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Chômeurs et politiques, même combat

C’était l’un des grands thèmes de campagne de la N-VA : la limitation dans le temps des allocations de chômage. Une idée rejetée par tous les autres partis traditionnels, même libéraux, et que Bart De Wever avait donc dû mettre au frigo lorsqu’il avait revêtu le costume d’informateur.

Conceptuellement et sans prendre position sur le bien-fondé de cette idée, que ce soit dans le cadre du chômage ou pas, limiter dans le temps l’usage d’un droit ou d’une ressource (ici, une allocation) a pour but d’inciter son détenteur à agir (trouver du travail) de façon à ne plus être dépendant de celui ou celle qui le lui octroie (l’Etat).

La campagne électorale précédant le 25 mai et la constitution — laborieuse — du gouvernement qui nous occupe en ce moment a suscité chez un nombre certain de francophones la réaction suivante : “On doit toujours voter pour les mêmes, et peu importe pour qui l’on vote, ce sont finalement toujours les mêmes qui nous gouvernent”. Peut-on leur donner tort ? Côté francophone, on peut dire que le turnover politique est, depuis une vingtaine d’années et dans les hautes sphères du moins, assez faible. Elio, Laurette, Didier, Joëlle : plus besoin de vous les présenter ; ils font presque partie des meubles. Certes, ils ont de l’expérience. Ils ont traversé des périodes de crise, ont appris l’art de la négociation à la belge, connaissent par coeur les rouages d’un Etat ô combien complexe. Et par-dessus tout : ils se connaissent. Très bien même. Trop bien ?

Car à un moment donné, l’utilité marginale du surplus d’expérience politique devient proche de zéro. Prisonniers d’une zone de confort visiblement trop difficile à quitter, nos ministres se représentent inlassablement. Les électeurs, qui voient toujours les mêmes visages en tête de liste (ou presque les mêmes, quand on passe du père au fils), n’ont pas d’autre choix que de les réélire. Et les coalitions se suivent et se ressemblent.

Mais si on limitait dans le temps le droit à la gouvernance ? Si on décidait une fois pour toutes que le mandat de ministre ne peut être exercé que, par exemple, sur deux législatures maximum ? Cela inciterait nos ministres à agir de façon à ne plus être dépendants de l’électeur. En clair : à prendre des mesures fortes, et si besoin, impopulaires. Bien sûr, pour se faire élire, il faut avoir des idées qui plaisent au plus grand nombre. Mais le risque, une fois élu dans notre système actuel, est de se cantonner à un discours et des positions qui ne servent qu’à fidéliser son électorat. Alors qu’entre-temps le contexte économique, social, environnemental et/ou technologique a peut-être fondamentalement changé, exigeant un discours et des positions différents.

Enlisée dans une crise économique qui perdure, la Belgique a besoin de changement. De mesures audacieuses pour relancer son économie. Va-t-elle les mettre en oeuvre si elle reste aux mains de vieux briscards de la politique ? Dans l’entreprise et dans la société en général, la relève est nécessaire. Elle apporte un vent de fraîcheur, de dynamisme et de créativité qui sont moteurs de progrès. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Bart De Wever a incarné, pour la Flandre, ce renouveau politique. Il nous faudrait peut-être, en Wallonie, un politique qui ose aussi symboliser la rupture. Et dont l’objectif ne soit pas de faire de vieux os.

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