E.On redonne des couleurs aux utilities mais…

Il est trop tôt pour crier victoire pour le secteur qui fait encore face à de nombreux défis : crise russe, développement du renouvelable, économie européenne morose et droits d’émission de CO2.

Sur les six premiers mois de l’année, E.On a accusé une chute de 20% de son bénéfice net courant qui ressort toutefois supérieur aux prévisions à 1,53 milliard. En Bourse, le groupe allemand profite également de la confirmation de ses objectifs annuels. Les marchés s’attendent par ailleurs à une amélioration au niveau de la structure du marché allemand de l’électricité, les fournisseurs traditionnels comme E.On devant être rémunéré pour le maintien de capacités destinés à suppléer l’intermittence de la production des énergies renouvelables.

Il serait toutefois prématuré d’en conclure que le groupe allemand, un des plus affectés par la crise du secteur ces dernières années, va pouvoir récupérer les 75% perdus en Bourse depuis début 2008. L’octroi de subsides aux capacités réservées, comme cela se fait déjà dans d’autres pays européens gardées, devrait réduire les pertes liées à certaines centrales (au gaz) ne tournant qu’épisodiquement mais cela ne réglera pas tout. Elles resteront en effet sous-utilisées (la production renouvelable ayant la priorité) et la rentabilité continuera de pâtir de la faiblesse des prix de l’électricité (hors taxes, frais de distribution, etc.) en Europe, l’offre croissante des énergies renouvelables se heurtant à une demande sous pression en raison de la faible conjoncture.

L’élargissement du système des droits d’émission de CO2 aux producteurs d’électricité représente aussi une menace pour le secteur qui a privilégié les centrales au charbon ces dernières années. Selon le patron d’Iberdrola, cela est actuellement rentable, la tonne de CO2 coûtant 6 euros sur le marché, mais un prix de 20 à 30 euros changerait la donne et serait nécessaire si l’Europe souhaite atteindre son objectif d’une réduction de 40% de ses émissions de CO2 à l’horizon 2030.

Par ailleurs, E.On achète 30% à 40% de son gaz au géant russe Gazprom et est donc exposé à l’escalade des tensions entre la Russie et les pays occidentaux.

Cédric Boitte

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