L’euro a le vent en poupe, une bonne nouvelle ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Ces derniers jours, l’euro a gagné du terrain par rapport au dollar américain. “Mais il est difficile de dire combien de temps cela va durer”, réagit Geert Gielens, économiste en chef chez Belfius.

Jeudi matin, la monnaie unique européenne franchissait pour la première fois la limite de 1,14 dollar. Cette hausse notable est due à Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE). Au cours de la conférence annuelle des banques centrales à Sintra au Portugal, il s’est montré particulièrement optimiste concernant la situation économique de la zone euro. Il a également déclaré que l’objectif d’inflation de 2% “a de nouveau été atteint”. Les investisseurs espèrent maintenant un resserrement de la politique monétaire souple de la BCE. Ils espèrent que la banque changera son fusil d’épaule avant la fin de l’été.

“Il n’y a pas que le discours de Draghi qui redynamise l’euro”, explique Gielens. “Les problèmes politiques autour du président américain Donald Trump, l’affaiblissement des chiffres économiques aux États-Unis et surtout l’inflation en sont également des explications.”

Et maintenant ?

Parfois, un cours plus faible est préférable, car les biens d’exportation sont en conséquence meilleurs marché

Selon l’économiste en chef, il est impossible de prédire si l’euro va garder ce cours. “Le cours de change dépend de plusieurs facteurs”, explique-t-il. “La manière dont il évoluera dépend notamment de ce que décideront la Federal Reserve, la BCE et Trump au cours des prochains mois. Ensuite, nous devons analyser quels sont les éléments déjà anticipés par les marchés et donc déjà inclus dans les cours.”

Gielens souligne qu’un resserrement de la politique monétaire n’est de toute façon pas pour demain. “La BCE prépare le marché à une normalisation de sa politique en mettant l’accent sur les bonnes performances économiques et la suppression du danger de déflation”, selon l’économiste en chef. “Ce sont toutes des petites étapes, mais c’est également nécessaire, car la modification d’un programme de rachat de plus de 2 billions d’euros est une chose qui demande du temps. Il y a donc beaucoup de chance que des messages plus clairs concernant le changement de politique monétaire arriveront après l’été.”

Il prévoit que le resserrement de la politique ne sera effectif qu’en 2019 ou plus tard. Il fait la comparaison avec les États-Unis: “Ce n’est que maintenant que l’on commence à y parler d’un resserrement alors que leur programme de rachat est déjà arrêté depuis l’automne 2014.”

Les risques d’un euro trop faible

Existe-t-il en fait un cours idéal pour l’euro ? “Le niveau idéal, pour autant qu’il existe, dépend des circonstances économiques”, réagit Gielens. “Parfois, un cours plus bas est préférable, car vos biens d’exportation sont alors meilleurs marché et vous pouvez dès lors vendre davantage à l’étranger.”

Il met en même temps en garde contre les conséquences néfastes d’un cours trop faible. “Vous nourrissez alors l’inflation. Cela porte atteinte au pouvoir d’achat des consommateurs, à moins d’une forte hausse des salaires. Le Royaume-Uni est un bel exemple. Là, l’inflation importée augmente et le pouvoir d’achat diminue en conséquence de la chute du cours de change après le référendum du Brexit. Et ce phénomène influence à son tour la croissance.” Il observe ensuite que nous ne devons pas perdre de vue les prix pétroliers. “Une augmentation des prix pétroliers est tout sauf positive pour l’Europe parce que nous devons importer le pétrole.”

“La stabilité du cours joue également un rôle important”, continue-t-il. “Quand le cours de change varie intensément, les couvertures et les décisions deviennent plus difficiles au niveau des entreprises et les coûts de couverture augmentent. En soi, cela conduit à un comportement plus prudent, ce qui tempère aussi normalement quelque peu la croissance.”

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