La Chine relance la guerre des monnaies

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En opérant deux dévaluation en 2 jours, la Chine tente de relancer son économie mais risque de fragiliser davantage son système financier et menace la planète d’une nouvelle guerre des monnaies.

Une double dévaluation

En abaissant de près de 2% la valeur du yuan en dollars ce mardi, la banque centrale chinoise (PBOC) évoquait un ajustement exceptionnelle destiné à ramener la valeur de la monnaie chinoise à un niveau “raisonnable”. De nombreux observateurs pointaient toutefois la coïncidence avec l’annonce ce week-end d’une nouvelle baisse des exportations et estimaient que cela n’effacera pas la perte de compétitivité de la Chine liée à la hausse des salaires et à l’appréciation de plus de 20% du dollar. La nouvelle chute de 2% du yuan ce mercredi ne surprend donc guère même si elle pourrait marque le début d’une nouvelle guerre des monnaies selon Simon Derrick, spécialiste du marché des changes chez Bank of New York Mellon.

La boîte de Pandore

En ouvrant la “boîte de Pandore”, dixit JP Morgan Chase, la PBOC pourrait inciter d’autres banques centrales à prendre de nouvelles mesures afin d’affaiblir leur monnaie. La Réserve fédérale américaine a d’ores et déjà indiqué qu’elle surveillerait les développements internationaux avant d’éventuellement relever ses taux. De nombreux économistes estiment ainsi qu’il n’y a pas de gagnants dans une guerre des monnaies, chacun fragilisant sa propre devise, mais cela affecte l’économie mondiale, les échanges internationaux étant notamment plombés par la volatilité accrue des taux de change.

Déflation généralisée

En dépréciant le yuan, la PBOC apaise quelque peu les craintes de déflation en Chine, les prix à la production (à la sortie de l’usine) y reculant depuis février 2012. Menace qu’elle exporte dans le reste du monde, le recul du yuan réduisant les prix des biens importés de Chine et pesant sur le cours des matières premières.

Fuite des capitaux

Enfin, la dépréciation du yuan risque de déstabiliser son système financier. Selon Bloomberg Intelligence, chaque baisse de 1% du yuan engendre une fuite de capitaux de Chine 40 milliards de dollars, un mouvement qui risque de s’emballer faute d’interventions. Or, les banques chinoises sont déjà fragilisées par une accumulation de créances douteuses qui ont plus que doublé en un an pour représenter 1,82% des crédits bancaires fin juin.

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