Fonds flexibles: quand la souplesse limite les risques

Les fonds "value", une stratégie sur laquelle compter quand l'inflation se prolonge.. © iStock

Utiliser un fonds flexible permet de déléguer les décisions d’allocation entre les classes d’actifs à un gestionnaire expérimenté qui pourra réagir rapidement. Par le passé, ils ont démontré leur capacité à protéger le patrimoine des investisseurs.

En Belgique, les fonds flexibles ont démontré leur capacité à traverser les crises financières majeures. Carmignac Patrimoine a ainsi basé sa réputation sur sa capacité à avoir pu totalement protéger le patrimoine de ses clients durant la crise de 2008, et des produits comme Flossbach von Storch Multiple Opportunities, BL-Global Flexible ou encore R-Valor sont aujourd’hui à la base de l’allocation patrimoniale de nombreux particuliers.

Dans les conditions actuelles du marché, là où l’épargne en cash entraîne une perte certaine du pouvoir d’achat, les fonds mixtes flexibles demeurent également une option attractive par leur capacité à participer aux mouvements de hausse, mais tout en offrant une protection en cas de baisse. “Lorsque la volatilité augmente sur les marchés financiers, les investisseurs ont tendance à devenir nerveux, et à vendre au mauvais moment. Et même s’ils vendent au bon moment, peu parviennent à revenir sur les marchés et à profiter du mouvement de rebond. C’est dans ce domaine que réside notre expertise”, indique Bert Flossbach, fondateur de Flossbach von Storch et gestionnaire de fonds.

La volatilité des marchés financiers est généralement positive pour la performance d’une approche flexible.

Christoph Schmidt (DWS)

D’autres gestionnaires des produits flexibles font de même, utilisant un grand éventail de solutions pour protéger la performance de leur stratégie: relever le niveau des liquidités dans le portefeuille, ouvrir des positions sur l’or, mettre en place des couvertures pour protéger la valeur en cas de baisse, investir davantage sur les sociétés de qualité qui souffrent généralement moins lors des mouvements de ventes, utiliser des classes alternatives (infrastructure, etc)…

Christoph Schmidt, gestionnaire de portefeuilles flexibles chez DWS, indique ainsi qu’il profite des phases de faible volatilité pour réduire les risques, afin de disposer de réserves pour les phases plus turbulentes. “En mars 2020, nous avions un positionnement faiblement risqué lors du déclenchement de la crise, et avons profité du mouvement de vente pour augmenter substantiellement l’exposition sur les actions, de sorte que nous avons pu profiter pleinement du rebond. La volatilité des marchés financiers est généralement positive pour la performance d’une approche flexible”.

“La multiplication des produits financiers et les crises financières de ces dernières années ont rendu l’environnement moins lisible pour les investisseurs, tempère Thomas Péan, head of sales Belux chez DNCA Finance. Voilà pourquoi il faut bien choisir son fonds flexible, car certains produits baisseront malgré tout fortement si une correction se produit.”

“Il existe une multitude de stratégies flexibles, certaines plus orientées sur les actions pour participer davantage aux mouvements de hausse, tandis que d’autres visent à limiter les reculs sur les marchés, avec moins d’actions en portefeuilles, indique Knut Huys, fund of funds manager chez Deutsche Bank). Si vous voulez limiter l’impact des corrections, c’est cette dernière catégorie qu’il faut privilégier.”

Large gamme de rigueur

Pour Charles-Henri Kerkhove, investment director chez Fidelity International, “il faut privilégier les fonds qui disposent de marges assez larges pour investir entre les différentes classes d’actifs, car des contraintes trop étroites auront tendance à limiter la capacité du gestionnaire de positionner sa stratégie de manière optimale”. Le gestionnaire apprécie également les fonds flexibles qui peuvent s’exposer sur une très large gamme de classes d’actifs et de produits. “La différence de performances entre la dette à haut rendement européenne et asiatique depuis le début de l’année prouve la nécessité d’avoir une diversification aussi granulaire que possible. Il ne faut pas non plus négliger la possibilité de s’exposer sur les classes alternatives (infrastructures, leasing, etc.), qui offrent une vraie capacité de désynchronisation par rapport aux actions et aux obligations.”

Il faut privilégier les fonds qui disposent de marges assez larges pour investir entre les différentes classes d’actifs.”

Charles-Henri Kerkhove (Fidelity International)

Dans un contexte de pressions inflationnistes et de hausse des taux, la performance des fonds flexibles fortement exposés sur les marchés obligataires pourrait en effet être mise sous pression et ne plus jouer le rôle défensif qu’ils ont joué lors des précédentes corrections, notamment en 2008 et 2011. Olivier de Berranger, directeur de la gestion d’actifs chez La Financière de l’Echiquier et gestionnaire du fonds flexible Echiquier ARTY, souligne toutefois que sa poche obligataire parvient à générer un rendement positif alors même que le marché souverain offre des rendements négatifs sur la même période. “Nous diversifions cette poche sur les obligations convertibles ou sur la dette subordonnée financière et hybride. Nous adoptons également des durations courtes afin de limiter l’impact d’une hausse des taux”.

Dans le cadre du fonds Lazard Patrimoine SRI, Matthieu Grouès, responsable de la gestion institutionnelle chez Lazard Frères Gestion, évite lui aussi la dette souveraine et privilégie des durations courtes ou négatives pour profiter d’un mouvement de hausse sur les taux. “Sur les marchés des actions, nous avons une préférence pour les secteurs susceptibles de bénéficier d’un contexte de taux plus élevés, à commencer par les banques européennes.”

Quel profil de risque?

Notez qu’avant d’acheter un fonds flexible, il convient de bien vérifier s’il correspond au profil de risque recherché. Certains gestionnaires sont également plus réactifs que d’autres, et certaines équipes ont déjà traversé plusieurs crises majeures tandis que d’autres ont été constituées plus récemment. “En général, nous conseillons de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier et de diversifier sur plusieurs fonds complémentaires”, indique Dries Stragier, senior fund specialist chez BNP Paribas Fortis).

Knut Huys (Deutsche Bank) recommande également de diversifier entre différents styles. “Nous proposons un produit comme Private Invest Best Managers qui investit dans plusieurs grands fonds mixtes flexibles, ce qui permet de ne pas se retrouver coincé dans un fonds qui réaliserait une performance décevante. Notre produit s’est ainsi toujours fait remarquer dans des conditions de marchés plus difficiles, que ce soit en 2011, 2016 ou 2020.”

Un gestionnaire comme Capital Group propose une approche similaire puisque chaque fonds est géré par plusieurs gestionnaires qui auront une liberté totale dans la politique d’investissement menée dans la partie des actifs qui leur est allouée. “La diversité des approches dans la gestion de notre fonds flexible Capital Group Global Allocation permet un double niveau de diversification de notre portefeuille. C’est un vrai facteur de différentiation par rapport à nos concurrents“, estime Julie Dickson, investment director chez Capital Group.

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