Danny Reweghs

L’économie mondiale n’est pas prête pour des taux d’intérêts élevés

Danny Reweghs Journaliste

Après un brillant début de l’année boursière 2015, les bourses n’ont plus connu d’accalmie depuis le printemps. La Grèce d’abord, la Chine ensuite, constituent un véritable fléau pour les marchés des actions.

Au cours des dernières semaines, la plupart des indices boursiers ont connu des chutes de l’ordre de 10%, on peut donc officiellement parler de ‘correction’. Beaucoup d’éléments démontrent toutefois que cette correction intermédiaire arrive à sa fin.

Les investisseurs se sont habitués, au cours des dernières années, à bien se préparer aux décisions des banques centrales qui sont devenues un facteur de plus en plus déterminant pour le marché boursier. Ils ne tolèrent plus les revirements inattendus.

La guerre des devises

Pour la deuxième fois cette année, une banque centrale agit de manière inattendue. La première fois, en début d’année, la banque centrale suisse décidait d’abandonner de manière totalement inattendue le plafond de 1,20 franc suisse (CHF) pour 1 euro (EUR). L’analyse de l’époque était que la banque centrale suisse voulait anticiper la décision de la Banque Centrale Européenne (BCE) de commencer un programme d’achat d’obligations (d’état).

Cette fois-ci, c’est la Chine qui a surpris les marchés.

Le pays a abandonné la très ancienne tradition de lier sa monnaie, le yuan (CNY) – aussi appelé renminbi (RMB) – au dollar américain (USD). Il s’agit de facto d’une dévaluation du yuan par rapport au dollar. C’est une anticipation évidente sur la première remontée des taux de la part la banque centrale américaine (Fed), remontée attendue dans le courant de cette année. Les observateurs sont également convaincus que la Chine est le prochain pays à se lancer dans la guerre internationale des devises.

Une correction, pas un crash

Si cette forte chute a un côté dérangeant, elle offre d’autre part des opportunités même si on malgré tout remarqué un vent de panique parmi les investisseurs.

La Chine a incarné, au cours de la dernière décennie, une garantie de croissance et de succès. Le fait que cela ne soit plus le cas maintenant a manifestement inspiré une crainte excessive ; certains investisseurs envisageaient même de tout vendre.

En outre, il subsiste un manque cruel de solutions de rechange. Les doutes concernant la Chine et la croissance de l’économie mondiale signifient que nous ne devons toujours pas craindre une remontée rapide des taux d’intérêt. L’économie mondiale n’est pas prête pour ça.

La question est de savoir si l’action de la banque centrale chinoise n’a pas embrouillé les plans de la Fed. La banque centrale américaine s’apprêtait visiblement, lors de sa prochaine réunion (17 septembre), à effectuer la première hausse des taux depuis 2006. Mais cela n’est plus aussi sûr maintenant car aux Etats-Unis aussi, on voit de plus en plus de signes que la conjoncture économique s’affaiblit. Cela signifie que les taux d’intérêt ne constituent toujours pas une menace pour les marchés des actions.

‘Come back in September’

Cela doit aussi spontanément nous faire penser au dicton le plus célèbre de l’investissement: “Sell in May and go away” (Vendez en mai et partez).

Ce dicton boursier doit cependant être complété par “but remember to come back in September” (mais n’oubliez pas de revenir en septembre).

Différentes études montrent qu’il y a bien un noyau de vérité dans ce dicton. On dispose même de données historiques pour Wall Street depuis la fin du 19e siècle. Il apparaît que le return moyen de cette période comprise entre mai et août oscille entre un rendement nul et 1,9%, suivant l’étude et la période. Ce qui est en dessous de celui de la période entre septembre et avril, où les rendements moyens sur plus de cent ans se situent entre 6 et 7%.

Mais ce n’est pas pour autant que la période entre mai et août est systématiquement synonyme de déception pour les investisseurs boursiers.

Jusqu’à présent, nous pouvons constater que la sagesse du marché boursier s’applique parfaitement pour 2015. Particulièrement pour les marchés boursiers européens.

Entre septembre de l’an dernier et avril de cette année, l’indice Eurostoxx50 a grimpé de 15%.

Entre début mai et la semaine dernière, ce même baromètre a chuté de 8%.

Les investisseurs en actions seront donc soulagés avec le démarrage de l’année scolaire.

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