‘Une société sans cash, l’étape logique suivante’

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Avec la suppression du billet de 500 euros, nous avons franchi une étape vers la société sans cash. “L’étape logique suivante dans l’évolution des paiements”, pense Geert Gielens, économiste en chef chez Belfius. Aux Etats-Unis, les citoyens commencent à épargner davantage et ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous.

La BCE arrête la production du billet de 500 euros. Nous dirigeons-nous vers une société sans cash ?

La société sans cash est à portée de main et les avantages sont légion

Gielens: “La société sans cash est en fait une étape logique dans l’évolution de notre système de paiement: des métaux nobles tangibles qui étaient utilisés comme argent dans l’Antiquité et au Moyen-Age, nous sommes passés il y a quelques siècles aux billets en papier (“l’argent fiduciaire”) et, par le progrès des technologies de la communication, l’argent pourrait à l’avenir devenir totalement virtuel. La société sans cash est donc, en effet, à portée de main et les avantages sont légion: les paiements se font de manière efficace et immédiate, vous n’avez plus à aller retirer de l'”argent”, les frais de transaction peuvent être diminués et la sécurité devrait s’améliorer.

Cela peut également aider dans la lutte contre le travail au noir. Cette dernière est probablement aussi une des raisons pour lesquelles une société sans cash rencontrerait de la résistance: chacun donnerait en fait le contrôle sur son “argent” et ses achats à un “système” et chaque transaction serait traçable. Cela exige une grande forme de confiance dans ce système et la vie privée et les règles fiscales sur lesquelles celui-ci devrait reposer.”

Il y a des signaux selon lesquels l’Américain moyen freine les dépenses. Devons-nous nous faire des soucis à ce sujet en Europe ? Quelle est l’importance du consommateur américain pour l’économie mondiale?

Gielens: “Epargner est ‘in’ aux Etats-Unis. Contrairement au passé, la consommation des Américains augmente moins rapidement et ce n’est pas une bonne nouvelle, ni pour les Etats-Unis ni pour la croissance de l’économie mondiale. C’est peut-être même un indice précoce que l’économie se trouve en phase baissière du cycle conjoncturel. Les bénéfices d’entreprise se trouvent en effet déjà sous pression maintenant et si la hausse des coûts du travail (la hausse des coûts salariaux moins le gain de productivité) n’est pas compensée par une hausse des ventes, la demande de travailleurs peut s’affaiblir. Cela pourrait ensuite entraîner une chute plus grande de la consommation, le moteur de la croissance. Un cycle baissier pourrait alors naître. L’importance pour l’économie mondiale découle immédiatement du fait que les Etats-Unis, en tant que plus grande économie mondiale, importent plus que ce qu’ils exportent. Ils stimulent donc l’économie mondiale par l’achat de beaucoup de produits étrangers. Si cela s’arrêtait, la croissance dans le reste du monde serait bien sûr impactée.”

Selon les chiffres des courtiers en ligne, il ressort que la taxe sur la spéculation coûte plus d’argent qu’elle en rapporte. Comment cela se peut-il? Et dans ce cas, cela ne serait-il pas une meilleure idée de supprimer cette taxe ?

La taxe sur la spéculation est une taxe parfaitement évitable

Gielens: “La taxe sur la spéculation est une taxe qui est parfaitement évitable: attendez au moins 6 mois avant de revendre vos actions achetées ou choisissez des investissements qui ne sont pas soumis à la taxe. Il suffit donc simplement d’adapter quelque peu votre comportement d’investisseur. Le revers de la médaille de ce changement dans le comportement des investisseurs pour le gouvernement est qu’il y a moins de transactions et que cela génère donc moins de taxe boursière. Si tout le monde parvient à éviter la taxe sur la spéculation, les revenus sont simplement négatifs pour l’Etat: rien n’est perçu via la taxe sur la spéculation et il y a moins de revenus via la taxe boursière. Pour couronner le tout, la loi n’est pas vraiment un exemple de législation simple et transparente et elle mène à des coûts dans les instances chargées de la perception de cette taxe. En d’autres mots, il vaudrait mieux la supprimer.”

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