Carte blanche

Comment épargner et investir en temps de crise

L’attaque de la Russie contre l’Ukraine, les banques centrales qui relèvent les taux d’intérêt et une pandémie qui n’en finit pas pèsent sur les marchés. L’inflation flambe, à tel point que le pouvoir d’achat est devenu la principale préoccupation des Belges en 2022.

Plus d’un Belge sur deux craint pour son pouvoir d’achat, et sept Belges francophones sur dix ont peur de ne pas arriver à payer leur facture d’énergie dans les prochains mois*. Dans ce contexte économique incertain, Maxim Manturov, responsable du conseil en investissement chez Freedom Finance Europe, donne quelques conseils aux particuliers en matière d’épargne et d’investissement.

1. Mettez vos objectifs financiers noir sur blanc

Avant de voyager, vous savez quelle sera votre destination, à quelles dates vous partirez et où vous dormirez. Il en va de même lorsque vous investissez : vous devez d’abord coucher sur papier vos objectifs à court et à long terme. Ainsi, même au plus fort de la tempête, vous saurez où vous en êtes et si votre stratégie actuelle correspond au cap fixé.

2. N’arrêtez pas d’épargner

L’inflation grignote les budgets des ménages, qui ont dès lors moins d’argent disponible. Vous devez malgré tout continuer à épargner, même un peu, plutôt que d’arrêter complètement. Il sera bien plus difficile de retrouver une routine d’épargne après la crise, que de simplement augmenter le montant que vous mettez de côté chaque mois.

3. Investissez en fonction du coefficient bêta

Sur les marchés boursiers, de nombreux gestionnaires de fonds utilisent le coefficient bêta, une mesure de la volatilité d’un titre par rapport à celui du marché. Lorsqu’il est égal à 1, la volatilité d’une action est exactement la même que celle du marché. Dans le contexte économique actuel, les services d’utilité générale, les matières premières, l’immobilier et les soins de santé ont un coefficient bêta inférieur à 1, ce qui indique qu’ils ont tendance à surperformer le marché lorsque celui-ci est en baisse. En revanche, l’énergie, l’ensemble des biens et services considérés comme non essentiels, l’industrie, la finance et la technologie ont un coefficient bêta supérieur à 1, un mauvais signe.

4. Atténuez les risques en diversifiant

Même si vous êtes convaincu que le prix d’un actif particulier est destiné à se comporter d’une certaine manière, rien n’est certain sur le marché boursier. Vous pourriez avoir tout fait correctement et identifié une opportunité d’achat ou de vente lucrative, cela n’empêchera pas la survenance d’un “cygne noir”, un événement inattendu. Comme le dit le vieil adage, “Ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier”. Pour un investissement sûr, optez pour des entreprises ayant un bon flux de trésorerie et peu de dettes. La diversification entre les secteurs d’activité protège des pertes importantes si un produit ou un secteur particulier perd de la valeur. Il est tout aussi important de diversifier les catégories d’actifs, comme les actions, en plus des titres à revenu fixe et des matières premières.

5. Investissez régulièrement

Personne ne vous demande de râcler les fonds de tiroirs puis de faire tapis. Un investissement ne doit pas forcément avoir six chiffres. Vous gagnerez à enrichir votre portefeuille petit à petit, avec un montant fixe chaque mois, ce qui vous donnera une meilleure chance de survivre aux hauts comme aux bas du marché. Cette méthode d’achat périodique par sommes fixes (dollar cost averaging en anglais) vous permettra au fil du temps d’obtenir un prix d’achat moyen intéressant. Une récession n’est vraiment pas le moment idéal pour faire des expériences ou prendre des risques. La sécurité est le pilier de toute stratégie d’investissement en période de récession. Évitez donc d’investir dans des sociétés à fort effet de levier ou bien spéculatives.

Globalement, une bonne stratégie d’investissement pendant une récession consiste à rechercher des entreprises dont le bilan reste solide ou le modèle d’entreprise résilient malgré les difficultés économiques. Il peut s’agir par exemple d’entreprises actives dans les services d’utilité générale, les produits de consommation et le secteur de la santé. Dans l’ensemble, les crises sont toujours riches d’opportunités, en particulier pour les investisseurs patients. Il est donc recommandé de continuer à investir et à accumuler des fonds malgré le renchérissement général, car les crises sont habituellement de courte durée, ce qui offre d’excellentes opportunités de rendement à plus long terme.

Maxim Manturov

*Dernier baromètre de Le Soir-RTL-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM

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