Cinq conseils pour investisseurs en temps de déflation

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Le Japon a lutté pendant presque 20 ans contre la déflation, c’est-à-dire la baisse des prix. Au pays du soleil levant, il faut souligner que c’est la femme qui gère les finances de la famille. Voici donc quelques leçons de Madame Watanabe.

Le Bureau Fédéral du Plan prévoit que les prix remonteront à partir du mois d’août, et ce après neuf mois d’inflation négative,. Si vous craignez un scénario à la japonaise – une déflation de plusieurs années et une stagnation financière -, nous vous proposons 5 conseils pour protéger votre portefeuille d’investissements.

Cash

Il y a 260 milliards d’euros sur les livrets d’épargne des Belges. Cela paraît immense, mais les Japonais accumulent encore plus. Le pouvoir financier du Belge consiste pour un tiers en cash et en dépôts, tandis que madame Watanabe – nom communément porté par la ménagère et investisseuse japonaise – a plus de la moitié de son argent sur des comptes. “Pour les Japonais, ce n’est pas une mauvaise idée de détenir autant de cash”, souligne Emmanuel Hermand, le représentant basé à Paris de la Bourse Nomura.

Obligations

Frank Vranken, analyste stratégique chez Puilaetco, nous met en garde contre le danger de la réponse traditionnelle donnée à l’inflation : les obligations d’état à long terme. “Les obligations d’état sont normalement la meilleure protection contre la déflation. Le taux d’intérêt fixe est plus valorisé lors d’une baisse des prix générale. Mais il ne faut pas exclure que le taux d’intérêt augmente et que les obligations perdent alors de la valeur, même si nous sommes confrontés à la déflation. Ce sont les prévisions d’inflation qui déterminent les taux des obligations. Ces prévisions sont en général plus stables que l’inflation.”

“Il y a 20 ans, je pensais : qui peut bien acheter aujourd’hui des bons d’état japonais à 10 ans avec un taux d’intérêt de 3%. Il y a dix ans, je pensais : qui achète aujourd’hui du papier japonais avec un taux de 1,5%. Et voyez-vous, le taux d’intérêt à long terme japonais se situe aujourd’hui à 0,5 %”, nuance Hermand. “une déflation de longue durée et tenace entraîne que même les obligations d’état les plus chères arrivent à bon port. “

Les obligations individuelles constituent à peine 2% du portefeuille japonais. Le Belge consacre un bon 8 % de son argent aux effets à rente fixe.

Fonds d’obligation et assurances vie

Une répartition des risques réussit mieux via un fonds de placement ou une assurance vie. Pratiquement tous les produits avec un taux d’intérêt bas et fixe paraissent soudain à nouveau plus intéressants dans un scénario de déflation. Lors d’une entrée dans un fonds d’obligations ou un produit d’assurance vie, il y a en général davantage de coûts que lors de l’achat d’obligations individuelles.

Les assurances (27%) et les fonds de placement (5%) sont, après le cash, les composants les plus importants des avoirs financiers des familles japonaises. Pour les familles belges, la balance penche un peu plus du côté des fonds de placement (11%) et un peu moins dans la direction des assurances (25%).

Autres monnaies

“Les Japonais, en période de déflation, recherchaient surtout des obligations à haut rendement dans d’autres monnaies et des actions étrangères avec un taux de dividende attirant. Je pense à des obligations en dollar australien ou néo-zélandais ou même à des obligation en real brésilien. Sur le long terme, cela s’est avéré une stratégie raisonnable”, nous dit Hermand. Il ajoute tout de même que personne n’ose totalement jouer la carte des autres monnaies, de peur d’évolutions des cours défavorables. Ils sont difficiles à prévoir. Même si l’euro semble en bonne voie de devenir toujours moins cher, les choses peuvent changer.

Aussi bien Vranken que Hermand pensent que les Européens devraient composer leur portefeuille d’investissements en dollars américains.

Dettes

“Vous ne voulez pas avoir de dettes dans un contexte de salaires et de prix en baisse”, pose Hermand. S’engager dans un emprunt pour un achat important peut carrément être dangereux dans une période de déflation. “Je le déconseillerais surtout pour les personnes qui sont dépendantes de leur salaire pour le remboursement de l’emprunt. Il se pourrait bien que ce salaire soit revu à la baisse, alors que les remboursements mensuels restent élevés”, confirme Vranken. Dans le pire des cas, vous risquez par exemple de rembourser une maison qui vaut moins que le restant du remboursement. Un certain nombre d’Américains se sont retrouvés dans cette situation après le crash de l’immobilier.

Article du 9 octobre 2014 dans le magazine Trends-Tendances (rubrique Moneytalk) avec une mise à jour du 21 mars 2015.

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