L'”impact investing” est appelé à grandir

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NN IP reste une référence du Benelux dans le domaine de l’investissement durable.

L’investissement socialement responsable (ISR) est un thème à la mode auprès de nombreux gestionnaires d’actifs, et tous se doivent aujourd’hui de proposer une stratégie durable dans la gestion de leurs portefeuilles. Cette tendance est accentuée par la pression réglementaire exercée par de nombreux pays européens. ” Notre expertise sur les fonds durables remonte au milieu des années 1990, rappelle Hester Borrie, chief client officer chez NN Investment Partners. C’est une expertise qui fait désormais partie de notre ADN. ”

Gouvernance

” Nous avons aujourd’hui plus d’une centaine de personnes qui s’occupent de mettre en place les différents aspects de la gestion durable de nos portefeuilles. Ils réalisent notamment plus de 500 réunions par an avec les entreprises, indique Faryda Lindeman, seniorresponsible investment specialist chez NN IP. Nous offrons aujourd’hui une large gamme de stratégies durables, qui vont des stratégies basées sur des facteurs ESG vers des politiques actives en termes d’impact. ”

Selon une étude réalisée avec l’université de Maastricht, investir de manière durable ne porterait pas atteinte à la performance des portefeuilles. ” La gouvernance est le critère qui semble avoir le plus d’impact sur le long terme, souligne encore Faryda Lindeman. Lorsque la tête n’est pas bonne, il est peu probable que le reste du corps se comporte correctement. La culture interne d’une société peut être extrêmement préjudiciable pour sa performance sur le long terme. ”

Ajusté du risque

Faryda Lindeman explique également qu’investir sur base de facteurs ESG permet de dégager une performance favorable en termes de performance ajustée du risque. ” L’utilisation de ces critères va permettre d’inclure plus de risques potentiels dans votre sélection de titres “, dit-elle. La gestionnaire souligne que de nombreuses sociétés ne sont pas encore prêtes à placer ce genre de politique environnementale parmi leurs priorités, d’où la nécessité de poursuivre une politique d’engagement active.

Elle pointe également des thèmes émergents au niveau des investissements durables, qui pourraient être davantage mis en avant durant les prochaines années, notamment le rôle du secteur financier dans le financement d’activités controversées, les mauvaises habitudes alimentaires, l’utilisation des antibiotiques ou le recyclage du plastique et d’autres matières premières.

Impact

” Lors du lancement des 17 objectifs d’investissement durable des Nations unies, nous avons rapidement vu l’opportunité de lancer une stratégie visant à avoir un impact positif sur ces différents critères “, explique Huub van der Riet, gestionnaire principal du fonds NN Global Equity Impact Opportunities. Plus particulièrement, nous nous sommes intéressés au développement des énergies renouvelables, ainsi qu’à la consommation responsable. Environ 70% de nos actifs sous gestion seront exposés directement sur ces deux critères.”

Le portefeuille de 500 millions d’euros est réparti dans trois grands groupes : 21 sociétés sur la population (inclusion financière, accès aux soins de santé, etc.), 13 sur la planète (économie circulaire, eau potable, transition énergétique) et 12 sur la prospérité (objectif sociaux, éducation) ; soit un total légèrement inférieur à 50 sociétés dans le portefeuille. Le gestionnaire vise un taux de rotation tournant autour de 20 à 30% des actifs sous gestion, investis largement dans des moyennes capitalisations.

Forte croissance

Huub van der Riet souligne également que les sociétés à impact ont souvent tendance à afficher une croissance plus rapide que les groupes traditionnels, et à leur prendre des parts de marché. Depuis le lancement de cette stratégie sur le marché néerlandais (en octobre 2016), le fonds a dégagé une performance annualisée supérieure à 10% avec des mesures d’impact très favorables sur pratiquement tous les objectifs d’investissement durable.

” Dans notre fonds, nous recherchons activement les sociétés qui vont apporter des solutions aux problèmes de nos sociétés, pas nécessairement celles qui émettent le moins de carbone, indique Huub van der Riet. C’est une différence fondamentalement entre l’investissement sur base des critères ESG et l’ impact investing. Ce dernier reste encore marginal, et les actifs sous gestion représentent encore moins d’1% des actifs sous gestion gérés globalement par l’industrie des fonds. Pour autant, tous les gestionnaires sont aujourd’hui en train de regarder ce segment, dont l’importance devrait augmenter considérablement durant les prochaines années. ”

Nouveau fonds impact chez M&G

M&G a lancé à la fin 2018 son propre fonds dans le domaine de l’ impact investing (M&G Positive Impact), un produit géré par le Danois John William Olsen. Le portefeuille sera extrêmement concentré, avec une trentaine de valeurs en portefeuille, avec des noms tels qu’AIA Group, HDFC Bank, Novo Nordisk, Fresenius, Ansys, IPG Photonics ou Agilent. ” Notre portefeuille aura des biais vers les petites et moyennes capitalisations ainsi que vers les pays émergents, car c’est dans ces régions que les politiques d’impact auront le plus d’effet “, indique John William Olsen. Au niveau sectoriel, ce seront les soins de santé qui ressortiront gagnants de cette analyse d’impact, mais également les secteurs industriels (baisse des émissions de CO2) ou les technologiques.

” Pour mesurer l’impact d’une société, nous utiliserons essentiellement des critères sociaux ou environnementaux que nous adapterons selon les entreprises ou les secteurs, poursuit le gestionnaire. Dans la plupart des cas, nous opterons pour des sociétés dont l’impact positif concerne près de 100% du chiffre d’affaires. Notre processus de sélection sera extrêmement sévère, et notre taux de rotation des positifs sera logiquement très faible. ” M&G cherchera d’ailleurs à recevoir le label de durabilité belge pour la commercialisation de ce produit.

Etude sur les facteurs ESG

La Financière de l’Echiquier a récemment publié une étude détaillant l’impact des différents critères ESG sur la performance financière d’environ 500 entreprises détenues dans les portefeuilles de ses gestionnaires. Cette étude montre que les 40 sociétés ayant obtenu les meilleures notes ESG (pondérées à 60% sur les facteurs de gouvernance) ont réalisé une performance de 192% sur les neuf dernières années, contre seulement 84% pour les 40 sociétés ayant obtenu les plus mauvaises notes. Sonia Fasolo, gestionnaire de fonds ISR chez LFDE, convient toutefois qu’il existe un biais de sélection, vu que cette étude ” ne concerne que les sociétés pour lesquelles nos gestionnaires ont marqué un intérêt, et nous avons plutôt un biais vers les petites et moyennes capitalisations de croissance “.

Cette étude s’est également intéressée aux performances relatives des autres facteurs ESG. Pris isolément, les facteurs sociaux ont dégagé les plus fortes performances parmi les sociétés de notre échantillon. Inversement, les entreprises qui affichent une mauvaise gouvernance constituent le sous-groupe qui a historiquement dégagé le pire résultat. ” Pour dégager une performance positive sur le long terme, il semble que les sociétés avec une mauvaise gouvernance doivent être évitées à tout prix “, précise Sonia Fasolo. En outre, l’étude met également en évidence le fait que les différents facteurs pris isolément ne sont pas parvenus à dégager une performance supérieure à la performance du portefeuille combinant les meilleurs notes sur les trois facteurs ESG, ” ce qui valide le fait que combiner les trois types de facteurs reste préférable “.

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