Faut-il investir comme les activistes ?

Carl Icahn © Reuters

Très présents aux États-Unis depuis l’éclatement de la crise, les investisseurs activistes ont récemment essaimé en Europe. Une traversée de l’Atlantique qui leur a permis de s’assagir et d’en revenir aux fondamentaux pour le bien de tous les actionnaires.

Entre 2008 et 2015, le poids des investisseurs activistes a plus que quadruplé aux États-Unis pour dépasser les 120 milliards de dollars alors que ces hedge funds quasiment doubler la mise en 5 ans. Cet afflux de capitaux a toutefois tari les opportunités. L’année dernière, Pershing Square, hedge fund du célèbre Bill Ackman, a ainsi dû se résoudre à miser sur Mondelez, déjà pris pour cible depuis plus de deux par un autre investisseur activiste de premier plan, Nelson Peltz. Progressivement, les relations entre activistes et dirigeants se sont également dégradées. Plusieurs activistes ont ainsi personnellement ciblé des CEO en place, Paul Singer d’Eliott Management ayant par exemple eu la tête du PDG d’Arconic (issu de la scission d’Alcoa) en ce début de semaine.

Des résultats en berne

Plus inquiétant pour les investisseurs (et actionnaires de sociétés ciblées), les performances sont devenues moins brillantes. Le fonds 13D Activist, qui suit les principaux paris des investisseurs activistes sur Wall Street, affiche ainsi une maigre progression de 5% ces deux dernières années, contre 16% pour l’indice phare S&P 500 (en tenant compte des dividendes). La réputation des activistes a également été malmenée par le scandale Valeant. Ce géant pharmaceutique canadien bâti à coups d’acquisitions s’est écroulé en Bourse à la suite d’enquêtes sur ses pratiques comptables et de fixation des prix de certains médicaments. La petite société Citron Research avait dévoilé le pot-aux-roses dès l’automne 2015, quelques mois après la déclaration de participation de Pershing Square mais ce n’est que récemment que Bill Ackman a admis son erreur, vendant la position avec plus de 90% et 3 milliards de dollars de pertes.

Un activisme européen

Les activistes ont par contre trouvé un terreau plus fertile en Europe avec à la fois des valorisations moins élevées, des entreprises souvent plus ankylosées et une concurrence nettement moindre entre investisseurs. Ils ont également développé un activisme plus collaboratif, accompagnant davantage le mangement de la société ciblée et n’usant des critiques publiques ou des actions en justice qu’en dernier recours, contrairement à Carl Icahn ou Bill Ackman qui ne manquent pas une occasion de s’épancher dans la presse aux États-Unis.

Des résultats probants

Sur les deux dernières années, 164 sociétés européennes ont été ciblées (publiquement) par des activistes. Les résultats sont plutôt probants comme l’illustre notamment l’exemple Adidas. L’activiste américain Mason Hawkins, le milliardaire égyptien Nassef Sawiris et GBL ont accompagné la restructuration de l’équipementier sportif allemand dont les profits se sont envolés et le cours a plus que triplé depuis le début de l’année 2015. Des activistes sont également intervenus pour forcer AB InBev à (légèrement) relever son offre de rachat de SAB Miller. En France, ils ont poussé des groupes comme Nexans, Rexel et Casino à accélérer leur stratégie, contraint Vivendi à revaloriser son dividende et tentent de faire valoir les droits des actionnaires d’Euro Disney (face à l’OPA de Walt Disney).

De BHP Billiton à GBL

Actuellement, les investisseurs activistes ciblent notamment le motoriste britannique Rolls Royce, le groupe industriel suisse ABB, le sidérurgiste allemand ThyssenKrupp, le géant minier BHP Billiton (approché assez agressivement par le fonds américain Elliott), le groupe chimique néerlandais Akzo Nobel ou le gestionnaire d’actifs suisse GAM. La holding GBL peut également intéresser les investisseurs voulant miser sur un activisme “pacifique”, la refonte du portefeuille -avec les ventes des importantes participations dans Engie et Total- ayant permis à la holding d’à nouveau peser sur la stratégie des sociétés dans lesquelles elle investit à l’image de la fusion de Lafarge avec Holcim, de la restructuration chez Adidas ou du développement d’Imerys.

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