Bientôt des paiements effectués via les réseaux sociaux?

© Getty Images/iStockphoto

Selon le Hootsuite Digital Yearbook, deux Belges sur trois sont actifs sur les réseaux sociaux. Par conséquent, les acteurs financiers expérimentent de plus en plus des solutions de paiement conçues pour ces plateformes.

L’an dernier, le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux a progressé de 9 % dans notre pays. Et malgré l’affaire des données personnelles qui la secoue, la plateforme Facebook reste la plus populaire, y compris pour envoyer des messages. Il n’est donc pas surprenant que le CEO Mark Zuckerberg permette aux utilisateurs de son app Messenger d’effectuer et de recevoir des paiements entre eux. Ces transactions peer-to-peer sont déjà possibles en Angleterre et en France, mais pas encore en Belgique.

Dans notre pays, Belfius est la première banque à avoir récemment lancé un service – baptisé Pengo – qui permet d’envoyer via Facebook Messenger des demandes de remboursement. Il s’agit d’un chatbot qui est accessible dans la messagerie à tous les utilisateurs titulaires d’un compte à vue belge, qu’ils soient clients ou non de Belfius. Pour les clients Belfius, le service est également disponible dans l’app de ‘banking mobile’.

Pengo a été développé par The Studio, la filiale de Belfius spécialisée dans l’innovation numérique.

Canal au choix

Le chatbot est intégré dans Facebook Messenger et vous permet d’envoyer rapidement et aisément des demandes de paiement à une ou plusieurs personnes. Vous choisissez le canal via lequel elles vont recevoir le message : Messenger, WhatsApp, SMS, e-mail, etc. Elles peuvent ensuite effectuer le paiement par le biais de l’app Bancontact qui est intégrée ou non dans leur application de ‘banking mobile’ personnelle.

Belfius estime qu’il n’y a pas de soucis à se faire en termes de sécurité. “Pengo code toutes les données et effectue des contrôles de sécurité en permanence afin de garantir leur protection”, souligne la banque. “Le paiement proprement dit est en outre effectué par la banque de la personne qui valide le paiement, ce qui garantit le même niveau de sécurité et de confidentialité que pour toute autre opération bancaire.”

Outre la facilité d’utilisation, la vitesse constitue un atout selon Belfius, qui affirme que quatre demandes de paiement sur cinq sont réglées dans le quart d’heure avec Pengo, alors que les remboursements entre amis prennent souvent beaucoup plus de temps via les méthodes traditionnelles.

Par ailleurs, vous ne devez plus ouvrir votre app de ‘banking mobile’ pour vérifier qui a déjà payé : Pengo assure un suivi et peut même envoyer un rappel.

Cela en vaut-il la peine ?

Mais les possibilités de paiement via les réseaux sociaux constituent-elles vraiment une plus-value ? Leo Van Hove, professeur à la Vrije Universiteit Brussel et expert en systèmes de paiement, pense qu’elles ont un public potentiel. “Les jeunes en particulier ne devraient voir aucun inconvénient à effectuer des paiements via Facebook et consorts”, suppose-t-il. “Surtout quand on sait qu’ils font quasiment autant confiance aux entreprises en ligne qu’aux banques classiques.”

Selon Leo Van Hove, il existe une différence notable entre, d’une part, les solutions de paiement des réseaux sociaux eux-mêmes (comme celles de Facebook dans certains pays) et, d’autre part, des services intermédiaires comme Pengo. “Ce dernier est une espèce de sas de l’application Bancontact”, explique-t-il. “Le destinataire de la demande de paiement doit donc d’abord cliquer sur cette application, pour autant qu’elle soit déjà installée. Ce n’est pas très compliqué en soi, mais ça demande un petit effort.”

Pour des paiements entre amis ou collègues par exemple et si toutes les parties sont présentes physiquement, il est possible d’utiliser directement l’application Bancontact. Le transfert d’argent a alors lieu simplement en scannant un code QR avec votre smartphone. Les alternatives pratiques dans notre pays sont Seqr et Payconiq.

Quid de votre vie privée ?

Facebook est dans la tourmente à la suite du détournement des données de millions d’utilisateurs. Est-il donc raisonnable d’utiliser ce canal pour envoyer des demandes de remboursement ou régler ses dettes ? “La transaction proprement dite est effectuée et validée par le biais de l’application Bancontact”, déclare Belfius. “Cela garantit le même niveau de sécurité et de confidentialité que pour toute autre opération bancaire.”

“Le paiement est donc réalisé par votre banque, et non par le réseau social lui-même. Toutes les données bancaires – comme le numéro de compte, le solde et l’historique des transactions – sont uniquement disponibles dans l’application bancaire. Facebook ou tout autre tiers impliqué dans l’opération n’y a donc pas accès.”

“Chaque acteur de l’écosystème doit satisfaire au nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles”, déclare Edwin Jacobs, avocat chez time.lex. “Cela vaut pour Pengo, l’app Bancontact ou encore celle de la banque car toutes ces plateformes traitent des données personnelles qui sont régies par leur politique de confidentialité propre.”

“Pengo effectue des contrôles de sécurité en permanence afin de garantir la protection des données”, réagit Belfius. “La solution est totalement soumise à la nouvelle législation GDPR sur la protection de la vie privée. Pengo combine dès lors l’accessibilité d’un réseau social au niveau de sécurité le plus élevé offert par les solutions de paiement bancaires.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content