Investir: le changement climatique est aussi une opportunité

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Les performances ont enregistré un redressement notable depuis le début de l’année.

Les effets du changement climatique sont désormais ressentis par un nombre croissant de personnes autour du monde. Et dans le monde de l’investissement, les produits permettant de s’exposer sur cette thématique constituent désormais un secteur thématique à part entière, avec sept produits commercialisés. Trois produits dominent assez largement cette catégorie, avec des actifs sous gestion qui se comptent en centaines de millions d’euros et des notations Morningstar de quatre étoiles justifiées par des performances annualisées supérieures à 11% sur la dernière décennie. Ces trois fonds se caractérisent également par des équipes de gestion expérimentées, les gestionnaires étant à la tête de ces produits depuis plus de 10 ans. L’année 2018 a été plus difficile pour ces fonds, mais ils ont enregistré un rebond notable depuis le début de l’année, avec une progression moyenne de 13,7% depuis le début janvier.

Meilleure utilisation

Le premier est Nordea 1 – Global Climate Change and Environment, avec une performance annualisée supérieure à 12% sur les trois dernières années, avec également la volatilité la plus importante de ce groupe de produits. ” Nous nous exposons sur les entreprises axées sur les solutions aux problèmes qui se posent actuellement à nos sociétés “, souligne Henning Padberg, cogestionnaire du fonds depuis sa création. L’allocation sera concentrée sur une cinquantaine de positions, avec plus de 50% des actifs sous gestion exposés sur le marché américain.

” Notre stratégie d’investissement visera plus spécifiquement les sociétés qui permettent une meilleure utilisation des ressources, un segment qui représente la grosse majorité des actifs sous gestion, le solde étant exposé sur les entreprises favorisant une meilleure protection de l’environnement et dans les producteurs d’énergies alternatives “, explique l’expert. Les plus importantes positions du portefeuille pèsent environ 3% des actifs sous gestion, avec une sélection qui fera la part belle aux moyennes capitalisations ” qui sont mieux positionnées pour profiter des opportunités qui se présentent à l’heure actuelle “. Henning Padberg souligne également que le marché éprouve souvent des difficultés à valoriser de manière adéquate la rentabilité future de ces petites sociétés.

Objectifs globaux

Le second fonds est Schroders ISF Global Climate Change, géré par Simon Webber depuis plus de 10 ans. ” Les changements réglementaires ont permis d’améliorer sensiblement la rentabilité des énergies renouvelables, et les formes traditionnelles de production d’énergie vont progressivement devenir de moins en moins concurrentielles, précise le gestionnaire. Nous sommes aujourd’hui à un point d’inflexion avant d’assister à une accélération de cette transition énergétique. ” Simon Webber constate à ce titre que les besoins restent importants, avec des capacités en termes d’énergies renouvelables qui restent encore loin des besoins à l’horizon 2050.

De même, il estime que le marché des voitures est aujourd’hui à la veille d’une modification radicale en faveur des voitures électriques, avec notamment des besoins en investissements qui restent massifs, notamment pour produire suffisamment de batteries, soit de 300 à 400 milliards de dollars. ” Les analystes éprouvent généralement beaucoup de difficultés à valoriser correctement ces opportunités, et notre but sera justement d’identifier les sociétés qui seront exposées sur ces opportunités de croissance “, rapporte Simon Webber.

” Tous les aspects d’une valorisation fondamentale vont être affectés par les changements climatiques, poursuit-il. Dans notre fonds, nous essayons d’assembler un ensemble de sociétés qui feront parties de la solution aux défis de nos sociétés actuelles. Elles sont généralement en train d’enregistrer une accélération de leurs perspectives de croissance. ” Le portefeuille sera composé d’une soixantaine de positions, avec un taux de rotation qui tournera autour de 30% par an. Il souligne également que les actifs sous gestion ont enregistré une forte progression durant les deux dernières années. ” Les investisseurs institutionnels commencent à s’intéresser à ces thématiques, même si la majorité des nos encours sous gestion proviennent encore d’investisseurs privés “, ajoute Simon Webber.

Investir: le changement climatique est aussi une opportunité

Equipe expérimentée

Le troisième produit est Parvest Climate Impact Classic, un produit géré par la filiale thématique de BNP Paribas Asset Management. Bruce Jenkyn-Jones et Jon Foster disposent chacun d’une expérience supérieure à 20 ans dans le domaine des investissements environnementaux, et sont à la tête de ce produit depuis sa création en 2006. La philosophie d’investissement se base sur une sélection fondamentale de sociétés de croissance, à condition qu’elles dégagent au moins 50% de leur activité dans un des quatre domaines suivants : la distribution d’eau, les énergies renouvelables, la meilleure utilisation des ressources et l’alimentation durable.

Dans sa dernière étude consacrée à ce produit, Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, soulignait que ” le processus d’investissement de Parvest Climate Impact Classic a bien servi les investisseurs, et nous pensons que ce fonds reste une bonne proposition dans le domaine des investissements environnementaux. Les investisseurs doivent toutefois être conscients des risques liés à des investissements de croissance sur des sociétés parfois moins liquides, et qui sont prêts à payer les commissions de gestion élevées prélevées sur ce produit “.

Impact ressenti

Le segment des fonds exposés sur le changement climatique a récemment vu l’arrivée de CPR Invest Climate Action, un produit lancé à la fin de l’année dernière par CPR Asset Management (Amundi) en collaboration avec CDP, une ONG internationale qui pousse les entreprises à adopter des pratiques plus durables en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de consommation d’eau ou de gestion des déchets.

Arnaud Faller, directeur des investissements chez CPR Asset Management, souligne que ” les catastrophes climatiques ont déjà commencé à avoir des impacts négatifs “, et de citer à titre d’exemple la faiblesse du niveau du Rhin durant l’été 2018 qui a coûté entre 0,1 et 0,2% du PIB allemand. ” La baisse du potentiel de croissance va limiter la capacité de remboursement des Etats, et va donc indirectement impacter la politique monétaire de nombreux pays durant les prochaines années, explique le professionnel. En tant que gestionnaire d’actifs financiers, il n’est aujourd’hui plus possible d’ignorer ces risques. ”

Gouvernance

Le fonds propose une exposition sur tous les secteurs et tous les pays, en donnant la priorité aux sociétés qui adoptent les meilleures pratiques, une sélection opérée par l’application d’un filtre ESG. ” Il faut aller au-delà de la moyenne, et ne pas récompenser les sociétés qui compensent une mauvaise gouvernance par de bonnes pratiques sociales, indique encore Arnaud Faller. Ce filtre ESG apliqué sur l’univers de l’indice MSCI EMU a permis de démontrer une sur-performance de 0,5% sur la période allant de 2000 à 2017.

Une fois que le tri ESG aura permis de retenir environ 700 sociétés sur un univers d’investissement de 2.700 valeurs, les gestionnaires de CPR AM procèdent à une sélection financière plus classique afin d’obtenir un portefeuille équilibré au niveau géographique et sectoriel, qui comportera entre 80 et 90 valeurs, ” y compris les actions du secteur énergie qui font partie de la solution dans la bataille contre le réchauffement climatique “.

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