Delhaize et Ahold (à nouveau) en négociations

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Ahold et Delhaize peuvent-ils (enfin) s’entendre ? Les analystes jugent les rumeurs crédibles mais épinglent que les actionnaires du distributeur au lion seraient fortement dilués. Ahold devrait par ailleurs faire une croix sur ses investissements en Belgique.

Un contexte plus favorable

La presse a relancé l’arlésienne du secteur de la grande distribution, un rapprochement entre Ahold et Delhaize. Deux champions nationaux avec d’importantes activités aux États-Unis, des profils similaires et complémentaires d’un point de vue géographique. Alan Vandenberghe, analyste chez KBC Securities, épingle également que les profils des deux groupes ont évolué depuis les intenses négociations de 2006/2007. “À la suite de restructurations et de réorganisations, la rentabilité a été améliorée et les activités non-stratégiques ont été cédées“. Ahold a notamment vendu ses activités US Foodservice qui formaient à un obstacle à un rapprochement selon le Directeur financier de Delhaize en mars 2007. Autre motif d’y croire, les deux distributeurs ont un nouveau patron. Delhaize a rompu avec la tradition familiale, nommant un nouveau CEO néerlandais en 2013, et du côté d’Ahold, John Rishton s’était toujours montré réticent à l’idée d’une fusion avec Delhaize.

Delhaize marginalisé

Ahold serait prêt à établir le siège du groupe fusionné à Bruxelles et à laisser le soin à Delhaize de désigner le futur CEO. Financièrement, les conditions apparaissent toutefois nettement moins attrayantes. Tom Simonts, spécialiste des marchés chez Bolero, souligne qu’Ahold affiche une capitalisation boursière double de Delhaize. Une fusion pourrait ainsi se faire suivant un rapport de 2 pour un (66,6% pour les actionnaires d’Ahold, 33,3% pour ceux de Delhaize), soit gloablement un échange de 4,3 actions Ahold pour une Delhaize (valeur de 79,03 euros au cours actuel d’Ahold de 18,38 euros) . En 2006, Delhaize exigeait une fusion entre égaux qui apparait toujours impossible à réaliser. Patrick Roquas estime qu’un rapprochement de Delhaize et d’Ahold pourrait être bénéfique et créatrice de valeur à la condition que l’opération soit réalisée dans de bonnes conditions et sur la base d’un rapprochement amical. L’analyste de Rabobank souligne par ailleurs que ce n’est pas la première fois que des rumeurs entourent Ahold et Delhaize sans concrétisation jusqu’à présent.

Pas le bon moment ?

Il y a 9 ans, les analystes épinglaient le mauvais timing d’une éventuelle fusion pour Ahold qui avait lancé une vaste restructuration de ses activités américaines. Désormais, les deux groupes ont redressé la barre outre-Atlantique mais Delhaize a lancé un processus de réorganisation en Belgique, susceptible de faire dérailler les négociations. Du côté de Delhaize, on voudra en effet insister sur le potentiel de redressement des résultats tandis qu’Ahold pourrait tiquer sur la chute des ventes et des marges ayant suivi l’annonce de la restructuration. Le distributeur néerlandais contribue même aux déboires de Delhaize avec la récente ouverture d’un 30e Albert Heijn en Flandre.

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