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Pourquoi l’emploi ne décolle pas, malgré l’embellie économique

C’est Winston Churchill qui disait qu’il ne croyait pas aux statistiques, sauf s’il les avait trafiqués lui-même !

Je pense à Churchill quand je vois d’un côté notre vénérable Banque Nationale annoncer la création de 24.000 emplois au cours de cette année, alors que quasi au même moment, une société comme Manpower affiche un indicateur qui indique que “seulement 4% des 750 employeurs belges interrogés fin avril par ManpowerGroup prévoient de créer des nouveaux emplois d’ici la fin du mois du septembre(…). Et 91% des employeurs sondés ne prévoient aucun changement”, précise Manpower.

Avant d’engager, les patrons souhaitent voir si cette embellie économique sera durable

L’enquête du journal Le Soir va plutôt dans le sens de ManpowerGroup: au fond, même si les indices de la reprise sont là, les patrons préfèrent attendre avant d’embaucher. Il ne faut ni les blâmer, ni les attaquer pour leur attentisme, les patrons sont exactement comme nous. Ils savent qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et avant d’engager, ils souhaitent voir si cette embellie économique sera durable. Il faut aussi rappeler que les entreprises dépendent de leurs carnets de commandes et quand vous n’avez pas de visibilité à plus de 3 mois sur ceux-ci, vous restez généralement prudent.

Par ailleurs, le gouvernement a voulu unifier le statut juridique des employés et des ouvriers et cette unification joue, pour le moment, en défaveur de l’emploi. Pourquoi ? Parce que la suppression de la période d’essai mise en place dans le cadre du nouveau statut ouvrier/employé semble également renforcer l’attentisme des employeurs dans leur décision d’embaucher !

Au fond, le seul indicateur qui affiche une bonne forme, c’est celui de l’intérim ! Mais là encore, c’est tout à fait normal. Quand une crise éclate, les premiers postes perdus sont ceux de l’intérim, car ils sont plus faciles à supprimer pour une entreprise que ceux des salariés. Autrement dit, en période de crise, l’intérim est un indicateur avancé d’entrée en crise. Et au contraire, quand les choses vont un peu mieux, comme c’est le cas maintenant, l’intérim est un indicateur avancé de sortie de crise. C’est en gros la situation d’aujourd’hui.

En revanche, l’emploi salarié ne s’améliore que timidement faute de visibilité et donc, en attendant, les entreprises ont davantage recours à l’intérim avant de convertir, on l’espère, un jour, ces postes en contrats à durée indéterminée !

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