Le carnet d’adresses de Didier Reynders

© Bloomberg

Elu “Taxman” de l’année 2011 par nos confrères de “Moneytalk” pour “sa contribution remarquable en matière de fiscalité”, le ministre des Finances dispose d’un réseau aussi large qu’étoffé.

Dans cette constellation de portraits qui entourent le ministre des Finances, il manque une photo essentielle. Celle du mentor, du guide, de l’ami qui l’a réellement poussé en politique au milieu des années 1980, à savoir Jean Gol, premier président du Parti réformateur libéral et ancien ministre de la Justice, disparu en 1995 à l’âge de 53 ans. “Il y a deux éléments qui ont construit ma façon de travailler et donc ce que l’on appelle le réseau, confirme d’emblée l’actuel ministre des Finances. Il s’agit de Jean Gol, d’abord, et puis de la vie, tout simplement. La logique de réseau, c’est avec Jean Gol que je l’ai apprise. Il travaillait comme ça, avec des personnes de référence dans des mondes différents. Et puis, parallèlement à cela, il y a eu mon parcours personnel. Ce sont la vie et l’expérience qui ont fait que je me suis construit de cette façon.”

Licencié en droit de l’Université de Liège, Didier Reynders débute sa carrière comme juriste spécialisé en droit constitutionnel au cabinet de Jean Gol, alors fraîchement nommé vice-Premier ministre, ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles. C’est là qu’il tisse ses premiers liens, notamment avec Pierre François, aujourd’hui directeur du Standard de Liège, qu’il a connu à l’université et qui est engagé au cabinet Gol comme avocat spécialisé en droit commercial.

En charge de matières institutionnelles très techniques, Didier Reynders se voit ensuite confier des dossiers davantage liés à la ville de Liège qui élargissent progressivement son carnet d’adresses. Viendront ensuite les années de présidence à la SNCB de 1986 à 1991, puis à la Société nationale des voies aériennes de 1991 à 1993, sans oublier évidemment ses mandats liégeois (chargé de cours à l’ULG, conseiller communal de la Cité ardente…) et ses nombreuses années passées comme vice-président puis président du MR (respectivement de 1992 à 2004 et de 2004 à février 2011) et, enfin, son poste de ministre des Finances depuis 1999.

Un CV impressionnant qui lui a ouvert un nombre invraisemblable de portes, tant en Belgique qu’à l’étranger. “En tant que ministre des Finances depuis 12 ans, j’en suis déjà à la 10e collègue française pour le même poste, constate Didier Reynders. Le premier était Dominique Strauss-Kahn, avec qui j’ai gardé de bons contacts par la suite. Et avec la majorité d’entre eux, il y a une estime réciproque qui s’est établie, exactement comme pour Jean-Claude Trichet à la BCE que j’ai d’abord connu comme directeur du Trésor en France et que je peux appeler aujourd’hui sans problème pour évoquer tel ou tel dossier.”

Idem pour Nicolas Sarkozy qui déclare, de sa propre plume, être “fier d’être l’ami” du ministre belge des Finances dans la préface du livre d’André Gilain intitulé Didier Reynders, la face cachée de l’iceberg ? “Je le connais depuis l’époque où il était maire de Neuilly, confie le Liégeois. Evidemment, je le vois moins, mais le contact est toujours direct. Bon, il est vrai qu’il faut toujours faire la part des choses avec le mot ami en politique. C’est un vocable fort utilisé et il faut faire la distinction entre un vrai ami et une relation amicale, mais il est exact que nous nous entendons bien.”

Dans ces relations qui se sont faites “sur la durée”, Didier Reynders rappelle aussi qu’il a connu bon nombre de chefs de cabinet à son ministère des Finances avec qui il a gardé de très bons contacts comme, par exemple, Peter Praet, qui est ensuite passé à la BNB puis à la BCE, ou encore Jean-Paul Servais, aujourd’hui président de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA). Des personnes qu’il a parfois lui-même incitées à prendre leur propre envol politique, comme Pierre-Yves Jeholet qui fut son porte-parole et chef de cabinet adjoint de 1999 à 2003 avant de devenir député fédéral et wallon, ou encore Sabine Laruelle qui, à peine entrée en politique en 2003, devenait la même année ministre des Classes moyennes, des Indépendants et des PME dans l’équipe d’Yves Leterme.

