. S’il verse 1.200 euros par an, il bénéficie de 12.000 euros de réduction d’impôt sur un investissement global de 48.000 euros.

Devez-vous, oui ou non, augmenter votre épargne pension ?

2. Plus ou moins de capital ?

Outre la réduction d’impôt, l’épargne-pension est intéressante d’un autre point de vue. Son rendement est meilleur que celui du carnet d’épargne. La comparaison avec le carnet d’épargne n’est pas tout à fait équitable puisque vous pouvez disposer de l’argent déposé quand vous le souhaitez alors qu’il vous faut attendre d’avoir 60 ans pour casser votre tirelire épargne-pension.

L’épargne-pension impose une certaine discipline et permet de mettre du beurre dans les épinards à l’heure de la retraite. La plupart des banques conseillent de verser mensuellement un montant fixe. Vous pouvez ainsi, sans trop d’effort, épargner une coquette somme pour vos vieux jours. Combien l’épargnant de 25 ans de notre exemple touchera-t-il le jour de ses 65 ans ? Cela dépendra du rendement généré par son assurance ou son fonds d’épargne pension. Mais même avec un maigre rendement moyen de 1 % par an, il empochera plus de 50.000 euros après 40 ans d’épargne-pension.

L’épargne-pension peut être souscrite sous forme de fonds ou d’assurance. Il n’est pas possible de passer du fonds à l’assurance ou inversement, à moins que vous n’ayez envie de payer 33 % de taxes sur le capital. Par contre, si vous n’êtes pas satisfait du rendement, vous pouvez passer d’un fonds à l’autre ou d’une assurance à l’autre sans payer d’impôt mais moyennant certains frais.

25%, c’est la réduction d’impôt des 2018 si vous déposez entre 941 et 1200 euros par an en épargne-pension

3. Plus ou moins de rendement ?

Les épargnants ayant transféré le montant total vers un fonds début 2017 peuvent compter sur un rendement moyen de 9 %. Autrement dit, les 940 euros valent aujourd’hui 1.024,6 euros en moyenne, compte non tenu de la réduction d’impôt de 282 euros à valoir l’an prochain. Il peut y avoir de grosses différences de rendement. Ainsi par exemple, le fonds dynamique Pricos de KBC s’est valorisé de 11,5 % depuis le 1er janvier tandis que la plupart des fonds défensifs affichent un rendement inférieur à 5 % cette année. 2017 est une bonne année pour les fonds d’épargne pension. Le rendement annuel moyen de ces 10 dernières années se situe juste sous la barre des 5 %.

Sur le long terme, les vieux fonds d’épargne-pension créés il y a une trentaine d’années affichent un rendement annuel moyen de 7 à 8 %. Les premiers fonds d’épargne-pension ont investi davantage dans les actions que dans les obligations. Ce sont des fonds dynamiques. Il existe aujourd’hui aussi différents fonds défensifs ou équilibrés sur le marché qui investissent plus en obligations qu’en actions ou autant dans les unes que dans les autres.

Le législateur a dès le départ assorti les fonds d’épargne-pension de certaines limites et contraintes. Il est par exemple interdit de trop investir dans des devises autres que l’euro. Il faut investir en obligations et en actions mais pas dans des produits dérivés. Il faut également réserver une partie des moyens disponibles aux actions de petites entreprises.

Combien ont rapporté les versements dans les assurances épargne-pension au cours des 11 derniers mois ? Nous ne le saurons que l’an prochain. En 2016, le rendement des assurances épargne-pension oscillait de 0,5 à 2,5 %. Pour vous faire une petite idée du prochain rendement de ces assurances : 1,05 % est l’intérêt garanti le plus élevé que nous ayons trouvé pour une plus longue durée de contrat.

4. En fin de parcours

Le jour de vos 60 ans, le fisc ponctionne encore grosso modo 8 % de votre capital. Soyons clair : les avantages fiscaux pèsent plus lourd dans la balance que l’impôt final.

Si vous cotisez à un fonds d’épargne-pension, vous payez 8 % d’impôt sur le capital fictif que vous auriez constitué si vous aviez perçu un rendement annuel de 4,75 %. Si le rendement annuel moyen de votre fonds d’épargne-pension est plus élevé, vous ne payez pas de taxe sur le rendement supérieur. Par contre, si le rendement est moins élevé, vous êtes taxé sur un bénéfice que vous n’avez pas réalisé. Tous les fonds de pension dynamiques de plus de 30 ans qui investissent davantage en actions qu’en obligations affichent un rendement nettement plus élevé.

Si vous optez pour l’assurance épargne-pension, l’impôt se calcule différemment et concerne uniquement le rendement garanti auquel peuvent s’ajouter des participations aux bénéfices non imposées.

En conclusion, la majoration de l’épargne-pension n’est pas conseillée si la réduction d’impôt est le seul objectif poursuivi. Elle n’a de sens que si vous êtes un inconditionnel de l’épargne-pension – le concept d’épargne systématique en prévision de la retraite – et si votre situation financière vous permet de mettre un peu plus d’argent de côté.

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