Dividendes : où trouver les meilleurs rendements?

Quand le nouveau CEO a annoncé une baisse de 40% du dividende le 14 mai 2019, cela a été accueilli comme une délivrance. © Belgaimage

Pour de nombreux spécialistes, 2020 sera l’année des dividendes. Entre risques de baisse des coupons et fiscalité, investir dans les actions à rendement élevé réclame toutefois une certaine prudence.

Après une hausse de 25% des actions des marchés développés, la performance devrait s’établir à un chiffre en 2020, soit environ 5%, soutenue principalement par le rendement des dividendes et par les programmes de rachats d’actions “, explique ainsi Christophe Donay, chef stratégiste chez Pictet Wealth Management. En 2019, les Bourses ont profité de l’assouplissement de la politique monétaire des banques centrales, ce qui a permis de gonfler les multiples de valorisation. Maintenant que les banques centrales ont décidé de marquer une pause, les Bourses dépendent davantage de leurs fondamentaux intrinsèques. La croissance des bénéfices étant limitée dans un contexte de faible croissance économique, la progression des cours devrait rester modérée. Le dividende devient ainsi le principal moteur de performance.

Dividendes : où trouver les meilleurs rendements?

Risques et opportunités des dividendes très élevés

La consigne demeure invariablement de ” privilégier les dividendes de qualité “. Concrètement, cela signifie qu’il ne faut pas vous précipiter sur les actions offrant les rendements les plus élevés. D’une part, le rendement peut être dopé temporairement par un dividende exceptionnel comme certaines sociétés le font lorsqu’elles revendent une activité ou pour une occasion spéciale, à l’instar de Moury Construct qui avait doublé son dividende pour son centenaire. D’autre part, un rendement particulièrement élevé traduit souvent la crainte des marchés que le niveau de dividende n’est pas pérenne.

Cette prophétie est souvent autoréalisatrice. Plus le titre baisse, plus les marchés doutent que le dividende soit tenable. In fine, l’entreprise est incitée à réduire son dividende et quand elle passe à l’acte, cela rassure les marchés. Comme l’illustre le cas Vodafone. Son rendement de dividende avait dépassé 9% au printemps. Quand le nouveau CEO a annoncé une baisse de 40% du dividende le 14 mai 2019, cela a été accueilli comme une délivrance. Le titre a bondi de 30% au cours des quatre mois qui ont suivi. Financièrement, il n’y avait pourtant pas de péril imminent pour Vodafone. Le groupe devait certes financer le rachat d’actifs dans le câble de Liberty Global, mais son flux de trésorerie libre a bondi de 33% à plus de 4,4 milliards au cours des deux derniers exercices.

Impact de la fiscalité

Plus que pour tout autre placement, la fiscalité n’est pas à négliger lorsque l’on investit dans des actions à dividende. Le coupon représente une importante partie de votre rendement et peut être lourdement taxé. En Belgique, les dividendes sont soumis à un précompte mobilier de 30% avec la possibilité de récupérer le précompte versé sur les 812 premiers euros de dividendes via votre déclaration fiscale. Les exceptions sont devenues très rares, essentiellement les sociétés immobilières de ” santé “, c’est-à-dire Aedifica et Care Property Invest (précompte de 15%), la petite pricaf Quest for Growth.

Si le dividende est versé par une société étrangère, vous devrez y ajouter un prélèvement dans le pays d’origine. Une retenue qui peut atteindre 35%. S’il existe une convention préventive de double imposition, vous pourrez bénéficier d’un taux réduit de 15% (ou 12,8% en France) dans la plupart des grands pays boursiers (Etats-Unis, Allemagne, Suisse, Canada, etc.). En fonction de votre courtier, ce taux réduit peut être accordé automatiquement, après avoir complété un document pour une période définie ou après demande au cas par cas. A noter que ce taux réduit est inutile aux Pays-Bas (retenue de 15%) et au Royaume-Uni (retenue de 0%). Pour la France, le fisc belge a été condamné à plusieurs reprises à déduire la retenue française du précompte payé en Belgique suivant le principe de la quotité forfaitaire d’impôt étranger. Mais le fisc insiste et vous devrez introduire une réclamation pour espérer récupérer un jour le surplus prélevé.

Dividendes : où trouver les meilleurs rendements?

Quelles actions choisir ?

Rares sont les actions offrant encore un rendement de dividende de plus de 5% net. Sur Euronext Bruxelles, c’est essentiellement le cas de bpost, mais le groupe postal voit ses résultats se dégrader et doit investir dans sa filiale américaine active dans les services entourant l’e-commerce. Son coupon pourrait ainsi à nouveau être réduit après la baisse de 41,5% de l’acompte sur dividende annoncée en décembre.

Econocom offre aussi un rendement de plus de 5%, mais quelques bémols sont à signaler. Primo, le coupon n’était pas imposé jusqu’à l’année dernière, car il est versé sous la forme de remboursement de la prime d’émission, le genre d’opération que le fisc regarde d’un oeil de plus en plus critique. Deuxio, le rendement élevé s’explique avant tout par la chute du titre sur fond de résultats décevants et de remous au sein du management.

Pour obtenir un dividende attractif plus pérenne, vous devrez vous tourner essentiellement vers les financières (KBC Ancore, KBC, Ageas) ainsi que les immobilières. Les SIR commerciales offrent tout particulièrement des rendements intéressants, ce qui s’explique notamment par la crainte que l’e-commerce réduise la demande de surfaces commerciales. Le phénomène est déjà visible aux Etats-Unis, mais pas en Europe. Le rendement élevé d’Intervest Offices est lié au vide locatif connu dans les bureaux par la société immobilière, mais ses investissements dans les entrepôts logistiques portent désormais leurs fruits.

A épingler aussi les sociétés d’investissement comme GIMV ou GBL qui ont pris pour habitude de relever régulièrement leur dividende, chaque année même dans le cas du holding de feu Albert Frère ( voir tableau 1).

Secteurs européens à haut rendement

Au niveau international, les actions européennes offrent un rendement de dividende élevé (3,4%) par rapport à la moyenne mondiale (2,4%). Parmi les secteurs les plus généreux, on retrouve l’énergie (5,9%), les télécoms (4,5%), les financières (4,9%). Ces différents secteurs étant exposés à des éléments externes différents (prix de l’énergie, concurrence/réglementation et évolution des taux), un panachage vous permet de répartir les risques. En ayant recours à des fonds indiciels, vous diversifiez aussi vos investissements dans chaque secteur et évitez l’impact du double précompte.

Dans une approche plus individuelle, vous pouvez aussi sélectionner les valeurs individuelles en fonction de leur rendement de dividende et de la fiscalité locale (voir tableaux 2 et 3).

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