Une façon polie, sans doute, de rendre hommage à Jean Gol, le mentor, qui lui a mis le pied à l’étrier et indirectement aidé à construire ce réseau aux multiples entrées.

SES PROCHES AU MR

Au sein de son parti, Didier Reynders est proche du député Pierre-Yves Jeholet qui fut jadis son porte-parole, de Jean-Luc Crucke, bourgmestre de Frasnes-lez-Anvaing, de Clarisse Albert, vice-présidente du Conseil d’administration de la RTBF, mais aussi de Sabine Laruelle, Daniel Bacquelaine et Armand De Decker, sans oublier son ami Olivier Maingain, président du FDF.

SES RELAIS PATRONAUX

S’il reste discret sur les contacts privilégiés qu’il entretient avec certains hommes d’affaires wallons, le ministre des Finances ne se cache pas sur les bonnes relations qu’il a nouées côté flamand avec Luc Bertrand, CEO d’Ackermans & van Haaren, avec Paul Buysse, président de Beckaert, et Philippe Van de Vyvere, CEO du groupe portuaire gantois Sea-Invest. Tout juste consent-il à évoquer, en terre wallonne, sa complicité avec Roger Mené, président de l’UCM de Liège, et avec Vincent Reuter, administrateur délégué de l’UWE.

SES CONTACTS “SPORT & CULTURE”

Didier Reynders connaît très bien Pierre François, le directeur général du Standard, depuis ses “années Jean Gol” et est devenu ami avec le coureur cycliste Philippe Gilbert. Grand apôtre du tax shelter, il a également tissé des liens précieux avec la cinéaste Marion Hänsel qui a toujours défendu cet incitant fiscal et se dit proche des frères Dardenne et du comédien Pascal Duquenne. Sur la scène musicale, il chérit Charles Gardier, co-directeur MR des Francofolies de Spa, et il lui est même arrivé d’aller dîner chez Johnny…

SON CERCLE FINANCIER

Dans les hautes sphères financières, Didier Reynders peut compter sur son ancien chef de cabinet Peter Praet, membre du directoire de la BCE, sur Jean-Paul Servais, président de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA), et sur Luc Vandewalle, membre du Conseil de surveillance d’ING Group. Il a également développé une certaine complicité avec Jean-Luc Dehaene, président du conseil d’administration de Dexia, et avec Philippe Maystadt, président de la BEI.

DANS LES AUTRES PARTIS

C’est dans les rangs d’Ecolo que le ministre des Finances compte ses plus fidèles relais comme le sénateur Jacky Morael, le co-président Jean- Michel Javaux et la vice-présidente du Parlement européen Isabelle Durant. Au PS, il se dit complice du bourgmestre de Liège Willy Demeyer et étonnamment proche des dinosaures Philippe Moureaux, Elio Di Rupo, Michel Daerden et Laurette Onkelinx. De l’autre côté de la frontière linguistique, Didier Reynders côtoie volontiers Patrick Dewael, Guy Verhofstadt, Guy Vanhengel et Annemie Turtelboom au sein de l’Open VLD et l’ex-conciliateur Johan Vande Lanotte au sp.a.

SON RÉSEAU INTERNATIONAL

Rodé aux réunions européennes, le ministre des Finances est proche du président français Nicolas Sarkozy, des Espagnols Javier Solana, secrétaire général de l’UEO, et Pedro Solbes, président du conseil de supervision de l’EFRAG, du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, et de l’autre Français Jean-Claude Trichet, président sortant de la BCE.

Frédéric Brébant

Didier Reynders en 6 dates-clés

1958 : Naissance à Liège.

1981 : Licencié en droit à l’Université de Liège, il débute sa carrière comme avocat et se lance en politique sous l’impulsion de Jean Gol dans les années 1980.

1986 : Président de la SNCB.

1999 : Ministre fédéral des Finances, fonction qu’il occupe toujours aujourd’hui.

2004 : Président du MR, poste qu’il a cédé le 14 février 2011.

2009 : Vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Réformes institutionnelles du gouvernement démissionnaire Leterme II.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content