La dernière facture de plus en plus salée

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Toilette du défunt, transport et destination finale du corps: la gestion de la mort implique des étapes incontournables mais aussi de nombreux choix et des coûts non négligeables.

De nos jours, des obsèques coûtent en moyenne entre 3.000 et 5.000 euros. Selon les professionnels du secteur, ces prix ont augmenté de 50 % en 20 ans. A quoi peut-on attribuer cette hausse ? “Le coût du personnel, l’indexation des salaires”, estime Raoul Fichefet, administrateur-délégué du crématorium de Charleroi.

Le succès de la crémation ne semble pas étranger à la hausse des prix. Dans les années 1980, moins de 10 % des Belges recouraient à l’incinération lors de leurs funérailles. De nos jours, une personne sur deux est incinérée. “Au fil du temps, le nombre de cérémonies a explosé, ce n’était plus possible, explique Raoul Fichefet. Nous devions rénover mais pas seulement. Sept millions d’euros ont été investis en cinq ans.” De nouveaux fours, des salons supplémentaires, des salles de remise des cendres, une grande partie des bâtiments a été réaménagée avec des capacités supplémentaires. L’investissement est forcément répercuté sur les prix. Même discours dans la capitale. “Nous sommes en perpétuelle rénovation”, précise Xavier Godart, directeur du crématorium de Bruxelles, qui estime malgré tout que les coûts de la crémation restent modérés en Belgique. “Ils sont deux fois plus élevés aux Pays-Bas. Nous parvenons à les conserver plus bas car nous n’avons pas de concurrence. Chaque crématorium dispose de sa zone d’influence.” Pour une crémation, il faut compter 550 euros à Bruxelles, 100 euros supplémentaires sont nécessaires à Charleroi et 100 de moins à Alost. Le prix de base comprend généralement l’accueil de la famille dans un salon, une cérémonie, l’acte technique et l’urne pour recueillir les cendres. La note sera généralement plus élevée pour le défunt qui n’est pas domicilié dans la commune où se trouve l’établissement.

Tout en un

Au-delà de l’acte technique, l’addition du crématorium se gonfle souvent d’un drink, d’une collation ou d’un repas, selon l’heure et le choix des familles. L’horeca est géré en interne et permet de proposer des solutions all inclusive. “C’est sans doute une des raisons du succès de la crémation”, souligne Xavier Godart.

Dernier choix à opérer : la destination des cendres. De la mer à la dispersion à son domicile, plusieurs options sont possibles à divers prix. La dispersion sur la pelouse prévue à cet effet au sein du crématorium est la plus populaire, sans doute parce qu’elle est gratuite. Attention, là aussi certains crématoriums prélèvent une taxe quand le défunt n’est pas issu de la commune. “Malgré la dispersion, il y a une forte demande pour garder une trace, les plaquettes commémoratives dans l’espace mémoire font l’objet d’une grande demande, ajoute Xavier Godart. En revanche, les colombariums, ces petites niches scellées, sont en perte de vitesse.” Les urnes peuvent également être enterrées dans la pelouse ou ramenées à domicile. Dernière option, depuis quelques années le crématorium de Bruxelles propose d’enterrer l’urne du parent disparu sous un rosier.

Le coût de ces options varie selon la durée choisie mais aussi d’un établissement à l’autre. Le crématorium de Lochristi demande ainsi 50 euros pour une plaque commémorative pendant 10 ans et 750 euros pour la concession d’un colombarium de quatre urnes sur la même durée. Nettement plus coûteux qu’à Welkenraedt où le même colombarium est concédé contre 950 euros mais pour 30 ans. A noter que les concessions pour un cercueil sont généralement plus élevées sans compter le coût d’une pierre tombale qui atteint sans excès 1.500 euros.

Qu’on soit partisan de l’urne ou du cercueil, le premier contact lors d’un décès reste celui des pompes funèbres. Si une petite structure pouvait demander 80.000 francs — 2.000 euros — en 1994, elle est forcée de compter 2.600 euros en 2015. “L’évolution des prix des cercueils et de la législation ont multiplié les coûts. Avant, le corbillard était un gros break que nous utilisions aussi pour d’autres déplacements professionnels. Aujourd’hui, ce sont des véhicules homologués qui coûtent 120.000 euros et qui servent uniquement au transport des corps”, analyse Patrick Wilmotte, responsable des Pompes funèbres du groupe Mosanes. Outre la législation, l’usage du funérarium devient systématique. “Le défunt repose de moins en moins souvent au domicile. Les gens n’ont plus la place, mais aussi moins de temps. On veut faire les choses correctement mais sans fioriture.” Et Patrick Wilmotte de confier que “certaines entreprises rognent sans le dire. Elles passent la toilette du défunt et si les parents veulent ouvrir le cercueil, elles prétextent qu’il est mieux de ne pas voir le corps pour garder un bon souvenir”…

Tranquillité des héritiers

Et quid de l’assurance obsèques ? Elle peut s’avérer utile mais sa rentabilité est difficile à démontrer, sauf en cas de décès prématuré, soit avant la fin de la totalité des primes prévues par le contrat.

Outre la certitude d’avoir les funérailles que l’on souhaite et la garantie de ne pas laisser une lourde facture à ses héritiers, encore faut-il que le capital assuré soit indexé au risque de revoir les souhaits du défunt à la baisse le jour venu. Le montant garanti par l’assurance ne fait en effet l’objet d’aucune déduction fiscale ou d’apport d’intérêts comme le ferait une épargne personnelle. Certains assureurs incluent deux autres avantages : l’accompagnement pour toutes les démarches administratives et la couverture des frais lors du décès des enfants de moins de 18 ans.

Dans les chiffres, “en 2015, le montant moyen assuré s’élève à 5.900 euros”, précise Marysia Kluppels, porte-parole de Dela, l’entreprise leader du secteur. Différents choix s’offrent aux souscripteurs : opter pour un versement mensuel ou unique de la prime. L’âge du souscripteur est bien entendu également pris en compte. Une personne de 60 ans paiera ainsi de 4.079 à 4.131 euros en une seule fois pour assurer ses funérailles d’un capital total de 5.500 euros. Toujours selon l’assureur, les contrats sont individuels ou familiaux. Un questionnaire médical est parfois demandé.

Yvan De Smet

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