Evitez les devises émergentes

D’après Maarten-Jan Bakkum, Senior Investment Strategist Emerging Markets Equity auprès d’ING Investment Management, les bonnes raisons de fuir les devises émergentes sont nombreuses .

Jusqu’à présent il était de bon ton de pointer du doigt les devises émergentes en les considérant comme un investissement gagnant car ces dernières ne pouvaient que s’apprécier.

Maarten-Jan Bakkum prend le contrepied de cette tendance, considérant que les devises émergentes sont au contraire dans une phase descendante dont il faut se méfier.

Premièrement, la compétitivité des marchés émergents est sous pression depuis quelques années en raison de la rapide croissance salariale (à deux chiffres en Chine et dans plusieurs autres économies émergentes) et des investissements insuffisants en infrastructure (Brésil, Afrique du Sud, Russie). La croissance de la productivité de la main-d’oeuvre reste positive dans la plupart des marchés émergents, mais ces dernières années, elle s’est stabilisée à un faible niveau.

Deuxièmement, le différentiel de croissance entre le monde émergent et les États-Unis ou l’Europe est passé de 7 points de pourcentage en 2009 à environ 4 points aujourd’hui. La tendance de la croissance est actuellement plus favorable aux États-Unis et au Japon que dans la plupart des économies émergentes. Pour les investisseurs des marchés développés, il est désormais moins évident de se tourner vers le monde émergent pour trouver de la croissance. Ces derniers trimestres, la croissance des bénéfices des entreprises est restée à la traîne dans les marchés émergents par rapport aux marchés développés.

Troisièmement, la contraction des surplus courants et l’augmentation des déficits courants, combinées à la forte baisse des flux de capitaux spéculatifs, ont mis fin à la rapide accumulation de réserves de devises étrangères.

Quatrièmement, le profil de risque relatif des marchés émergents vis-à-vis des marchés développés a également commencé à se modifier compte tenu de l’élargissement des déficits courants et budgétaires dans plusieurs pays importants (l’Afrique du Sud et l’Indonésie affichent la pire dynamique), de la hausse rapide des ratios d’endettement après 2008 (en particulier en Chine, mais aussi en Inde et au Brésil) et de l’inflation persistante en raison de politiques économiques trop souples ou erronées (Afrique du Sud, Inde, Brésil).

Le risque d’un événement macroéconomique négatif quelque part dans le monde émergent a clairement augmenté au cours de ces dernières années. Il s’agit de l’une des raisons expliquant le déclin des flux de capitaux vers les marchés émergents depuis l’été 2011.

Et cinquièmement, les perspectives pour les prix des matières premières se sont détériorées dans le sillage de la probabilité accrue d’un ralentissement structurel en Chine. Un repli de la demande mondiale de matières premières, ou du moins un ralentissement de la croissance de la demande, a d’importantes implications pour les balances des paiements et les budgets gouvernementaux de l’ensemble du monde émergent. Ceci fait disparaître une grande partie du potentiel haussier des devises émergentes, en particulier en Amérique du Sud, en Europe de l’Est et en Afrique.

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