“Nous ne devons pas craindre une bulle immobilière, dans l’immédiat”

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L’investisseur défensif est le grand perdant des taux bas, estime Erik Joly, économiste en chef chez ABN AMRO. Selon lui, une bulle immobilière n’est pas à craindre, du moins tant que “les taux restent bas et qu’on ne chipote pas à la fiscalité”.

Le taux d’intérêt à 10 ans allemand est descendu pour la première fois en dessous de 0% la semaine dernière. Est-ce une limite purement symbolique ou est-ce plus que ça ? Craignez-vous des conséquences négatives de ces taux historiquement bas ? Et qui seront les principales victimes ?

Les grands perdants des taux bas sont les investisseurs défensifs qui ne jurent que par les obligations

Erik Joly: “Cela reste une donnée remarquable: concentrer l’argent sur un investissement. Et pourtant, vu que les obligations d’État à 10 ans japonaises et suisses avaient déjà plongé sous la limite de 0%, il était clairement prévisible que le bund à 10 ans allait aussi passer sous zéro. Il s’agit de la conséquence de la combinaison d’un certain nombre de facteurs: le faible taux directeur de la BCE, une croissance très modérée, les préoccupations liées à la stabilité de l’Union européenne. Le phénomène des taux d’intérêt faibles et négatifs est désormais un phénomène mondial qui risque de devenir de nature structurelle.

La plupart des États (qui peuvent actuellement emprunter à des taux d’intérêt extrêmement bon marché ou négatifs) ne semblent pas être immédiatement enclins à investir. Et le programme de stimulation de la BCE ne mène pas au résultat escompté. Les grands perdants sont les investisseurs défensifs qui ne jurent que par les obligations. Ils doivent maintenant disposer de cinq fois plus de capital pour bénéficier d’un même rendement en valeur nominale qu’il y a quelques années. Mais les systèmes de pensions extra légales risquent également de se trouver dans une situation houleuse.”

La Banque Nationale craint que les habitations soient surévaluées. Pour éviter que la stabilité des banques ne soit mise en danger, la BNB demande de constituer des buffers de capitaux supplémentaires pour les crédits les plus risqués. Devons-nous craindre une bulle immobilière ?

Joly: “Le Belge et sa légendaire brique dans le ventre, ce n’est pas nouveau. Seulement, au cours des dernières années, nous nous sommes tous engagés plus que jamais dans des dettes. À tel point que les dettes contractées par les ménages dépassent maintenant, pour la première fois, la moyenne européenne. C’est logique que la Banque Nationale contrôle le pouls. Après une première intervention il y a un an, une mesure supplémentaire suit donc maintenant. Celle-ci ne touche néanmoins qu’un nombre relativement limité de crédits. Les prix de l’immobilier peuvent déjà avoir doublé au cours des 15 dernières années, tant que les taux d’intérêt restent faibles et qu’on ne chipote pas à la fiscalité, je ne me fais pas trop de soucis.”

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